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Archéologie : découverte en Arabie saoudite de mystérieuses structures en pierre parmi les plus anciennes du monde

Archéologie : découverte en Arabie saoudite de mystérieuses structures en pierre parmi les plus anciennes du monde
Plus de 1000 mustatils ont été identifiés par les chercheurs. ©Royal Commission for AlUla

Le 30 avril dernier, des archéologues ont dévoilé leurs dernières découvertes concernant les mustatils présents sur le site d'AlUla et de Khaybar en Arabie saoudite. Datées du VIe millénaire avant J.-C., ces mystérieuses structures monumentales en pierres pourraient avoir été construites dans le cadre de rituels sacrés au Néolithique.

Avant les pyramides d’Égypte et Stonehenge, il y avait les mustatils. C’est du moins ce qu’affirme une étude publiée le 30 avril dernier, sur Cambridge University Press, par des archéologues de l’université d’Australie-Occidentale à Perth. Quelques jours après l’annonce du plan d’investissement pour AlUla (qui s’élève à 15 milliards d’euros), l’oasis continue de faire parler d’elle. Les chercheurs se sont en effet penchés sur les mustatils (qui signifie rectangle en arabe), de mystérieuses constructions monumentales en pierre situées à sur les sites d’AlUla et de Khaybar (Nord-Ouest de l’Arabie saoudite), érigées au VIe siècle avant J.-C. d’après les spécialistes.

1000 mustatils enregistrés par le Kingdoms Institute

Si l’existence des mustatils est connue depuis les années 1970, c’est la première fois qu’une telle opération archéologique est lancée pour analyser le vaste site qui les abrite. Pour étudier les longs murets de grès et de schiste en forme de rectangle, dont la longueur mesure entre 20 et 620 mètres, l’équipe d’universitaires a réalisé des recherches aériennes et terrestres sur les vastes étendues de la région. Les archéologues ont identifié 350 mustatils photographiés depuis les airs par hélicoptère, 641 par télédétection à l’aide de l’imagerie satellitaire et une quarantaine au sol. En tout, le Kingdoms Institute (centre mondial de recherche archéologique et de conservation mandaté par la Commission royale pour AlUla) a enregistré plus de 1000 mustatils, soit deux fois plus que ceux qui avaient pu l’être auparavant.

Les scientifiques ont réalisé des photographies aériennes pour identifier les mustatils. ©Royal Commission for AlUla

Les scientifiques ont réalisé des photographies aériennes pour identifier les mustatils. ©Royal Commission for AlUla

Des constructions au service d’une croyance commune ?

En fouillant une des structures, les archéologues ont également mis au jour des éléments pouvant apporter un nouvel éclairage sur le Néolithique arabe. Ils ont notamment découvert des pierres dressées non décorées autour desquelles des cornes et des os de bovins, moutons, chèvres et gazelles étaient disposés comme des offrandes, dans des cellules circulaires en pierre. ​« Nous pensons que des personnes ont créé ces structures à des fins rituelles au Néolithique, ce qui impliquait d’offrir des sacrifices d’animaux sauvages et domestiques à une ou des divinités inconnues », explique Hugh Thomas, archéologue de l’université d’Australie-Occidentale. En effet, vu la faible hauteur des murs, il semble peu probable que ces cellules soient d’anciens enclos pour animaux et, pour le moment, aucune sépulture humaine n’a été trouvée à l’intérieur ou à proximité des mustatils. Ces structures pourraient bien être les premières preuves d’une activité sacrée au Néolithique dans le désert d’Arabie.

La datation au radiocarbone d’une corne et d’une dent de bovin découvertes dans une chambre les situe au VIe millénaire avant J.-C. Si on ignore encore la fonction exacte de ces structures et quelle(s) personne(s) ou divinité(s) y étaient adorées, si tel était bien le cas, ces dernières découvertes apportent de nouveaux éléments aux chercheurs. « En raison de la taille monumentale de certains de ces bâtiments, cela a dû nécessiter des efforts considérables, il est donc très probable que de grandes communautés ou des groupes de personnes se soient réunis pour les construire. Cela suggère une organisation sociale importante et un objectif ou une croyance commune », continue Hugh Thomas.

Les archéologues ont fouillé un mustatil pour retracer l'histoire de ces mystérieux monuments néolithiques. ©Royal Commission for AlUla

Les archéologues ont fouillé un mustatil pour retracer l’histoire de ces mystérieux monuments néolithiques. ©Royal Commission for AlUla

De vastes campagnes de fouilles archéologiques à prévoir dans l’oasis

« Les découvertes réalisées sur les mustatils représentent une avancée majeure dans notre perception et notre compréhension des sociétés néolithiques, et signent la première étape des ambitions saoudiennes en matière de recherches en archéologie », déclare Dr Abdulrahman Alsuhaibani, récemment nommé au poste de directeur par intérim des musées et des expositions de la Commission royale pour AlUla dans un communiqué. En effet, ces fouilles s’inscrivent dans le cadre de « Vision 2030 », le plan de développement lancé par le gouvernement saoudien en 2016 pour faire rayonner le pays dans le monde, en dehors de son offre pétrolière. Ainsi, 160 scientifiques, français, britanniques, allemands, et, dans le cas de la découverte des mustatils, australiens, sont mobilisés pour étudier les vestiges de la vallée. Ainsi, les villes antiques de Dadan, Hégra et le site archéologiques des mustatils vont être étudiés de fond en comble par les chercheurs pour retracer les 7000 ans d’histoire de la région et notamment celle des civilisations préislamiques majeures.

« Avec les nombreux programmes de recherche en cours, le comté d’AlUla est en train de devenir la zone de recherche archéologique la plus active du Moyen-Orient. Nous venons d’achever la prospection aérienne et terrestre de ses plus de 22 000 km2 de terrain et avons enregistré plus de 30 000 sites archéologiques », déclare Rebecca Foote, directrice de la recherche sur l’archéologie et le patrimoine culturel de la Commission royale pour AlUla. L’Arabie saoudite n’est donc pas au bout de ses surprises archéologiques.

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