Trois cousins, les orangs-outans

Une femelle orang-outan et son petit sur l'île de Bornéo, Indonésie ©Getty -  Anup SHAH
Une femelle orang-outan et son petit sur l'île de Bornéo, Indonésie ©Getty - Anup SHAH
Une femelle orang-outan et son petit sur l'île de Bornéo, Indonésie ©Getty - Anup SHAH
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L'orang-outan ou "personne de la forêt" en malais, est l'un des proches cousins de l'espèce humaine. La population de ces singes a décru de plus de 80% en quelques décennies du fait du braconnage et de la déforestation.

Dans l’entrée de la galerie de paléontologie du Muséum, en majesté, une sculpture d’une beauté et d’une violence inouïe. Elle a été réalisée par Emmanuel Frémiet en 1895. Un orang-outan blessé y étrangle un homme qui, manifestement, en voulait à sa progéniture. 

Autre référence, dans le roman de Pierre Boule "La Planète des singes", les singes sont au pouvoir et les humains en esclavage. Les orangs-outans sont des lettrés, dont Zaïus le ministre de la science qui méprise les humains. À l’opposé de Zaïus qui nous déteste, un autre orang-outan rêve de devenir humain. Dans le film d’animation "Le livre de la Jungle ", le swinguant Roi Louie demande à Mowgli de lui transmettre le secret du feu, sésame pour devenir un Homme. 

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Ces trois personnages font écho à notre regard fasciné par l’orang-outan, cette "personne de la forêt ", comme le signifie orang-hutan en malais. Le premier témoigne de la lutte des hommes contre des créatures bestiales et dangereuses ; le deuxième inverse les rôles et souligne la plaie que constitue pour les singes la présence humaine sur Terre ; le troisième rêve d’une fusion, soulignant implicitement les similitudes entre les deux espèces. Il y a un peu de l’Homme dans l’orang-outan et réciproquement, car nous sommes proches cousins ! 

Une espèce "en danger critique d'extinction"

L’orang-outan de Bornéo, Pongo pygmaeus, est un habitant de la forêt plutôt paisible. Il en était ainsi depuis des siècles et cela aurait dû perdurer. Sauf que nous ne sommes pas très accueillants pour les membres de notre famille. Victimes du braconnage et de la déforestation, les orangs-outans ont perdu 80% de leur territoire et leurs populations ont décru de 86% en quelques décennies. L’espèce est "en danger critique d'extinction ". 

La situation est même pire. En effet, la science mettait tous les orangs-outans dans le même sac, lorsqu’en 1996, une analyse génétique a permis de distinguer deux espèces : une sur l’île de Bornéo, notre Pongo pygmaeus, l’autre sur l’île de Sumatra, Pongo abelii. Pire encore, on a découvert une troisième espèce dans une région montagneuse de Sumatra. Un accident géologique isole dans le district de Tapanuli une petite population aperçue dans les années 1930 et complètement oubliée depuis. 

L’existence des deux espèces a relancé cette affaire. Des scientifiques se rendirent sur place et trouvèrent effectivement une population isolée, d’environ 800 individus, au milieu de la forêt. Les analyses génétiques attestèrent que l’orang-outan de Tapanuli était une espèce distincte. Trois espèces d’orangs-outans ! Une bonne nouvelle pour la diversité sur Terre, mais un sérieux handicap pour leur préservation car chacune a des effectifs réduits ce qui la fragilise. 

Espérons que l’agriculture et le braconnage ne conduiront aucune de ces espèces à l’extinction. Puissent les humains ne pas donner raison au Roi Louie : nous aimons les orangs-outans tels qu’ils sont sans qu’ils aient besoin de devenir humains. Puissent les humains ne pas donner raison à Zaïus : cessons d’être une plaie pour les orangs-outans !

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