Comment tromper le désespoir ? : épisode • 3/4 du podcast Kierkegaard au secours de l’existence

Le désespéré - Gustave Courbet
Le désespéré - Gustave Courbet
Le désespéré - Gustave Courbet
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Peut-on être optimiste et désespéré à la fois ?

Avec
  • Alain Cugno Philosophe, professeur de philosophie au Centre Sèvres et entomologiste spécialiste des libellules

Le concept de l'angoisse (1844) et le Traité du désespoir (1849) de Kierkegaard sont deux textes fondateurs de l'existentialisme. Ils ont entre autres inspiré Ibsen, Heidegger, et Sartre, qui ont repris l'angoisse comme étant le sentiment, qui décrit le mieux l'homme mis en face de sa liberté.

"L'angoisse est le vertige de la liberté" déclare Kierkegaard. L'angoisse, le désespoir, ces états de tristesse qui empoignent l'existence, n'ont-ils rien à nous apprendre sur ce que signifie être libre ? Pour Kierkegaard, l'angoisse met l'homme face à sa liberté comme un enfant qui découvre pour la première fois le sentiment d'exister.

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Pour une heure, acceptons de porter cette angoisse. Peut-être qu'à la clé, se trouve le secret de notre liberté.

Le texte du jour

« On peut comparer l’angoisse au vertige. Quand l’œil vient à plonger dans un abîme, on a le vertige, ce qui vient autant de l’œil que de l’abîme, car on aurait pu ne pas regarder. De même l’angoisse est le vertige de la liberté, qui naît parce que l’esprit veut poser la synthèse et que la liberté, plongeant alors dans son propre possible, saisit à cet instant la finitude et s’y accroche. Dans ce vertige la liberté s’affaisse. La psychologie ne va pas jusque-là et refuse d’expliquer outre. Au même instant tout est changé, et quand la liberté se relève, elle se voit coupable. C’est entre ces deux instants qu’est le saut, qu’aucune science n’a expliqué ni ne peut expliquer. L’homme qui devient coupable dans l’angoisse, sa culpabilité est aussi ambigüe que possible. L’angoisse est une défaillance féminine où la liberté s’évanouit, et psychologiquement la chute n’a toujours lieu qu’en état de défaillance ; mais en même temps, l’angoisse est la chose la plus farouchement personnelle, et nulle manifestation concrète de la liberté n’est aussi jalouse du moi que l’est le possible de n’importe quelle concrétion. (…) Dans l’angoisse cet infini égotiste du possible ne nous tente pas, comme lorsqu’on est devant un choix, mais nous ensorcelle et nous inquiète de sa douce anxiété. »

- Sören Kierkegaard, Le concept de l’angoisse, Tel Gallimard, p.224

Lectures

- Sören Kierkegaard, Le concept de l’angoisse, Tel Gallimard, p.224

-Sören Kierkegaard, Traité du désespoir, Gallimard, 1849

Extrait

- Adaptation du roman du même nom de Pierre Drieu la Rochelle, Louis Malle, 1963

Références musicales

- Barbara, Le mal de vivre

- Beethoven, Bagatelle, op 126

- Beethoven, Sonate n°28 en La Maj

-Alain Baschung, Osez Joséphine

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