Balance impédancemètre : pourquoi mesurer son impédancemétrie ?

Publié par Manon Duran  |  Mis à jour le par Nastasia MontelExpertes : Fabienne Pommera, diététicienne-nutritionniste, membre de l’association G.R.O.S. (Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids), Isabelle Flaujac, diététicienne-nutritionniste, membre de l’association G.R.O.S.

L’impédancemétrie permet notamment de mesurer la masse grasse, autrement dit, le pourcentage de graisse dans notre corps. Comment fonctionne cette technique ? Comment bien choisir son impédancemètre ?

Les balances impédancemètres font de plus en plus d’adeptes. Mais à quoi servent-elles et comment fonctionnent-elles exactement ? Qui a vraiment intérêt à mesurer son impédancemétrie ? Comment bien choisir son appareil ? On fait le point avec Fabienne Pommera et Isabelle Flaujac, diététiciennes-nutritionnistes et membres de l’association G.R.O.S. (Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids).

Qu’est-ce que l’impédancemétrie (ou bio-impédance) ?

« L’impédancemétrie est une technique qui permet de définir la composition corporelle. On mesure la résistance de l’organisme au passage d’un courant électrique de faible intensité (environ 70 μA). Elle est le plus souvent utilisée pour quantifier le taux de masse grasse, mais elle permet aussi d’évaluer rapidement et sans danger la masse musculaire, osseuse et la masse hydrique », explique Fabienne Pommera, diététicienne-nutritionniste.

Concrètement, des électrodes sont placées sur la peau. Le courant passe au travers des compartiments les plus conducteurs (eau) et évite les compartiments plus isolants (graisse). Les mesures électriques sont ensuite interprétées en fonction de l’âge, du poids, du sexe, du niveau d’activité physique et de la taille du sujet ; puis traduites en pourcentage par rapport à la masse corporelle globale.

Quels sont les taux idéaux de masse grasse ?

  • Chez la femme, en fonction de l’âge, la masse grasse représente en moyenne 20 à 35 % de la masse corporelle.
  • Chez l’homme, en fonction de l’âge, la masse grasse représente en moyenne 10 à 25 % de la masse corporelle.

"Ces chiffres restent indicatifs et doivent être interprétés en fonction de l'âge, du sexe, de la corpulence, de l'activité physique et de l'histoire du poids de chaque individu", insiste Isabelle Flaujac, diététicienne-nutritionniste.

À noter : l’accumulation de graisses favorise l’obstruction des artères, augmentant ainsi les risques de maladies cardiovasculaires. Un excès de masse grasse au niveau de l’abdomen peut aussi provoquer la survenue de certaines maladies sur le long terme (diabète, infarctus, cancers, etc.).

Qui peut mesurer son impédancemétrie ?

Tout le monde peut calculer son impédancemétrie (à la maison ou chez un professionnel), que ce soit par curiosité ou pour assurer un suivi sportif ou médical. « Par mesure de précaution, cette technique est déconseillée aux femmes enceintes et aux personnes porteuses d’un pacemaker », précise Fabienne Pommera. Il n’y a pas de danger pour les personnes porteuses d’une prothèse métallique, mais les résultats risquent d’être faussés, ajoute la diététicienne.

Pourquoi et à quelle fréquence mesurer sa masse grasse ?

L’impédancemétrie ou bio-impédance est principalement utilisée dans les domaines de la santé et du fitness.

  • Dans le cadre d’un suivi médico-sportif, l’impédancemétrie est plébiscitée par les sportifs de haut niveau pour mieux suivre et contrôler l’évolution de leur masse musculaire et de leur masse graisseuse. Cela leur permet d’évaluer l’impact des programmes de préparation physique sur leur organisme et d’adapter leur alimentation ou leurs entraînements.
  • Dans le cadre d’un surpoids ou d’une obésité, l’impédancemétrie peut être réalisée en centres de remise en forme ou en établissement spécialisé dans le traitement du surpoids et de l’obésité. Documenter la variation des différentes masses au fil des consultations permet d’évaluer l’impact des mesures hygiéno-diététiques et de mieux accompagner le patient dans la stabilisation de son poids ou dans sa perte de poids. L’enjeu est notamment de réduire la masse grasse, sans trop impacter la masse musculaire, car une perte trop importante de muscle peut engendrer une fatigue généralisée et des douleurs.

"Dans le cadre d'une perte de poids modérée, la mesure de l’impédancemétrie peut aussi être rassurante et motivante pour certains patients", indique Isabelle Flaujac. 

  • Dans le cadre d’un suivi médical, elle permet le suivi d’un régime alimentaire spécifique à une maladie chronique par exemple, mais aussi le suivi d’un protocole de dénutrition, de renutrition ou d’hydratation. On peut également détecter et suivre l’évolution de maladies comme la rétention d’eau, la sarcopénie (fonte des muscles due au vieillissement ou à une maladie neurologique) ou l’ostéoporose (en complément de l’ostéodensitométrie).

La bio-impédancemétrie est également utilisée dans le cadre de la préparation physique des astronautes.

    À quelle fréquence mesurer sa masse graisseuse ?

    L’impédancemétrie peut être réalisée aussi souvent que souhaité, dans la mesure où le courant électrique est de faible intensité et sans effet sur la santé. « Mais attention au risque de dépendance : vouloir diminuer à tout prix sa masse grasse peut être contre-productif pour perdre du poids sur le long terme. Les périodes de stagnation peuvent être mal vécues et entraîner des comportements délétères », prévient Isabelle Flaujac.

    Comment mesure-t-on l’impédancemétrie ?

    L’idéal est de prendre les mesures en position allongée à l’aide d’un appareil impédancemètre professionnel. Mais la balance impédancemètre est le dispositif le plus couramment utilisé en cabinet ou en centre sportif. Et de nombreux modèles grand public sont également disponibles en ligne, en pharmacie ou en grande surface.

    Le mode d’emploi est simple : il suffit de monter sur la balance, pieds nus, et de poser ses pieds au niveau des électrodes (une ou deux de chaque côté). On renseigne ensuite son âge, sa taille, son sexe, et parfois son niveau d’activité physique. « Dans le cas d’un impédancemètre sans balance, il faut aussi entrer son poids », précise Fabienne Pommera. Le courant est ensuite émis par le(s) capteur(s) de gauche, et récupéré par le(s) capteur(s) de droite (ou inversement), après avoir traversé toute la masse corporelle.

    À noter : les appareils les plus fiables sont dotés de capteurs au niveau des mains et des pieds, permettant au courant de traverser réellement l’ensemble du corps, pas seulement les jambes. Ce type d’appareils, dit segmentaire, est aussi plus intéressant car il permet d’obtenir des données ciblées au niveau des bras, du tronc et des jambes. D’autres appareils, dits « multifréquence », mesurent également les valeurs d’hydratation intracellulaire et extracellulaire, ce qui permet de déduire précisément la masse sèche et d’estimer la masse osseuse.

    Comment bien utiliser une balance impédancemètre ?

    Pour garantir la fiabilité des mesures, il convient de respecter certaines règles :

    • pesez-vous toujours dans les mêmes conditions : au même moment de la journée (plutôt en fin d’après-midi ou en début de soirée car c’est à ce moment de la journée que votre niveau d’hydratation est le plus stable), dans la même tenue (idéalement légèrement vêtu.e), sur le même type de sol ;
    • placez correctement vos pieds sur les électrodes ;
    • écartez légèrement les bras et les jambes pour ne pas entraver la circulation du courant ;
    • évitez les efforts trop intenses juste avant de vous peser ;
    • hydratez-vous comme vous le feriez en temps normal, et évitez d’avoir la vessie pleine.

    "Le niveau de fatigue, de stress, la prise de médicaments ou d'alcool peut fausser les résultats car ces facteurs influencent la masse hydrique, souligne Fabienne Pommera. Comme pour le poids, il vaut mieux avoir un vision plus globale sur la tendance de l'évolution, plutôt que de se focaliser sur un chiffre en particulier".

    Quels conseils pour bien choisir son impédancemètre ?

    Initialement destiné aux professionnels du monde médical, l’impédancemètre est devenu un accessoire très courant. Avant d’en acquérir un en ligne, en pharmacie ou en grande surface, il convient de vérifier plusieurs points :

    • le mode d’alimentation : à pile ou sur secteur ? ;
    • le poids maximum qui peut être supporté par la balance ;
    • la précision de l’impédancemètre (le plus souvent à 100g près) ;
    • sa capacité de mémoire : la balance peut-elle enregistrer les données de plusieurs personnes ? Pendant combien de temps ?
    • les fonctionnalités de la balance et leur compatibilité avec vos équipements : s’agit-il d’un simple impédancemètre ou d’un impédancemètre connecté par Bluetooth ?

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