Nouvelle secousse pour Audrey Pulvar. Déjà fragilisée par la polémique sur les réunions non mixtes, la candidate choisie par les socialistes pour porter leurs couleurs dans la campagne des régionales en Ile-de-France vient d’être lâchée par un membre important de son équipe, Bertrand Kern.
Le maire socialiste de Pantin, en Seine-Saint-Denis, devait prendre la tête de la liste « Ile-de-France en commun » dans ce département, le plus à gauche de la région, et le plus peuplé après Paris. Le document comportant son nom avait déjà été déposé à la préfecture. Mais mercredi 12 mai, en milieu de journée, Bertrand Kern a envoyé un SMS à Audrey Pulvar pour lui annoncer qu’il se retirait, ainsi que l’a révélé Le Figaro.
« C’est un cri d’alarme, explique Bertrand Kern au Monde. Je pense qu’on va à la catastrophe. La gauche régionale n’a pas réussi à s’unir, et on file droit à la réélection de Valérie Pécresse, qui va se servir de ce succès comme d’un marchepied pour 2022. Peut-être est-il encore temps de réagir. »
L’ancienne journaliste lui a répondu de quelques mots qui paraissent curieusement détachés : « J’ai déjà pris les dispositions afférentes. Belle route à toi. » Sur la liste, Bertrand Kern pourrait être remplacé en dernière minute par Mathieu Hanotin, le maire socialiste de Saint-Denis, qui a conquis en 2020 la ville alors contrôlée par les communistes, indiquent des sources convergentes.
Tensions entre les socialistes et les autres
La démission spectaculaire de Bertrand Kern confirme les tensions au sein de l’équipe d’Audrey Pulvar entre socialistes et non-socialistes, dans une campagne particulièrement difficile. Deux sujets ont cristallisé les oppositions. D’abord, la composition des listes. En Seine-Saint-Denis, la liste déposée en préfecture ne comportait que trois militants socialistes parmi les six premiers candidats, pour faire place à des militants de partis partenaires comme le PRG et à des citoyens non encartés – à l’image d’Audrey Pulvar elle-même. « Je suis pour l’ouverture à la société civile, mais c’était un peu déséquilibré », juge Bertrand Kern, qui pensait qu’un élu socialiste sortant obtiendrait la cinquième place.
Bertrand Kern en veut à tous ceux qui n’ont pas réussi à réaliser l’union de la gauche
Ensuite, c’est la stratégie même de la campagne que conteste le maire de Pantin, réélu dans sa ville dès le premier tour en 2020. Pour lui, la gauche ne peut que perdre en alignant trois listes séparées au premier tour des régionales : celles d’Audrey Pulvar, de l’écologiste Julien Bayou, et de Clémentine Autain (La France insoumise). Il en veut à tous ceux qui, autour d’Audrey Pulvar et dans les autres partis, n’ont pas réussi à réaliser l’union de la gauche. « Nos programmes sont proches, nous sommes prêts à fusionner en 24 heures au soir du premier tour, alors pourquoi ne pas sceller l’union dès à présent ?, demande Bertrand Kern. En partant désunis, nous désespérons nos électeurs, et nous courons le risque, dans le pire des cas, qu’aucune des trois listes ne passe le cap des 10 % permettant de participer au second tour. Si on continue comme cela au niveau national, on aura un duel Macron-Le Pen en 2022, et Le Pen peut l’emporter… »
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