Pourquoi l'entrée de Gisèle Halimi au Panthéon est compromise

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Pourquoi l'entrée de Gisèle Halimi au Panthéon est compromise

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La panthéonisation de Gisèle Halimi est réclamée par plusieurs associations féministes,  la Ville de Paris et par la ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes
La panthéonisation de Gisèle Halimi est réclamée par plusieurs associations féministes, la Ville de Paris et par la ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes
© AFP - Hans Lucas / Jacopo Landi

INFO FRANCE INTER | Les associations féministes, plus de 34.000 pétitionnaires en ligne, le conseil de Paris et même la ministre chargé de l'égalité femmes hommes réclament la panthéonisation de Gisèle Halimi. Mais l'engagement de l'avocate sur la guerre d'Algérie pourrait conduire le président à renoncer au projet.

La célèbre avocate et militante féministe est morte le 28 juillet 2020, à 93 ans. Depuis, sa panthéonisation est réclamée par plusieurs associations féministes, par la Ville de Paris ou encore par la ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, Élisabeth Moreno, pour qui l'avocate "a été une militante de tous les droits, a porté des batailles que personne n'avait eu le courage de porter avant elle". Mais selon les informations de France Inter, il y a de fortes chances qu'Emmanuel Macron y renonce. En cause, l'engagement de Gisèle Halimi pendant la guerre d'Algérie. 

C'est une règle absolue : une panthéonisation doit rassembler et, par-dessus tout, ne froisser personne. Le nom de Gisèle Halimi, héroïne de la lutte pour les droits des femmes, semblait plutôt consensuel. Mais en janvier dernier, le rapport rendu par Benjamin Stora à l'Élysée "a clivé", confie un proche du dossier. Dans ce rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie commandé par Emmanuel Macron, l'historien recommande de faire entrer Gisèle Halimi au Panthéon, comme "figure d'opposition à la guerre d'Algérie".

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Mettre en lumière la grande cause du quinquennat ou "réconcilier les mémoires" ?

L'avocate de militants du FLN (Front de libération nationale) parmi les "grands hommes" - et les grandes femmes ? "Certaines associations de harkis et de pieds-noirs l'ont pris comme une insulte", regrette cette même source. Cela n'a pas échappé au président, son entourage le reconnaît. Lui qui s'est donné pour mission de "réconcilier les mémoires" hésite à prendre le risque de raviver ces blessures.

L'entrée au Panthéon de Gisèle Halimi serait pourtant l'occasion, explique un conseiller, "d'envoyer au passage un message à la gauche" à quelques mois de l'élection présidentielle, et de "mettre en lumière la grande cause du quinquennat", l'égalité entre les femmes et les hommes. Pour l'heure, seules cinq femmes ont eu un tel honneur (sur 80 "panthéonisés") : Simone Veil, les résistantes Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion, la physicienne Marie Curie et la scientifique Sophie Berthelot. Alors chez Élisabeth Moreno, on jure que la ministre "ne lâchera rien" et "continuera de se battre", dans la presse comme en coulisses.

La panthéonisation de l'emblématique combattante féministe et anticolonialiste est toujours en cours d'examen par la commission "Mémoire et vérité" mise en place par l'Élysée dans la foulée du rapport Stora. Si cette entrée au Panthéon pourrait finalement être jugée trop sensible, la présidence assure en revanche que l'hommage national à Gisèle Halimi promis par Emmanuel Macron aura bien lieu, à une date qui n'est pas encore fixée.

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