“J’ai le cœur en miettes, c’est insoutenable de penser que mon enfant n’est pas là, avec moi, et que je ne peux pas la faire venir.” Maryem Abdulhamid s’interrompt parfois pour reprendre le contrôle de sa respiration et le cours de son récit. À 47 ans, cette mère ouïgoure installée en Turquie pleure l’absence d’une fille, la troisième de ses quatre enfants, captive de la province chinoise du Xinjiang, depuis la fuite de sa famille en 2016. Rizwangul n’avait que 12 ans la dernière fois que sa mère l’a vue. À peine plus lorsque celle-ci l’a entendue pour la dernière fois au téléphone, en 2017, et qu’elle a appris que le père de Rizwangul avait été arrêté puis détenu dans un “camp de rééducation”. Sa fille se retrouvait seule et livrée à elle-même. Depuis, plus de nouvelles.

The Diplomat relate une série d’histoires similaires, glaçantes. Celles de familles ouïgoures qui ont bénéficié de l’ouverture d’une “étroite fenêtre”, il y a cinq ans, pour quitter la Chine et rejoindre la Turquie. N’obtenant pas de passeport pour certains de leurs