Chahinez Boutaa avait 31 ans. Elle est morte le 4 mai après avoir été blessée par arme à feu et brûlée vive par son mari, à Mérignac (Gironde), dans l’agglomération de Bordeaux. Ses trois enfants de 5, 8 et 13 ans n’étaient pas présents et ont été pris en charge. Interpellé armé peu de temps après les faits, Mounir Boutaa, 44 ans, a été placé en garde à vue pour assassinat. Il devait être présenté au parquet, jeudi 6 mai.
Après l’audition de témoins durablement sous le choc, les policiers ont pu reconstituer la chronologie du drame : plusieurs détonations suivies de cris, entendus avenue Carnot à Mérignac, une femme qui s’effondre sur le trottoir, touchée aux cuisses, un homme qui la poursuit, prend un bidon dans sa camionnette garée à proximité, l’asperge d’un liquide et met le feu à son corps au sol. « La maison de la victime, située à quelques centaines de mètres du lieu du drame, [a été] découverte en partie incendiée, vide de tout occupant », détaille la procureure de la République de Bordeaux, Frédérique Porterie.
Le lendemain, l’habitation, située dans un quartier résidentiel de la ville, porte encore les stigmates de l’incendie. L’air sent toujours la fumée, la porte d’entrée est sous scellé et un ruban de balisage délimite la zone d’enquête. C’est ici que 400 personnes se sont rassemblées mercredi soir à l’appel du collectif #NousToutes. Pour un hommage fait de fleurs et de pleurs, d’écrits et de bougies à la flamme chancelante, de mots et de longs silences. « Silence, on tue », « Chahinez, on ne t’oublie pas », « Stop aux féminicides », « Pour une maman qui aspirait à vivre en paix, aimait profondément ses enfants, qui leur organisait des anniversaires avec des ballons multicolores et des rires d’enfants dans le jardin ». Derrière tous ces messages, des proches de la victime, des voisins ou des anonymes comme Nadine, roses blanches à la main, « touchée au cœur par l’horreur et la barbarie de cet acte ».
Immense tristesse, colère et sentiment d’injustice
« Depuis mardi soir, l’émotion s’est emparée de toute la ville, résume le maire (Parti socialiste) de Mérignac, Alain Anziani. Ce qui domine, c’est une immense tristesse, une colère, un sentiment d’injustice. Tout le quartier s’est dit : “C’est notre affaire”. » Dans la journée, la cellule médico-psychologique mise en place avec l’aide du SAMU a déjà accueilli près d’une cinquantaine de riverains.
« Nous sommes sous le choc », explique Chaima, fille d’une amie de la victime, qui console les plus petits. « Elle était gentille, généreuse, toujours souriante même si elle avait des problèmes avec son mari, poursuit-elle sobrement Chaima. C’était une belle personne. C’est comme si nous avions perdu un membre de la famille. »
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