Fernand Deligny : "Si l’humain était respecté, il n’y aurait plus de maladie mentale" : épisode • 1/3 du podcast Tentatives : Fernand Deligny

Fernand Deligny, fin des années 1970. Photographe non identifié.
Fernand Deligny, fin des années 1970. Photographe non identifié.
Fernand Deligny, fin des années 1970. Photographe non identifié.
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Première partie d’un documentaire diffusé en 1977 sur France Culture, consacré à Fernand Deligny (1913-1996), un éducateur hors du "commun".

La parole de Fernand Deligny est douce, calme, précise, et surtout très forte. Pour la suivre, il faut tendre plus qu'une oreille distraite. Car cette parole ne prend pas des chemins balisés, elle emprunte plutôt des sentiers qui bifurquent, ouvre des brèches, trace de nouvelles perspectives.

Nous qui parlons, nous sommes les sujets d’un immense empire, l’empire que le langage a sur chacun d’entre nous.

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Une parole parsemée de pronoms vertigineux, des "ON" des "NOUS" des "IL" , que Fernand Deligny prononce gravement et avec une extrême prudence, car ils mettent en jeu notre représentation du monde, et avec elle, notre regard sur la maladie mentale et l’autisme. "Nous qui parlons, explique Fernand Deligny, "nous sommes les sujets d’un immense empire, celui que le langage a sur chacun d’entre nous".

En 1938, je travaillais dans un immense hôpital psychiatrique, où il y avait des centaines d’enfants anormaux, empilés sur plusieurs étages, et parmi eux, des autistes. Leurs manières d’être, leurs trajets dans ce milieu asilaire, m’avaient alerté 

Installé dans un village des Cévennes à la fin des années 1960, Fernand Deligny avait choisi de vivre aux côtés d'enfants que l'institution psychiatrique avaient jugés incurables. Une institution à laquelle Fernand Deligny avait tourné le dos, pour ouvrir de nouvelles voies vers les enfants autistes ou psychotiques

L'enfant n'a rien, c'est "NOUS" qui ne le comprenons pas.

Il cherchait avec eux d'autres territoires, travaillait à des "tentatives" (nom donné par Fernand Deligny à ses expériences), où s'établirait le contact et la rencontre à travers un "au-delà du langage". Ces enfants, Fernand Deligny ne prétendait pas pouvoir les soigner, ni même les aimer. Son ambition était de les accueillir et de les aider. Les aider à vivre, avec eux-mêmes et avec les autres. Nous aider à vivre avec eux. 

  • Par Françoise Estèbe
  • Réalisation : Jean Couturier
  • Tentatives : Fernand Deligny 1/3 - Les vies retranchées (1ère diffusion : 05/08/1977)
  • Rédaction Web : Sylvain Alzial, Documentation sonore de Radio France
  • Archive Ina-Radio France

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