(Agence Ecofin) - La présence de femmes musulmanes dans le domaine de la mécanique est rare dans la ville nigériane de Sokoto. Pour combler ce déficit, l’organisation Nana Women and Girl Empowerment Initiative a créé un garage automobile exclusivement féminin, où les concernées ont accès à des formations.
Dans la ville de Sokoto au Nigéria, un garage automobile tenu par des femmes défie les stéréotypes liés au genre dans le monde professionnel, et plus particulièrement dans les États musulmans du nord du pays. Équipées de tournevis, de clés à molette et de combinaisons, ces femmes voilées remplacent des roues, vérifient des moteurs ou réparent des freins et radiateurs sur des véhicules divers. Elles se chargent également de la vente de pièces détachées.
A l’origine de ce projet novateur, l’organisation Nana Women and Girls Empowerment Initiative, qui forme et emploie les femmes intéressées par la mécanique. Pour tout service rendu dans le garage, 80% du paiement est destiné aux mécaniciennes et 20% à Nana. À travers ce projet, l’organisation espère un changement d’attitudes à l’égard du rôle des femmes dans l’ingénierie mécanique et l’augmentation de leur nombre dans les métiers de cette filière.
Au Nigéria et un peu partout dans le monde, les garages automobiles sont gérés en majorité par des hommes, malgré l’insertion progressive des femmes dans les formations en mécanique et en ingénierie. Alors qu’il n’y a aucune restriction concernant l’inscription des femmes à ce type de formation, celles issues de milieux conservateurs ou défavorables s’y inscrivent difficilement. En outre, celles qui possèdent des voitures se fient aux hommes pour assurer la maintenance de leurs véhicules.
En créant un garage automobile féminin, Nana Women and Girls Empowerment Initiative entend ainsi sortir des sentiers battus et établir un équilibre hommes/femmes dans le domaine. Par ailleurs, elle contribue à créer des opportunités d’emplois et fournir des revenus. Le projet bénéficie aux femmes diplômées d’écoles polytechniques, et à toutes celles désireuses de faire de la réparation automobile leur profession.
L’adhésion lente des femmes au domaine est l’un des défis auxquels l’organisation doit faire face. Elle s’assure de mettre en avant les avantages d’une telle profession pour les attirer. Certaines n’ayant aucune connaissance en la matière, l’organisation offre une plateforme d’échange d’idées entre les diplômées et les apprenties.
Fondée en 2008, la NWGEI compte également d’autres spécialisations, notamment le leadership féminin, la santé, la pisciculture pour veuves et jeunes filles, et l’éducation pour adolescentes. À long terme, elle entend dans un premier temps reproduire son idée d’ingénierie mécanique dans d’autres États musulmans du nord du Nigéria. Par la suite, elle ambitionne de mettre en place un système de suivi et d’évaluation afin de contrôler et documenter l’initiative.
Aïsha Moyouzame
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