"Une ancienne camarade de lycée m'a appelé à 4h du matin, elle avait une lame (un couteau)", raconte Maeva, pour qui "le plus dur est de faire accepter la plainte" par la police, qui "nous décourage car on ne retrouvera jamais les auteurs".
Le phénomène "ne va cesser d'augmenter", s'inquiète pour sa part l'avocate Rachel-Flore Pardo, cofondatrice de Stop Fisha. "La drague, la séduction et la sexualité des jeunes passent désormais par les réseaux."
Sur internet, il existe "une sorte d'immunité", estime Me Pardo. "On ne tolérerait pas ce qui se passe dans le virtuel dans la vraie vie. Imaginez que je placarde la photo d'une personne nue dans un restaurant !"
Pour l'avocate, il est "essentiel de prendre au sérieux les plaintes", de "former les policiers et les magistrats au cyberhacèlement" mais aussi de "sensibiliser les jeunes à ces dangers, dès l'enfance".
De nombreux adultes se sentent dépassés par ce phénomène. "On ne maîtrise pas lorsqu'il s'agit de harcèlement virtuel", reconnaît Raphaël, professeur d'histoire-géographie dans un lycée de Seine-Saint-Denis. "On aimerait les aider, ces filles pensent que leur monde s'écroule."
"On essaie de surveiller les téléphones. Je parle tous les jours à mes filles mais on ne contrôle pas tout", résumait Sonia, une mère qui élève seule trois adolescents, lors de la marche blanche organisée à Argenteuil (Val-d'Oise) à la mémoire d'Alisha. "Je suis touchée, effrayée et dépassée par ce qui se passe entre les ados."