C’est une démarche exceptionnelle en France. L’association Reporters sans frontières (RSF) a annoncé, mardi 13 avril, avoir envoyé une demande de protection policière pour la journaliste Morgan Large, spécialisée dans l’agro-industrie bretonne, à la suite du « sabotage » de sa voiture à la fin du mois de mars. L’association de défense des journalistes a aussi déposé plainte contre X.
La journaliste de Radio Kreiz Breizh (RKB), une radio associative bilingue français-breton installée à Rostrenen (Côtes-d’Armor), s’était aperçue le 31 mars que l’une des roues arrière de sa voiture avait été déboulonnée.
« Selon le témoignage du garagiste de Morgan Large, dont la plainte fait état, cela ne pouvait pas être accidentel. Il s’agit bien d’un sabotage qui relève donc d’une volonté délibérée de porter atteinte à l’intégrité physique de la journaliste et qui a mis en danger de mort la journaliste et l’ensemble des usagers de son véhicule, dont sa fille », écrit RSF dans un communiqué de presse.
« Cet acte de sabotage n’est que le dernier d’une longue série, mais il montre qu’un seuil a été franchi dans la malveillance, ce qui justifie l’ouverture d’une enquête pénale. »
Une « entrave concertée à la liberté d’expression »
RSF demande, en outre, qu’un autre service que la gendarmerie locale soit saisi du dossier, en raison du « climat social tendu à Rostrenen et ses environs ». Entre 500 et 1 000 personnes ont manifesté la semaine dernière à Rostrenen pour défendre la liberté d’informer et en soutien à Morgan Large.
Par ailleurs, RSF et Morgan Large ont adressé une plainte par lettre recommandée au procureur de la République de Saint-Brieuc pour qu’une enquête soit ouverte.
La plainte contre X, dont l’AFP a obtenu copie, dénonce des faits de « destruction, dégradation ou détérioration d’un bien appartenant à autrui par l’effet de tout moyen de nature à créer un danger pour les personnes » et d’« entrave concertée à la liberté d’expression ».
La plainte détaille les pressions et intimidations, dont la journaliste et sa radio ont fait l’objet ces derniers mois, notamment l’intoxication de son chien, les coups de téléphone la nuit à son domicile, l’ouverture de l’enclos de ses animaux et la dégradation des portes des locaux de RKB.
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