Les congrégations catholiques verseront une "réparation financière" aux victimes d'agressions sexuelles

La Corref rassemble environ 30.000 moines et moniales, frères et sœurs présents en France [photo d'illustration]. © Maxppp - PHOTOPQR/JOURNAL DU CENTRE

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La Conférence des religieux et religieuses en France a reconnu ce mardi 20 avril une responsabilité collective dans les violences sexuelles survenues au sein des congrégations. Au total, au moins 10.000 victimes d'abus sexuels dans l'Eglise ont été dénombrées en France.

La Conférence des religieux et religieuses en France (Corref), qui représente les congrégations catholiques, s'est engagée ce mardi 20 avril à fournir une "réparation financière" aux victimes d'agressions sexuelles commises en leur sein et a reconnu la "responsabilité collégiale et spirituelle de l'ensemble" des congrégations.

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Réunis en visioconférence pendant deux jours en assemblée générale, quelque 250 supérieurs majeurs (responsables) ont "adopté deux résolutions", annonce dans un communiqué la Corref, qui rassemble environ 30.000 moines et moniales, frères et sœurs présents en France. 

Réparation et prévention

La première résolution vise à ce que les instituts adoptent une démarche de "justice réparatrice" à l'égard des victimes, comportant plusieurs étapes, dont la première démarrera après la publication fin septembre des préconisations de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise catholique (Ciase) depuis les années 1950.

"Reconnaissant les faits et leurs causes, la vie religieuse (les instituts et congrégations, ndlr) en France aura à cœur de manifester sa honte pour ces dévoiements", souligne la Corref. Des mesures de prévention seront ensuite prises afin que "de tels agissements ne puissent se perpétuer". La dernière étape "assumera l'obligation de prendre en charge les soins et de participer financièrement à la réparation de ce qui peut être réparé de l'irréparable", précise l'institution. Les "modalités" de cette prise en charge et de cette réparation seront "précisées lors de (la prochaine) assemblée de novembre 2021", ajoute-t-elle.

Reconnaissance d'une responsabilité collective

Dans la deuxième résolution, "la Corref reconnaît la responsabilité collégiale et spirituelle de l'ensemble de la vie religieuse". "D'une manière ou d'une autre, nous avons manqué, y compris par méconnaissance, à la solidarité absolue qui nous lie à toute personne abusée, violentée, réduite à l'état d’objet, nié dans sa dignité", assume-t-elle.

Pour sa présidente Véronique Margron, les "instituts masculins et féminins ne portent pas tous la même responsabilité dans les actes commis, ni dans les systèmes défaillants ou déviants. Mais tous nous nous engageons à porter cette responsabilité essentielle de solidarité, qui n’enlève rien aux fautes que certains doivent assumer".

Au moins 10.000 victimes

L'adoption de ces deux résolutions intervient un peu moins d'un mois après que la Conférence des évêques de France (CEF) a annoncé le versement d'une "contribution financière" pour les victimes de pédocriminalité, notamment pour financer des soins, via la création d'un fonds ad hoc. Ils ont aussi dit la volonté de l'institution d'"assumer sa responsabilité devant la société en demandant pardon".

La Corref et la CEF sont les deux commanditaires des travaux menés par la Ciase. Cette dernière a déjà estimé à au moins 10.000 le nombre de victimes en France. S'agissant des auteurs, la Corref ne dispose pas de données sur la proportion d'entre eux venant d'instituts.

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