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SOCIÉTÉ

L'évolution incroyable des choix alimentaires des Français !

Écrit par l'équipe Ça m'intéresse
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Fini les achats insouciants au supermarché. Aujourd’hui, des préoccupations environnementales, sanitaires et éthiques dictent nos choix alimentaires.

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Gourmandise rouge et sucrée, la fraise signe le retour du printemps. Mais laquelle choisir ? L’espagnole, la marocaine, la belge, l’allemande ? Parmi les 130000tonnes de fraises consommées par les Français en 2016, pas moins de 80000 venaient de l’étranger, à des prix défiant toute concurrence. Au risque de voir un jour nos agriculteurs maraîchers disparaître ? Pas question, répond La marque du consommateur. Cette coopérative qui vend ses produits en grande distribution sous le slogan « C’est qui le patron ?! » a fait de la juste rémunération des producteurs son cheval de bataille. Sur son site Internet, les « consom’acteurs » ciblent les produits qu’ils souhaitent acheter en remplissant un questionnaire. Pour la fraise, ils sont plus de 4500à avoir préféré la gariguette à la mara des bois, l’origine française plutôt que l’espagnole, le bio et le conditionnement en barquette cartonnée plutôt qu’en plastique. Depuis avril, les 250grammes coûtent 4,33euros, et non 3,76 euros selon le cours du fruit, ce qui garantit la rémunération des producteurs.

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Les magasins spécialisés restent leaders de la filière bio mais la grande distribution passe à l’offensive

Cette initiative illustre un phénomène plus global : les enjeux environnementaux, sanitaires, sociaux et éthiques orientent nos choix de consommation, très récemment au sein de la grande distribution et de bien plus longue date dans les réseaux alternatifs —marchés de producteurs, magasins à la ferme, Amap… D’après le dernier recensement agricole, plus de 20 % des fermes françaises vendent en circuit court.

Une tendance renforcée dans lafilière biologique. Si le bio local attire 85 % des Français, d’après l’Agence bio (groupement d’intérêt public créé en 2001), c’est parce qu’il répond lui aussi à ces préoccupations de proximité, d’environnement, de santé, de qualité et d’équité. « C’est l’énorme différence avec la consommation classique, où l’acheteur joue un rôle assez réduit, guidé le plus souvent par l’habitude, le prix et le temps à accorder à la corvée du Caddie », note Frédéric Denhez dans le Bio, au risque de se perdre (éd. Buchet-Chastel). « Au contraire, avec le bio, il est acteur. Il y est venu, il s’y tient, il se découvre des exigences qu’il n’avait peut-être pas auparavant, qui influencent ensuite sa façon de consommer. » Les chiffres en témoignent : les produits bio se sont vendus pour 8,2milliards d’euros en 2017, deux fois plus qu’en 2012.

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Les magasins spécialisés restent le circuit le plus dynamique, mais la grande distribution passe à l’offensive. E.Leclerc entend ainsi devenir le premier distributeur de bio en France d’ici à 2020, afin de proposer « des produits plus vertueux à bas prix » ; Carrefour, celui de la « transition alimentaire » en multipliant par quatre son chiffre d’affaires dans le bio. De quoi donner des sueurs froides aux marques historiques des magasins spécialisés, qui craignent de voir la grande distribution appliquer ses méthodes de guerre des prix défavorables aux producteurs et piétiner les valeurs fondatrices de l’agriculture biologique durable.

Végétariens, flexitariens, végans… la consommation des français évolue

Pour faire de la place aux rayons bio, la grande distribution pourra rogner sur ceux de la viande, dont les ventes baissent. Selon le panel de 12000consommateurs suivis par la société Kantar, la part des dépenses annuelles consacrée aux produits carnés est passée de 19,8 % en 2013 à 18,7 % en 2017. Du jour au lendemain, Fanny, 24ans, militante de l’organisation Earth Resistance, est devenue végane et a ainsi banni tous les produits utilisant des animaux : lait, œufs, miel, cosmétiques, cuir… « J’ai reçu un électrochoc le jour où j’ai vu le documentaire Terriens sur la condition animale dans le monde: plus question de participer à une telle souffrance ! D’autant que l’exploitation animale pollue et contribue au réchauffement climatique. »

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Aujourd’hui, il y aurait 0,5 % de végétaliens (excluant tout produit animal de l’alimentation) et 2 % de végétariens (ne mangeant ni viande ni poisson) en France, d’après les données du panel Kantar. Cela reste donc assez marginal, contrairement au flexitarisme (le fait de réduire considérablement sa consommation de viande) qui connaît un réel engouement. En 2017, 34 % des foyers français comptent au moins un flexitarien —un chiffre en hausse de 9points par rapport à2015. Lucie, 40ans, a franchi le pas il y a deux ans: « Je mange toujours du poisson mais plus de viande, sauf exception quand cela me fait envie lors d’un dîner chez des amis ou au restaurant. » Parmi ses motivations, après avoir vu des reportages sur la maltraitance, éviter l’abattage d’animaux. « Aujourd’hui, ces lieux cachés où l’on tue à la chaîne posent problème. Avec l’industrialisation s’est développée une consommation de masse où la mort de l’animal n’a plus de sens », décrypte le sociologue Claude Fischler. Auparavant, la mise à mort avait un caractère exceptionnel: c’était l’occasion d’un sacrifice religieux ou d’une fête de village.

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Outre les conditions d’abattage, l’autre grand combat de l’organisation de lutte contre l’exploitation animale L 214 est l’élevage de poules en batterie, qu’elle souhaite voir interdire. Vidéos sur « l’enfer des cages », pétition rassemblant 75000signataires, manifestations…

La conséquence d’une telle mobilisation ?

De nombreux distributeurs et groupes agro-alimentaires —Carrefour, Casino, Brioche Pasquier, Panzani…— ont décidé de ne plus utiliser ou vendre d’œufs de poules en cage d’ici à2020, voire 2025. « Lorsqu’une initiative rassemble un nombre élevé de consommateurs, les entreprises se mettent à l’écoute du mouvement et modifient leurs pratiques », remarque Dominique Roux, professeure de marketing à l’université de Reims Champagne-Ardenne.

Malgré tout, « il existe un écart entre les discours et les comportements: certains consommateurs peuvent se déclarer préoccupés par l’élevage de poules en batterie sans forcément modifier leurs achats, davantage influencés par le prix ou l’accessibilité du produit », nuance Laurent Maubisson, chercheur en marketing au laboratoire Vallorem à l’institut d’administration des entreprises de Tours.

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Alors, le citoyen change-t-il vraiment la donne ?

« Nous détenons un vrai pouvoir d’action, estime Fanny d’Earth Resistance. Si la demande diminue, l’offre baissera également. » Ce que confirme le rapport Ford décryptant les tendances de consommation pour 2018: 47 % des personnes interrogées estiment que les consommateurs sont les mieux placés pour changer la société, devant les gouvernements et les entreprises.

Par Nathalie Picard

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