Certaines minutes de silence en disent plus que de longs discours. Celle qu’ont respectée les policiers azuréens mardi, notamment dans et devant la caserne Auvare à Nice, illustre l’émotion de toute une profession après la mort du brigadier Eric Masson.
Ce policier âgé de 36 ans a été abattu en plein cœur historique d’Avignon, alors qu’il intervenait sur un point de deal, le 5 mai. Depuis, un élan de solidarité traverse la famille police, touchant aussi la société civile. Plusieurs cagnottes Leetchi sont destinées à sa compagne et leurs enfants, âgés de 5 et 7 ans. Jeudi après-midi, 1.750 contributeurs avaient déjà apporté plus de 62.000 euros à la principale cagnotte, lancée par les collègues d’Eric Masson. Cagnotte: Eric Masson Police Avignon - Leetchi.com.
"C’est un acte de solidarité pour la famille, afin qu’ils puissent être à l’abri des soucis matériels, justifie le créateur de la cagnotte, qui tient à rester discret. Il faut penser à l’avenir de ces deux enfants, dont les deux parents travaillaient. Pour qu’ils puissent faire des études." Donner pour aider. Donner pour soutenir, aussi. "Je sais que ça les touche", confie ce policier en évoquant la famille d’Eric Masson. Donner pour manifester son empathie, parfois. C’est ce que traduisent de nombreux messages qu’il reçoit.
"De tout cœur avec vous"
"J’ai le cœur qui saigne." "Beaucoup d’émotion et de respect pour la police." "De tout cœur avec vous. Je ne sais pas comment vous faites pour tenir le coup." Ces paroles n’émanent pas toujours de proches des forces de l’ordre. Preuve que "la population aime sa police, contrairement à ce qu’on a tendance à souligner", déduit le créateur de la cagnotte.
Des initiatives similaires ont été lancées. Celle de la Fondation Jean-Moulin a déjà fédéré 900 donateurs.
Au niveau local, la cagnotte lancée par Sandra Bertin reflète une émotion partagée. "C’est une initiative personnelle. J’étais tellement touchée par ce drame...", précise cette mère de famille niçoise, directrice à la police municipale de Nice. "Police municipale, police nationale: une fois qu’on est sur le terrain, les voyous ne font pas la différence..."
"Certains collègues font le parallèle avec des situations qu’ils connaissent sur le terrain", confirme le commandant de police Bernard Mascarelli, chef du centre régional de formation de Nice. Or ce nouveau drame intervient "dans un contexte", à l’heure du "Beauvau de la sécurité".
"Sous l'uniforme, il y a un mari, un père"
Cette police si souvent décriée, si souvent malmenée, n’hésite plus à dire son "ras-le-bol". Elle a dû gérer les attentats, les manifs de "gilets jaunes", les contrôles Covid. La voici à présent endeuillée, coup sur coup, par l’attaque terroriste d’une fonctionnaire de police à Rambouillet, puis le meurtre d’Eric Masson au détour d’un banal contrôle.
"Aujourd’hui, quand un flic se fait descendre, on dit que c’est la République qui est touchée. C’est vrai, mais on minimise le côté humain, regrette Sandra Bertin. Sous ces uniformes, vous avez un papa, une maman, un enfant, un frère, une sœur... C’est une vie que l’on ôte." Voilà pourquoi chacun, à son échelle, invite à aider les proches d’Eric Masson.
Sandra Bertin est en contact avec Orpheopolis, association qui soutient les orphelins de policiers. Elle espère une fusion des différentes cagnottes. In fine, toutes bénéficieront à la même cause. Le collègue d’Eric Masson le rappelle: "Les petites rivières forment de grands fleuves."
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