Toujours plus de mots, toujours plus d’ingrédients. Qu’il s’agisse d’une dissertation à améliorer ou d’une recette à parfaire, le cerveau humain a un mode de résolution des problèmes bien précis : l’ajout. Et ce, même quand la logique appelle plutôt à la réduction.

Ce fonctionnement cognitif surprenant, c’est la revue britannique Nature qui le décrit dans un nouveau rapport. Des recherches qui pourraient se résumer en une expression anglo-saxonne : “Less is more”.

L’exemple des Lego

C’est grâce aux Lego de son fils que Leidy Klotz, chercheur en design à l’université de Virginie, a eu une sorte d’épiphanie. L’Américain construit un pont avec l’enfant de 2 ans et demi, lorsqu’il s’aperçoit qu’il est bancal. “Je me suis retourné et j’ai attrapé une brique pour l’ajouter à la plus petite des piles et équilibrer le pont, détaille-t-il à Nature. Pendant ce temps, mon fils avait ôté une brique à la grande pile.”

Ce que Leidy Klotz comprend, c’est que, dans de nombreux cas, retirer un élément aboutit à un meilleur design, une meilleure conception…, mais que notre cerveau n’y pense pas naturellement. Gabrielle Adams, également chercheuse à l’université de Virginie, décrit bien ce chemin de pensée étonnant :

Face à une difficulté, nous avons tendance à penser : ‘Que pourrais-je ajouter pour résoudre le problème ?’ On se demande rarement : ‘Que pourrais-je enlever ? Que puis-je ôter ou supprimer, tout en améliorant la situation ?’”

Pour l’équipe de scientifiques comportementalistes qui a mené cette étude parue dans Nature, ce mode cognitif d’ajout par défaut peut avoir de grandes répercussions sur l’individu comme sur la société tout entière.

C’est en négligeant la possibilité de soustraire que nous nous retrouvons avec des emplois du temps surchargés, des personnes débordées ou encore des formalités administratives de plus en plus lourdes. On se prive ainsi de la chance d’une vie plus épanouie et d’une administration plus efficace.”

Le minimalisme, d’Antoine de Saint-Exupéry à Marie Kondo

Dans l’histoire des idées, des intellectuels sont pourtant déjà arrivés à la conclusion que réduire est parfois souhaitable. Pour Antoine de Saint-Exupéry, la “perfection est atteinte […] lorsqu’il n’y a plus rien à retirer”.

Un exemple plus contemporain serait la philosophie japonaise du rangement appelée danshari, popularisée à l’étranger par l’émission de Marie Kondo. Selon ce courant de pensée, le bonheur réside dans le fait de se débarrasser d’objets inutiles.