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Découverte d’une mystérieuse pyramide précolombienne qui témoigne des relations entre les Mayas et Teotihuacan

Découverte d’une mystérieuse pyramide précolombienne qui témoigne des relations entre les Mayas et Teotihuacan
Le site de Tikal, où une petite pyramide d'une grande importance a été découverte sous un talus © Mike Vondran - Flickr

Grâce à la technologie LiDAR, des archéologues guatémaltèques ont découvert une construction atypique sur le site maya de Tikal. La pyramide serait une réplique d'un bâtiment de la civilisation de Teotihuacan, implantée au centre du Mexique à 1300 kilomètres de là.

Elle était sous leur nez depuis le début, dans un des sites archéologiques les plus explorés du monde. Et pourtant, ce n’est que le 16 avril dernier que les archéologues du site maya de Tikal, dans le nord du Guatemala, ont découvert une pyramide précolombienne sous une petite colline, apparemment banale. Grâce à la technologie LiDAR, qui permet de faire des relevés topographiques en profondeur malgré la végétation, les chercheurs ont pu la détecter sous le monticule de terre et d’herbes qui la recouvrait et se sont aperçus de similarités architecturales troublantes avec une autre civilisation précolombienne pourtant très éloignée géographiquement : Teotihuacan. Si les historiens n’ignoraient pas les interactions entre les deux civilisations, cette découverte montre qu’elles étaient bien plus fortes que ce que l’on imaginait, puisque la pyramide aurait pu être un avant-poste teotihuacano au cœur de la cité maya.

Réplique millimétrée

La pyramide retrouvée sur le site de Tikal semble ainsi être une réplique, à l’échelle un demi, d’un bâtiment de la grande cité de Teotihuacan, située à quelques kilomètres de Mexico, appelé la Citadelle. D’après les archéologues guatémaltèques, la pyramide « faisait partie d’un ancien quartier comprenant une grande cour fermée bordée de bâtiments plus petits », ce qui correspond à l’organisation et à l’orientation de la Citadelle, où l’on trouve notamment la pyramide du Serpent à Plumes. En outre, « les similitudes des détails étaient particulièrement stupéfiantes », selon l’archéologue Stephen Houston qui les a remarquées le premier. Pour les chercheurs, seule une personne connaissant parfaitement la Citadelle a pu construire cette réplique, ce qui pourrait signifier que des Teotihuacanos vivaient dans la cité État de Tikal, certains parlant même d’une enclave ou d’un petit village quasiment autonome.

Le temple du Serpent à plumes de Teotihuacan, situé à l'emplacement actuel de Mexico © Diego Delso - Wikimedia Commons

Le temple du Serpent à plumes de Teotihuacan, situé à l’emplacement actuel de Mexico © Diego Delso – Wikimedia Commons

D’autres éléments typiques de Teotihuacan ont également été retrouvés, notamment des armes et un encensoir à l’image de son dieu de la pluie, Tlaloc. Les squelettes exhumés sous la pyramide ont également été enterrés selon des rites propres à la cité mexicaine. Cette découverte montre à quel point les sociétés précolombiennes pouvaient faire preuve de mixité ethnique, ce qui est confirmé par de récentes découvertes à Teotihuacan. « Nous savions que les Teotihuacanos avaient au moins une certaine présence et influence à Tikal et dans les régions mayas voisines avant l’année 378, mais on ne savait pas s’il ne s’agissait que d’imitations de certains aspects du royaume le plus puissant de la région. Aujourd’hui, nous avons la preuve que leur relation allait bien au-delà de l’imitation », explique Edwin Román-Ramírez, le directeur du projet archéologique de Tikal.

Un récipient de Teotihuacan à l'effigie du dieu de la pluie, Tlaloc © Stephen Zucker - Flickr

Un récipient de Teotihuacan à l’effigie du dieu de la pluie, Tlaloc © Stephen Zucker – Flickr

Un gage d’alliance ?

Des archéologues mexicains ont en effet découvert un quartier de nobles ou de diplomates mayas au sein de Teotihuacan il y a quelques années, où se trouvaient des constructions caractéristiques ainsi que des décors muraux qui ne laissent planer aucun doute. La présence simultanée de petits groupes de population dans les deux villes pourrait montrer, d’après les chercheurs, que celles-ci étaient alliées, le quartier maya et la pyramide devenant ainsi des proto-ambassades. D’après les estimations des archéologues, la pyramide de Tikal aurait été construite avant 278, c’est-à-dire plus de 100 ans avant la conquête de la cité État par Teotihuacan. Sans qu’on sache réellement pourquoi, la relation entre les deux cités semble s’être énormément dégradée au fil des années, comme en témoigne la destruction volontaire du quartier maya de Teotihuacan, documentée par les archéologues.

La pyramide du Monde Perdu de Tikal, exemple de pyramide maya © Flickr - Ali Eminov

La pyramide du Monde Perdu de Tikal, exemple de pyramide maya © Flickr – Ali Eminov

Pour Francisco Estrada-Belli, « il est clair que nous nous avons mis le doigt sur un événement très important dans l’histoire des Mayas et de Teotihuacan, et que l’un des grands mystères de l’Amérique centrale est sur le point d’être résolu ». Cette découverte vient s’ajouter à la récente mise au jour, grâce, encore une fois, à la technologie LiDAR, de centaines de bâtiments enfouis dans toute la zone des basses terres mayas, au nord du Guatemala et au Belize, et qui signifierait que la population de la zone pourrait être de plusieurs millions supérieure à l’estimation actuelle, comprise entre 7 et 11 millions. Il semble donc que les archéologues ne soient qu’au début d’une série de trouvailles qui pourrait chambouler de nombreuses connaissances sur les civilisations mésoaméricaines antiques.

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