Vesoul Une fillette de 5 ans l'accuse d'agression sexuelle, il est relaxé au bénéfice du doute

Un quadragénaire comparaissait devant le tribunal judiciaire de Vesoul, jeudi, soupçonné d’avoir agressé sexuellement une enfant de 5 ans. Le prévenu a toujours nié les faits avec force. Malgré des accusations précises et constantes de la fillette, l’homme a été relaxé faute de preuves matérielles.
Laurie MARSOT - 07 mai 2021 à 05:00 | mis à jour le 07 mai 2021 à 10:56 - Temps de lecture :
« Des détails pareils, ça ne s’invente pas, surtout de la part d’une petite de 5 ans », a estimé le procureur. Dans ce dossier, les expertises psychiatriques et psychologiques menées sur la petite n’ont révélé aucune faille particulière dans son discours.  Photo d’illustration ER /Lionel VADAM
« Des détails pareils, ça ne s’invente pas, surtout de la part d’une petite de 5 ans », a estimé le procureur. Dans ce dossier, les expertises psychiatriques et psychologiques menées sur la petite n’ont révélé aucune faille particulière dans son discours. Photo d’illustration ER /Lionel VADAM

« Il a été très méchant. » Ce fut les premiers propos de la fillette en retrouvant sa maman, le soir du 2 février 2019. L’enfant âgée de 5 ans venait de passer une partie de la soirée seule chez un homme, une connaissance de sa maman. La petite racontera alors que son hôte lui aurait montré son sexe en érection, l’incitant à le toucher et aurait également caressé et léché le sexe de la petite. Des accusations que la victime aura, tout au long de la procédure, maintenues, décrivant les faits de manière circonstanciée et constante. En face, le quadragénaire a toujours nié en bloc avec la même constance. Une posture qu’il a maintenue à l’audience, jeudi, alors qu’il devait répondre d’agression sexuelle sur mineure de moins de 15 ans.

« Des simulacres de preuve préfabriqués »

Reste que dans ce dossier, plusieurs éléments troublants ont été mis en avant par les enquêteurs, comme l’a rappelé la présidente, Claire-Marie Casanova. « C’est vous-même qui vous êtes présenté au commissariat dès le lendemain, après des échanges SMS avec la maman dans lesquels vous apprenez les accusations à votre encontre. » Dans ces échanges, le prévenu a été le premier à suggérer des accusations d’ordre sexuel.

On a fait des roulades sur le lit, c’est tout. Je n’ai pas vu le mal

Le prévenu

Ce jour-là, relève encore la présidente, « Vous ne portiez pas de sous-vêtements, alors que votre pantalon ne fermait pas complètement, car des boutons manquaient à la braguette ». Une tenue peu appropriée qui, à l’époque, a permis au prévenu de supposer que la petite avait peut-être entraperçu ses attributs par ce biais-là. « La petite est venue dans votre chambre, sur votre lit ! Pensez-vous vraiment que cela soit approprié ? », s’est agacé le procureur, Stéphane Clément. « On a fait des roulades sur le lit, c’est tout. Je n’ai pas vu le mal. » Au cours de la soirée, l’homme a en outre appelé à de nombreuses reprises la maman, « pour la rassurer », dira-t-il. Ou l’endormir, selon l’interprétation du procureur : « C’est comme si vous préfabriquiez des simulacres de preuves. » « C’est complètement fou, ça va trop loin », s’offusque le prévenu.

Des réquisitions " astronomiques "

« Tout cela mis bout à bout, ça fait beaucoup », appuie le procureur, qui requiert une peine de 36 mois d’emprisonnement dont 24 mois assortis d’un sursis probatoire.

Des réquisitions « astronomiques », pour l’avocat de la défense, Me Garniron. « Je note qu’on s’interroge, certes, mais est-ce qu’on est convaincu ? », questionne l’avocat, évoquant les différentes expertises menées sur son client, qui excluent le moindre trouble ou déficience, comme celles menées sur la petite, du reste. « S’il y a un doute, il doit profiter au prévenu. »

Nous n’avons hélas pas d’autre élément que la parole de cette enfant pour qualifier cette agression sexuelle

Claire-Marie Casanova

Un principe qui a effectivement guidé la décision du tribunal : « Nous n’avons hélas pas d’autre élément que la parole de cette enfant pour qualifier cette agression sexuelle », a détaillé Claire-Marie Casanova. « Cela ne veut pas dire qu’on ne la croit pas, mais en droit, nous avons besoin de preuves. » En apprenant sa relaxe, l’homme, lui, a fondu en larmes.