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Au pied de la tour Eiffel, des jeunes migrants isolés à la dérive

Ils ont quitté le Maroc ou l’Algérie pour fuir le quotidien d’une existence sans espoir, ignorant que le pire les attendait dans les rues parisiennes. La drogue, l’alcool, le dénuement.

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Publié le 05 mai 2021 à 02h40, modifié le 05 mai 2021 à 16h37

Temps de Lecture 6 min.

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Installés sur une bouche d’aération, dans les jardins du Trocadéro, des mineurs isolés dorment à même le sol, à Paris, le 27 avril.

La misère se dissimule parfois dans un décor de carte postale. En arrière-plan, la tour Eiffel prend les premiers rayons du soleil. Dans les jardins du Trocadéro, une poignée de joggeurs commencent leur journée en petites foulées. Sur l’esplanade, une femme en robe longue blanche à sequins prend la pose devant son téléphone portable installé sur trépied, cheveux blonds permanentés, lèvres soulignées au rouge carmin.

Et là, à l’abri des regards, en contrebas, au pied de la Cité de l’architecture et du patrimoine, recroquevillés au sol, réchauffés par le souffle qui traverse les grilles de la bouche d’aération de l’Aquarium, cinq adolescents endormis. Il est 7 heures. Il fait 5 degrés. Ils sont allongés au milieu d’un amas de bouteilles de vodka vides, de cartons de bière, de sacs plastique, de chaussettes sales, d’emballages de nourriture et d’excréments.

Les restes d’une vie d’errance, d’une vie sans toit, sans famille, sans but. Loin de leur pays d’origine, loin de ce qu’ils avaient imaginé de l’Europe. Ils ont quitté le Maroc ou l’Algérie, plus rarement la Tunisie, pour fuir le quotidien d’une existence sans espoir à laquelle ils voulaient échapper, à tout prix, ignorant que le pire les attendait. La drogue, l’alcool, le dénuement, la délinquance.

Des gardes à vue en hausse

Polytoxicomanes et imprévisibles, ces enfants, que l’on appelle « mineurs isolés marocains » (même s’ils ne sont pas tous mineurs, contrairement à ce qu’ils prétendent, et pas tous marocains), ont fait leur apparition il y a un peu plus de quatre ans dans le quartier de la Goutte-d’Or, à Barbès, dans le 18e arrondissement de la capitale.

Plus récemment, ils ont investi le Trocadéro et le quartier huppé de l’Ouest parisien qui l’entoure, semant le désordre, la violence et la peur. Vols à l’arraché, cambriolages… Au dernier trimestre 2019, le commissariat de police du 16arrondissement comptait une vingtaine de gardes à vue liées aux activités délictueuses de cette population. En 2020, malgré le confinement, 400.

Lire le reportage : Article réservé à nos abonnés Les gamines à la dérive de Barbès

Comme tous les matins, un équipage de trois policiers vient les réveiller pour les déloger « dans le calme ». Comme tous les matins, ils peinent à ouvrir les yeux, se lèvent sans bruit, ramassent leurs maigres effets et disparaissent sans un mot. Pour quelques heures seulement. Ils reviendront plus tard, à l’arrivée des badauds et des touristes.

Leurs journées, ils les passent à avaler des cachets de Rivotril (benzodiazépine bon marché dont l’usage a été détourné pour devenir une drogue de rue), boire et voler : colliers, portefeuilles et téléphones portables. Leurs nuits, ils les passent à avaler des cachets de Rivotril, boire et cambrioler : bistrots, commerces et pharmacies. Le tout, ponctué de séances de selfies au pied de la tour Eiffel, large sourire aux lèvres, liasses de billets à la main, pour faire croire aux copains restés au pays qu’ils ont la belle vie. Et entretenir ainsi le fantasme d’un avenir meilleur, sur le sol européen.

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