Votre compte n'a pas encore été validé. Afin de bénéficier de l'ensemble des services du Télégramme, pensez à valider votre adresse email depuis l'email que nous vous avons envoyé.
Votre compte n'a pas encore été validé. Afin de bénéficier de l'ensemble des services du Télégramme, pensez à valider votre adresse email depuis l'email que nous vous avons envoyé.
Depuis cinq ans, le Morbihannais Pierre Floc’h recense les croix et calvaires de Bretagne. L’ancien tailleur de pierre n’est pas seul. Il a mis en place un site internet participatif pour inventorier ce fragile patrimoine. Plus de 4 200 monuments ont déjà été localisés.
Pierre Floc’h a choisi son itinéraire, sa route ou plutôt son chemin de croix. C’était en 2015. Cette année-là, le tailleur de pierre décide de ranger ses outils. Définitivement. L’heure de la retraite a sonné mais elle ne va pas se conjuguer avec inactivité. Bien au contraire.
Plus de 20 000 croix et calvaires en Bretagne
L’homme originaire de Guégon (56) se lance dans un pari fou : recenser l’ensemble des croix et calvaires de Bretagne. Accrochez-vous, il en existe plus de 20 000 ! Au moins. Les premiers monuments ont été érigés au XIIe siècle. Aucune autre région n’en possède un si grand nombre ni une telle variété. Ces ouvrages font tellement partie de notre quotidien, que l’on n’y prête guère attention. D’où l’idée d’un recensement, oui, mais « avec les outils modernes », précise Pierre Floc’h. Ce dernier, avec le soutien de la Région Bretagne, est à l’initiative de la plateforme internet contributive croixbretagne.fr. « C’est un projet qui se situe dans la continuité du remarquable ouvrage Atlas des croix et calvaires du Finistère, d’Yves-Pascal Castel, édité en 1980. Le prêtre avait déjà dessiné 3 500 monuments. J’ai hérité de ses fiches de travail », raconte le Morbihannais.
Pierre Floc’h est un passionné. Un expert aussi. L’ancien chef d’entreprise de restauration du patrimoine a usé quelques bleus de travail. Spécialisé dans la sculpture et la taille de pierre, l’homme a quelques chantiers emblématiques sur son CV, dont la majorité des grands calvaires bretons ou encore la cathédrale de Quimper qu’il a restaurée durant 20 ans.
Ces monuments font partie de notre identité. Ce ne sont pas seulement des symboles religieux, ils racontent des histoires, c’est notre mémoire
Aujourd’hui, c’est surtout derrière son ordinateur que Pierre Floc’h examine les pierres. Le travail de collectage qu’il a entrepris est fastidieux mais nécessaire. « La Révolution et le remembrement ont fait beaucoup de mal aux croix et calvaires, mais ces monuments font partie de notre identité. Ce ne sont pas seulement des symboles religieux, ils racontent des histoires, c’est notre mémoire », indique Pierre Floc’h, qui découvre encore des inscriptions indéchiffrables sur les pierres et doit parfois s’employer à dénouer de véritables énigmes.
Pas contrarié par l’ampleur de la tâche, le Morbihannais poursuit inlassablement sa chasse aux trésors. Et elle avance bon train. À ce jour, via l’aide des internautes, 4 200 croix et calvaires ont été localisés. Pas un mince exploit. « Certains contributeurs jouent le jeu à fond et fournissent un travail remarquable », se réjouit Pierre Floc’h, qui a développé une application disponible sur Android (plus tard sur iOS). Chaque monument est photographié, accompagné d’une note descriptive, indiquant son époque de construction et son histoire. Et surtout, il est géolocalisé. Pierre Floc’h doit vérifier l’ensemble des informations transmises et les complète lorsqu’il le peut. « J’ai plus de 500 fiches en attente ! », confie-t-il.
On découvre encore des monuments enfouis sous la végétation
Ce patrimoine n’est pas figé. « Parfois, des croix sont déplacées, tombent ou disparaissent », explique celui qui intervient auprès des collectivités lorsqu’il constate un manque d’entretien. Et c’est radical. « En général, elles réagissent vite », sourit le sexagénaire qui s’est mué en défenseur d’un patrimoine qu’il estime « fragile ». Des surprises ? Assurément. « On découvre encore des monuments enfouis sous la végétation, comme récemment à Saint-Servant (56) où une croix était masquée par les ronces au milieu d’un champ. Elles ont été dégagées depuis », raconte le Guégonnais.
Les calvaires arboraient autrefois de multiples couleurs
Au fait, quelle différence y a-t-il entre une croix et un calvaire ? « On me pose systématiquement la question ! Tant qu’il n’y a pas plus de deux personnages, le Christ et la Vierge à ses côtés, c’est une croix. Dès qu’on ajoute des personnages supplémentaires, il s’agit d’un calvaire », répond le spécialiste. En parallèle de cette activité de recensement, il offre son expertise au sein de l’association des sept calvaires monumentaux de Bretagne qui a lancé, en 2017, l’opération « Quand les calvaires étaient peints… ». Ici, il s’agit de redonner aux monuments leurs couleurs d’antan. Car, beaucoup l’ignorent, les calvaires arboraient autrefois de multiples couleurs. Pour l’association, Pierre Floc’h dresse un état sanitaire des calvaires. Après Plougastel (29) et Plougonven (29), les prochaines communes éligibles sont Saint-Jean-Trolimon (29) et Pleyben (29). Deux calvaires vont être restaurés cette année. Une façon de redécouvrir un patrimoine qui n’a pas encore fini de dévoiler tous ses mystères.
Vous aimez la Bretagne ? Vous allez adorer l'application du Télégramme. Profitez d'une expérience de
lecture personnalisée et d'un accès rapide à l'actualité de votre commune.