Normandie : et si vous parrainiez un pommier rare du Verger conservatoire du pays de Bray

Le verger conservatoire du Pays de Bray recèle de 400 variétés de pommes dont 100 variétés oubliées. Pour permettre leur réintroduction pourquoi, n'en planteriez-vous pas un ?

Les pommiers cherchent désormais des parrains.
Les pommiers cherchent désormais des parrains. (©L’Eclaireur-La Dépêche)
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Connaissez-vous, la belle de Merval, l’Amer de Bray, l’Api étoilé, l’Agile très grise ou encore la Barbarie rouge ? Au total plus de 400 variétés de pommes sont préservées dans le verger conservatoire participatif du Pays de Bray, situé à Brémontier-Merval, près de Gournay-en-Bray. Parmi elles, certaines sont menacées.

L’association du Domaine de Merval qui gère le verger propose une action de sauvegarde qui vise à rendre pérenne une ressource rare et fragile.

Votre nom à un arbre

Pour cela, chacun a la possibilité de jouer un rôle. Pour cela il suffit de parrainer  un pommier rare.

Ainsi contre un don pendant plusieurs années, une variété de pommier porte le nom de son bienfaiteur.

Via le site internet et la consultation de fiches, les parrains et marraines pourront géolocaliser leur arbre, avoir des informations, des photos sur son évolution, sa résistance aux aléas climatiques.

 Les personnes intéressées et qui ne savent pas greffer viennent au mois de novembre. Elles choisissent des variétés de pommes et posent des questions aux adhérents. Le parrain a le choix : des pommiers basse tige ou des pommiers traditionnels qui vivent jusqu'à 80 ans. En revanche, il faut attendre 15 ans pour avoir des pommes.

François JuguetPrésident de l'association du Domaine de Gerval

 Et d’ajouter : « L’hiver, les greffons seront prélevés. Au printemps, ils seront greffés. Et l’hiver suivant, la personne repart avec ses pommiers ».

100 variétés uniques en Europe

Particuliers, entreprises, communes et collectivités peuvent ainsi s’impliquer dans la sauvegarde de la biodiversité. Et dans un patrimoine rare. L’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) fait apparaître dans ses analyses 100 variétés uniques en Europe sur une base de 9600 spécimens.

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Eric Picard et la communauté de communes des 4 Rivières soutiennent le conservatoire participatif. Tout comme Xavier Lefrançois, maire de Neufchâtel-en-Bray.

Le maire de Gournay, tout comme Marie-France Devillerval, l’édile de Ferrières-en-Bray ont de manière concrète apporté leur aide à l’association. Ils ont planté plusieurs pommiers du verger participatif dans leurs communes.

« Mettre à l’abri ce trésor patrimonial »

L’association qui fonctionne grâce aux visites et à l’animation Sauve ta pomme a plus que jamais besoin du soutien de tous. En cette période de crise sanitaire, aucun greffon n’a pu être commercialisé. Eric Picard a d’ailleurs plaidé en faveur du verger participatif en appelant toutes les communes « à être solidaire pour mettre à l’abri ce trésor patrimonial ».

Pourquoi observer et sauvegarder différentes variétés de pommiers ?

Quand Hélène Jouve, a pris son poste d’animatrice au verger, elle a immédiatement pris les choses en main. Faute de soins, les arbres de l’ancien verger s’abîmaient vite. Elle s’est empressée de replanter sur des terres de la ferme du lycée et sur 3 parcelles. Celles-ci ont désormais 12 ans et représentent 420 pommiers. Un double de l’ensemble a été planté de façon plus serrée, faute de place à la cidrerie du domaine de Merval.
Toutes les variétés ont été regreffées dans le nouveau verger. « C’est vraiment le verger d’observation et de notation », explique François Juguet.
« Là, nous sommes au début de la floraison des pommiers. Deux fois par semaine, un relevé est effectué sur les pommiers car il y a des stades de floraison », détaille le président de l’association du Domaine de Merval.
« Grâce à toutes les annotations laissées par M. Bazerque et le travail d’enrichissement d’Hélène Jouve, nous avons vraiment de la matière. Tout est intégré dans une base de données ».
Pourquoi noter tout ça ? « Aujourd’hui, on parle de réchauffement. Mais il n’y a pas que ça. Il y a un vrai changement climatique. L’an dernier, au mois de mars, il faisait chaud jour et nuit. Il y a 2 ans, ce n’était pas le cas. Cette année, il a gelé un peu au mois de mars et il gèle encore au moins d’avril. Si les températures sont en dessous de -2°, un arbre qui est en pleine floraison ne donnera pas de pommes », insiste François Juguet.
Si on continue à planter les mêmes variétés de pommiers, ils seront sujets au gel. Donc, il n’y aura pas de pommes. « Alors que si nous plantons des variétés qui fleurissent début mai, on est pratiquement assuré qu’il y aura des pommes ». D’où l’intérêt de toutes ses études autour des différentes variétés. « Aujourd’hui, nous travaillons pour l’avenir, pour des personnes qui auront des pommes dans 10 à 15 ans ». Intégrer des variétés beaucoup plus classiques de pommes à cidre permet d’avoir des références par rapport aux variétés qui sont habituellement cultivées.

À lire aussi

Une réimplantation chez les producteurs Normands

Toujours dans un objectif de préservation, l’association a déposé un dossier auprès de la Région pour faire connaître, promouvoir et diffuser ces variétés de pommes qui font partie du patrimoine de la Région.

« Le but étant la réimplantation des variétés locales chez les producteurs normands », explique François Juguet. Le conservatoire participatif espère une réponse positive qui permettrait également la poursuite du travail entrepris par Hélène Jouve laquelle a créé et peaufiné une base de données de plus de 400 variétés de pommes d’après les carnets de Fernand Bazerque, initiateur du verger dans les années 80.

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