Covid-19 : ces thérapies qui permettent de combattre les pertes d’odorat<!-- --> | Atlantico.fr
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Un exemple de rééducation à l'odorat par les huiles essentielles.
Un exemple de rééducation à l'odorat par les huiles essentielles.
©JOEL SAGET / AFP

Médecine de crise

L'un des symptômes les plus connus à la Covid-19 reste la perte d'odorat et chez certains patients cela peut durer longtemps. Heureusement des traitements comme l'entraînement aux odeurs permet d'y remédier.

Justin Michel

Justin Michel

Michel Justin est professeur des universités et praticien hospitalier spécialisé dans les pathologies des sinus et de la base du crâne ainsi que la chirurgie reconstructrice esthétique et fonctionnelle de la face et du coup.

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Atlantico.fr : Lexplosion des cas danosmie causés par la Covid-19 a révélé limportance des thérapies pour permettre aux personnes touchées de recouvrer lodorat. Quel est l’état de la pratique de ces thérapies et quelles sont leurs efficacités à lheure actuelle ?  

Dr Justin Michel : Tout d’abord, il faut comprendre les mécanismes en oeuvre lorsque l’on perd l’odorat suite à une infection à la Covid-19. En premier lieu, la perte de l’odorat peut être due à une obstruction nasale. Le nez est bouché et les odeurs ne peuvent plus accéder à la zone de détection. Dans ce cas on récupère l’odorat cinq à dix jours après. Ensuite, il y a un deuxième type de perte d’odorat, plus sérieuse, qui dure plus longtemps. Elle est liée au fait que les neurones de l’odorat sont détruits par une infection au virus. On pense que c’est un mécanisme de protection cérébrale. Pour éviter que le virus entre dans la boîte crânienne, l’organisme « coupe les ponts » et supprime les petits nerfs. Heureusement, dans la muqueuse de l’odorat, il y a des cellules souches capables de donner naissance à des nouveaux neurones. C’est le seul endroit de l’organisme, connu à ce jour, où les neurones peuvent repousser, mais pour qu’ils repoussent, il faut les stimuler. 

La rééducation de l’odorat est importante car elle aide à la repousse des neurones. Lors de ce travail, il va falloir associer les nouvelles perceptions de ces neurones aux souvenirs que l’on a des odeurs. L’entraînement de l’odorat est un auto-entrainement, il peut se faire seul chez soi. Il faut sélectionner des odeurs et les sentir quelques secondes chacune en lisant le nom de l’odeur. Il faut essayer de ramener dans sa mémoire les souvenirs liés à cette odeur. Se demander par exemple ce qu’évoque la vanille ou le café.

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Ces protocoles ne sont pas récents et datent des années 1990. Certains diront qu’il faut quatre huiles essentielles concentrées. Quand on n’a pas de perception, prendre des huiles essentielles concentrées est une piste intéressante. Si l’on n’a plus d’odorat, la concentration va aider à la stimulation des neurones plus rapidement. Néanmoins, un problème se pose avec les huiles essentielles concentrées car cela ne correspond pas à l’odeur que l’on connait. Lorsque l’on prend l’exemple de la lavande, l’huile essentielle ne correspond pas à l’odeur des petits sachets de lavande que votre grand-mère mettait dans ses placards. 

Une fois que sa détection est quelque peu revenue, on peut prendre des odeurs plus conventionnelles et dont on a l’habitude. Durant la rééducation, il faut faire un travail de souvenir et de mémorisation. Cela ne sert à rien de le faire à l’aveugle et de deviner ce qu’il y a dedans. Il faut sentir et lire, en même temps, le nom de l’odeur. La zone de l’odorat est la voisine immédiate de la zone de la mémoire. C’est ce que Proust rappelle avec sa madeleine. Ici, il faut se servir du lien entre mémoire et odorat mais dans l’autre sens. 

Est-ce aujourd’hui la méthode la plus efficace ? 

Il est possible de faire des soins locaux. Un lavage de nez pour enlever le mucus présent en excès ou de prendre des médicaments anti-inflammatoires dans le nez. L’ORL peut prescrire cela lorsque l’on n’est plus contagieux de la Covid, soit 10 à 15 jours après un PCR positif. Cependant si la perte de l’odorat dure au-delà de 15 jours, 3 semaines, un mois, il va falloir faire de la rééducation. 

À quel moment doit-on commencer ces thérapies ?

Normalement, 15 jours après la Covid, on devrait avoir récupéré l’odorat. Si cela n’a pas été récupéré, il faut faire une rééducation, mais rien n’interdit de la faire plus tôt. Pour un patient inquiet, pour lequel la perte de l’odorat se traduit par un fort retentissement psychologique, il faut commencer vite. On dit classiquement qu’il est possible de récupérer l’odorat récupérer jusqu’à 18 mois à deux ans, mais, heureusement, souvent on le récupère plus vite. 

Les orthophonistes peuvent aussi aider à travailler cette rééducation. Ce sont des professionnels paramédicaux qui ont pour rôle de rééduquer ce qui ne fonctionne pas entre le cerveau et la périphérie et donc l’odorat rentre pleinement dans leur champ d’activité.

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