Pour la première fois en France, une entreprise accorde un congé menstruel à ses salariées

Une femme portant un masque à Lille, le 30 juillet 2020.

Une femme portant un masque à Lille, le 30 juillet 2020. DENIS CHARLET / AFP

Une société de Montpellier donne aux femmes la possibilité de prendre un jour de congé supplémentaire par mois pour surmonter les règles douloureuses.

C’est une mesure expérimentale unique en France. La coopérative La Collective, basée à Montpellier (Hérault), octroie depuis le 1er janvier à son personnel féminin un jour de congé supplémentaire par mois afin de faire face aux contraintes rencontrées durant leurs règles, rapportent « La Croix » et FranceInfo. L’accord est expérimental et sera évalué dans un an. La petite société compte 16 femmes sur 37 salariés.

« Il s’agit d’une avancée sociale importante pour favoriser la qualité de vie au travail et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes », explique Dimitri Lamoureux, cogérant de la coopérative au site d’actualité sociale actuEL-RH. « Ce congé évite la double peine : les douleurs physiques et la perte de salaire ». D’autant que l’activité de la coopérative ne permet pas de télétravailler. Il s’agit d’une Scop, une Société coopérative de production spécialisée dans le recrutement de donateurs au profit d’ONG ou d’associations caritatives ou écologiques.

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Pas besoin de la case médecin

Concrètement, ce jour de congé supplémentaire est facultatif et doit être posé sur le temps de travail effectif. Toute salariée qui en ressent le besoin peut envoyer un mail au dernier moment au directeur de la société pour lui demander ce jour de congé. Le salaire sera intégralement versé à la collaboratrice absente.

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Avant cette décision, prise en assemblée générale, 89 % des femmes interrogées dans un questionnaire anonyme se plaignaient d’avoir des règles douloureuses et admettaient que ce facteur pouvait gêner leur travail. C’était notamment le cas des salariées qui travaillaient debout, dans la rue afin de lever des fonds pour les organisations.

Le site actuEL-RH rapporte que les hommes se sont d’abord montrés perplexes, mais qu’il n’y a pas eu d’opposition à l’expérimentation.

Une « fausse bonne idée » ?

Ce congé interroge les associations féministes. « C’est une fausse bonne idée. L’intention est bonne. L’idée est bonne », reconnaît Fabienne El-Khoury, porte-parole de l’association Osez le féminisme, sur Franceinfo, mais « beaucoup de femmes hésiteront à prendre ce congé par peur d’être stigmatisées », estime-t-elle.

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« Je pense qu’il faut déjà déstigmatiser, c’est-à-dire que toute la société ne pense pas que c’est normal d’avoir des règles douloureuses. Et dans un deuxième temps, effectivement, cela pourrait être une bonne idée et pas juste un seul jour, car pour beaucoup de femmes, cela dure plus longtemps ».

Dans d’autres pays, le congé menstruel est déjà établi depuis longtemps. L’Asie est en avance sur le sujet. Au Japon, il a été instauré dès 1947. La Corée du Sud et l’Indonésie ont fait de même en 2001. En Italie, certaines entreprises l’appliquent également.

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