Assemblée : Valérie Rabault, première femme rapporteur général du Budget

 

Assemblée : Valérie Rabault, première femme rapporteur général du Budget

    C'est une première : Valérie Rabault, députée de la jeune garde socialiste et ancienne cadre de BNP Paribas, a été choisie ce mardi pour devenir rapporteur général du Budget. Il s'agit de la première femme à accéder à ce poste stratégique à l'Assemblée nationale.

    L'élue du Tarn-et-Garonne, âgée de 40 ans, doit encore être formellement élue au sein de la commission des Finances pour succéder à Christian Eckert, entré au gouvernement.

    Crucial pour les textes budgétaires et financiers, le rapporteur général analyse, donne son avis, propose des amendements. Il dispose aussi de pouvoirs d'enquête et de contrôle de l'administration

    Un vote unanime. Cette ancienne cadre dans la banque, choisie à main levée à l'unanimité par les députés socialistes, qui a parfois adopté des positions frondeuses depuis son entrée au Palais-Bourbon, en juin 2012, avait été citée avec insistance pour entrer au gouvernement comme secrétaire d'Etat au Budget avant d'être présentée pour être rapporteur général du Budget. Bien que plus fortement en osmose avec la ligne économique du gouvernement, Dominique Lefebvre, chef de file des socialistes à la commission des Finances et ancien proche de Jérôme Cahuzac, a finalement retiré sa candidature pour « ne pas diviser ».

    « Pas une gaucho ». Si des socialistes vantent la capacité de Valérie Rabault à «ne pas se laisser impressionner» ou «son imagination sur le nouveau modèle économique», certains lui reprochent d'avoir parfois contré la ligne du groupe PS ou cherché l'exposition médiatique. Mais selon un de ses camarades, Valérie Rabault n'est «ni gaucho, ni orthodoxe».

    Un poste compliqué. Dans ses nouvelles fonctions, ses marges de manÅ?uvre seront faibles face au gouvernement en quête de plusieurs dizaines de milliards d'euros d'économies. Et la partie sera rude avec le chevronné président UMP de la commission des Finances Gilles Carrez, pronostiquent certains membres de la commission. De son propre aveu, «les semaines qui s'ouvrent vont être exigeantes», avec le programme de stabilité européen fin avril et «l'étape cruciale» du Pacte de responsabilité en juin.

    Qui est Valérie Rabault ?

    Une défenseuse des PME. Son sourire quitte rarement cette femme, tombeuse de la maire UMP de Montauban (Tarn-et-Garonne) Brigitte Barèges aux législatives de 2012. Militante PS depuis 2000, elle avait soutenu François Hollande lors de la primaire interne de 2011. Un temps proche de Pierre Moscovici, elle a depuis pris ses distances. Cette diplômée des Ponts-et-Chaussées a été conductrice de travaux dans le BTP avant de devenir  spécialiste des risques de marché chez BNP Paribas. A l'Assemblée, membre de la prestigieuse commission des Finances, Valérie Rabault a souvent plaidé la cause des PME et d'une réorientation de la fiscalité en leur faveur plutôt qu'au bénéfice des grandes entreprises.

    Une experte des dépenses sociales. Mais cette native de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), ayant vécu plusieurs années en Allemagne, a aussi plongé dans le dossier des dépenses sociales, comme rapporteure pour avis sur le budget de la Sécu ou comme présidente du comité de surveillance de la Caisse d'amortissement de la dette sociale. Souvent en duo avec sa collègue Karine Berger - auteur avec elle de «La France contre-attaque » et « Les Trente Glorieuses sont devant nous », cette économiste a notamment cherché à remettre en cause la baisse des cotisations familiales accordées aux employeurs par le gouvernement en compensation de la hausse des cotisations retraite.

    Une féministe. Sensible à la place des femmes dans le monde politique, elle avait posé à l'automne 2013 avec 75 députées et sénatrices dans la cour d'honneur de l'Assemblée pour une photo du magazine Elle visant à dénoncer le machisme après les caquètements d'un député UMP pendant l'intervention d'une écologiste.