Fini les longues étiquettes incompréhensibles au dos des produits ménagers. Le gouvernement veut mettre en place un Toxiscore, d'ici 2022, qui indiquera au consommateur, grâce à une notation et un système de couleur, le degré de toxicité du produit qu'il utilise. Si Barbara Pompili envisage de rendre cet étiquetage obligatoire, elle pourrait se heurter à la réglementation européenne. 

Après le Nutriscore et l’indice de réparabilité, voici un petit nouveau dans la famille des notations : le Toxiscore. Ce nouveau label annoncé le 7 mai dernier sur France Info par Barbara Pompili va permettre de simplifier l’étiquetage des produits ménagers jugés "très complexes" par la ministre de la Transition écologique. "Il faut qu’on sache au premier coup d’œil s’il faut prendre des précautions d’utilisation, par exemple mettre des gants ou bien aérer la pièce", a-t-elle souligné. 
Aujourd’hui, les Français achètent plus d’un milliard de produits ménagers par an, selon le ministère. Le nouveau label serait calqué sur le modèle du Nutriscore. Selon plusieurs critères qui reste à définir, il évaluera la nocivité des produits pour la santé et l’environnement, avec un code couleur allant du rouge au vert. Tous les produits de nettoyage pourraient être concernés.
Une obligation incertaine
Si la ministre de la Transition écologique a affirmé que l’étiquette serait obligatoire à partir de 2022, "l’idée est d’aboutir dans un premier temps sur un affichage volontaire", fait valoir le ministère. Et c’est ici que le bât blesse juge Olivier Andrault. Le chargé de mission Agriculture et alimentation de l’UFC Que Choisir explique, sur France Info, que cette annonce est une "bonne nouvelle pour la protection des consommateurs" mais qu’il est possible que, comme le Nutriscore, elle ne soit jamais rendue obligatoire. La réglementation européenne s’est en effet opposée à l’application du Nutriscore. "C’est pour cela qu’on ne le trouve pas sur les produits les plus gras et les plus salés", explique-t-il. Il craint ainsi que le toxiscore ne soit pas apposé "sur les produits les plus dangereux". 
Les fabricants les plus vertueux appliqueront pour leur part le Toxiscore pour mettre en avant leurs efforts. Une façon détournée de se différencier tout en guidant les consommateurs. Contactée par Novethic, l’Association française des industries de la détergence (Afise) affirme être tenue à un "devoir de réserve" car elle participe, avec d’autres professionnels du secteur, aux travaux du Conseil National de la Consommation qui vise à améliorer la lisibilité des étiquettes des produits d’hygiène et d’entretien. Mais elle assure que l’information des consommateurs est "un sujet prioritaire". 
Pas d’interdiction de substances nocives
Ce Toxiscore était l’une des vingt actions du quatrième plan national santé environnement (PNSE) présenté conjointement par le ministère de la Transition écologique et celui de la santé. Il prévoit notamment de créer une application sur smartphone qui permettra d’identifier la présence de substances chimiques dangereuses dans des produits du quotidien ou encore de "renforcer la surveillance de la santé animale dans le contexte de la crise sanitaire pour prévenir le développement des maladies infectieuses d’origine animale".
Pour François Veillerette, le porte-parole de Générations futures, ce PNSE "repose quasi exclusivement sur l’information du public sans réelles mesures restrictives visant à limiter l’exposition des populations à des pollutions dangereuses". L’association militait plutôt pour l’interdiction directe de "substances dangereuses" plutôt que "d’opérer un transfert de responsabilité sur le citoyen".
Marina Fabre, @fabre_marina

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