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En Irak, tentative d'assassinat d'un journaliste, au lendemain de la mort d'un militant

Un journaliste irakien était tôt lundi en soins intensifs après une tentative d'assassinat dans le sud de l'Irak, 24 heures après qu'Ehab al-Ouazni, l'une des voix anti-pouvoir en Irak, a été abattu.

La foule transporte le cercueil du militant Ehab al-Ouazni,assassiné dimanche 9 mai à Kerbala.
La foule transporte le cercueil du militant Ehab al-Ouazni,assassiné dimanche 9 mai à Kerbala. REUTERS - ABDULLAH DHIAA AL-DEEN
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Vers une heure du matin, « alors qu'il sortait de sa voiture pour rentrer chez lui » près de Diwaniya, le journaliste Ahmed Hassan de la chaîne irakienne al-Fourat, était victime de tirs, rapporte à l'AFP un témoin présent au moment des faits. Il est depuis en soins intensifs après avoir reçu « deux balles dans la tête et une à l'épaule », a expliqué un médecin à l'AFP.

Tôt dimanche, des hommes armés de pistolets munis de silencieux avaient tiré plusieurs balles sur Ehab al-Ouazni, qui depuis de longues années dénonçaient les groupes armés ou la mainmise de l'Iran dans son pays depuis sa ville sainte chiite de Kerbala. Le militant n'y a pas réchappé.  Dans la soirée, des manifestants ont brûlé des pneus et des préfabriqués devant le consulat d'Iran à Kerbala après avoir scandé au cours du cortège funéraire de M. Ouazni « Iran dégage ! » ou « Le peuple veut la chute du régime ! ». Depuis la situation n'a cessé de dégénérer. Des manifestations ont éclaté à Kerbala, mais aussi à Diwaniyah et Nassiriya, deux autres villes du Sud.

L'assassinat de M. Ouazni et la tentative d'assassinat contre M. Hassan ont font ressurgir le spectre des éliminations politiques, dans un pays qui en était coutumier durant la guerre civile (2006-2009) mais où ils avaient depuis cessé.

Ces violences interviennent alors que le pays est censé organiser des législatives en octobre - un scrutin anticipé promis dans la foulée d'une révolte inédite en octobre 2019. Ce mouvement, la « révolution d'octobre » conclue par près de 600 morts, ne s'est arrêté que sous les coups d'une campagne d'intimidations, d'enlèvements et d'assassinats.

L'ombre des milices iraniennes

Si les militants sont aussi exaspérés, c'est parce qu'ils espéraient une protection du gouvernement actuel, nommé parce que le précédent avait dû partir face à la « révolution d'octobre ». La police de Kerbala a eu beau dire qu'elle ne « ménagerait pas ses efforts » pour retrouver « les terroristes » derrière cet « assassinat » et le Premier ministre Moustafa al-Kazimi promettre de « rattraper tous les tueurs », ils n'ont pas convaincu. La famille Ouazni a ainsi affirmé qu'elle ne recevrait aucune condoléance tant que les auteurs ne seraient pas démasqués.

Car les militants considèrent que M. Kazimi, également patron du renseignement, n'a toujours pas fait, un an après sa prise de fonction, justice aux critiques assassinés. M. Ouazni lui-même s'en était pris au chef de gouvernement en février sur Facebook : « Tu es au courant de ce qu'il se passe ? Tu sais qu'ils enlèvent et tuent ou bien tu vis dans un autre pays que nous ? ».

Depuis octobre 2019, au moins 70 militants ont été victimes d'assassinats ou de tentatives d'assassinat et des dizaines enlevés plus ou moins brièvement. Hicham al-Hachémi, un spécialiste du jihadisme, a été assassiné en juillet 2020 sous les yeux de ses enfants devant sa maison à Bagdad.

Personne n'a revendiqué leur mort mais pour les militants, comme pour l'ONU, ce sont des « milices ». « Les milices de l'Iran ont assassiné Ehab et vont tous nous tuer, elles nous menacent et le gouvernement reste silencieux », a dénoncé l'un de ses amis dans une vidéo tournée à la morgue.

(Avec AFP)

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