Par SudOuest.fr avec AFP
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Plus d’un million de consommateurs boivent une eau polluée essentiellement par des pesticides, dénonce ce mardi UFC-Que Choisir, qui demande une interdiction de certains des produits soupçonnés d’être perturbateurs endocriniens

L’association de consommateurs UFC-Que Choisir a mis à jour son étude nationale sur la qualité de l’eau potable et une carte interactive accessible au grand public, basées sur les résultats d’analyses réalisés pour le compte des Agences régionales de santé (ARS). Elles ont été réalisées en lien avec l’ONG Générations futures.

La qualité de l’eau progresse : « 98 % des consommateurs ont accès à une eau conforme à la totalité des critères sanitaires, soit une progression de plus de deux points par rapport à la précédente étude de 2017 », selon un communiqué.

Des réseaux contaminés fermés

Cette amélioration s’explique par trois facteurs : « dans des grandes villes, des réseaux contaminés ont été fermés, la loi NOTRe a incité à des groupements de compétences au niveau des intercommunalités dans l’objectif de mettre des moyens financiers au pot commun et il y a eu des améliorations techniques », a expliqué Olivier Andrault d’UFC-Que Choisir, qui a piloté l’étude.

UFC-Que Choisir

Des problèmes subsistent toutefois dans des zones rurales et de montagne. Selon UFC-Que Choisir, « les pollutions agricoles constituent toujours les premières causes de contaminations : 450 000 consommateurs boivent une eau dépassant les normes maximales en pesticides et 148 000 une eau contaminée par les nitrates. La pollution des eaux, des nappes phréatiques et des rivières n’a pas baissé », souligne Olivier Andrault.

« Ce paradoxe de la bonne qualité de l’eau potable s’explique par la mise en place de coûteux traitements de dépollution », selon l’étude. « Le coût de la dépollution des pollutions agricoles représente entre 750 millions et 1,3 milliard d’euros par an, intégralement financé par les consommateurs via leurs factures d’eau ».

Effet cocktail

Les deux associations de défense des consommateurs et de l’environnement s’inquiètent de la disparité, selon les départements, des pesticides recherchés dans l’eau potable. « 750 molécules de pesticides ou de dérivés peuvent être rencontrées dans la nature, en moyenne on n’en recherche en France que 206, explique Olivier Andrault. Dans l’Aisne, on peut descendre à 12. »

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Les associations s’inquiètent aussi de la présence de pesticides soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens, qui « peuvent agir à des doses beaucoup plus faibles et avec un effet cocktail, souligne Olivier Andrault. Si on s’en tient aux normes actuelles, certes très basses au niveau de l’eau, et si on n’applique pas le principe de précaution au niveau des pesticides suspectés d’être des perturbateurs endocriniens, on soumet la population à un risque. »

L'« étude révèle ainsi la présence de pesticides soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens dans 28 % en moyenne des analyses considérées comme conformes à la réglementation », selon le communiqué.

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Par conséquent, UFC-Que Choisir et Générations futures demandent que la commercialisation de ces pesticides soit interdite au nom du principe de précaution.