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Plus de la moitié des élèves LGBTQI en Europe déclarent avoir été victimes d'intimidation à l'école (UNESCO)

Une manifestation LGBTI à Berlin, la capitale de l'Allemagne
Jana Sabeth
Une manifestation LGBTI à Berlin, la capitale de l'Allemagne

Plus de la moitié des élèves LGBTQI en Europe déclarent avoir été victimes d'intimidation à l'école (UNESCO)

Droits de l'homme

Plus de huit jeunes sondés sur dix ont été témoins de propos péjoratifs adressés à une personne perçue comme LGBTQI, selon une étude de l'Organisation internationale des jeunes et étudiants LGBTQI (IGLYO) et le Rapport mondial de suivi sur l'éducation de l'UNESCO, publiée à l’occasion de la Journée internationale contre l'homophobie, la biphobie, la transphobie.

« Malgré les changements dans le discours national de nombreux pays, de nombreux étudiants LGBTQI ne se sentent toujours pas en sécurité et les bienvenus à l'école », a affirmé le Directeur exécutif par intérim d'IGLYO, Jonathan Beger.

Le changement de discours ne se traduit pas dans les faits

« Tout le monde dit qu’on peut être comme on veut, qu’on peut être libre, que l’on peut s’exprimer à l’école. Et lorsque vous essayez d’être différent, cela vous revient dans la figure », a confié un étudiant pansexuel, intersexe non binaire de 19 ans ayant participé à l'enquête de l’IGLYO. 

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Selon M. Beger, il existe une crainte que « l'isolement et le passage permanent vers des interactions en ligne au cours de la dernière année aient également conduit à davantage d’intimidation et de marginalisation ».

Selon un sondage réalisé auprès de plus de 17.000 enfants et jeunes, âgés de 13 à 24 ans, 54% des personnes LGBTQI ont été victimes d'intimidation à l'école au moins une fois en raison de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre, de leur expression de genre ou de leurs caractéristiques sexuelles. 

L'enquête a également montré que 83% des élèves avaient entendu, au moins à quelques reprises, des commentaires déplaisants à l'égard des élèves LGBTQI et que 67% des élèves LGBTQI avaient été l’objet au moins une fois de remarques négatives.

Les enseignants manquent de connaissances pour soutenir les apprenants LGBTQI

L’intervention des enseignants et des autres membres du personnel scolaire lorsqu'ils ont connaissance de telles remarques et d’actes d’intimidation est essentielle à un système d'éducation inclusif, souligne l’UNESCO, qui signale toutefois que de nombreux enseignants manquent de confiance et de connaissances pour soutenir les apprenants LGBTQI. 

La majorité des élèves (58%) n'ont jamais signalé à un membre du personnel scolaire les actes d'intimidation dont ils ont été victimes ou témoins, alors qu’inversement moins de 15% seulement des personnes interrogées l’ont fait systématiquement. 

« L'éducation ne se résume pas aux mathématiques et aux leçons de vocabulaire », a rappelé Manos Antoninis, le Directeur du Rapport mondial de suivi sur l’éducation de l'UNESCO. 

« Les écoles doivent être inclusives si nous voulons que la société le soit également. Si l'on enseigne aux enfants que seul un certain type de personne est accepté, cela va affecter la façon dont ils se comportent envers les autres », a ajouté M. Antoninis.

La discrimination à l'encontre des étudiants LGBTI est un phénomène mondial 

L'analyse connexe du Rapport mondial de suivi sur l'éducation de l'UNESCO confirme que la discrimination à l'encontre des étudiants LGBTI est un phénomène mondial. 

Aux États-Unis, 12, % des élèves lesbiennes, gais et bisexuels ont déclaré ne pas être allés en classe au moins une fois au cours des 30 derniers jours parce qu'ils ne se sentaient pas en sécurité à l'école ou sur le chemin de l'école, contre moins de 4,6% des élèves hétérosexuels. 

En Nouvelle-Zélande, les élèves LGBTQI étaient trois fois plus susceptibles d'être victimes d'intimidation que leurs pairs. Au Japon, 68% des personnes LGBTQI âgées de 10 à 35 ans ont subi des violences à l'école. 

Dans sept pays d'Amérique latine, les élèves LGBTQI pouvaient identifier au moins un enseignant ou un membre du personnel scolaire qui les soutenait mais la plupart des élèves avaient vécu une expérience négative par rapport à l'attitude d’enseignants concernant l'orientation sexuelle et l'expression de genre.

Les programmes d’études et le matériel d'apprentissage ignorent totalement ou déforment et pathologisent les identités LGBTQI. Moins d'un répondant sur cinq déclare qu'on lui a enseigné des représentations positives des personnes LGBTQI à l’école. 

Appel à une éducation inclusive et équitable

Une étude récente a révélé que près de la moitié des 47 États membres du Conseil de l'Europe n'abordaient pas l'orientation sexuelle, l'identité de genre, l'expression de genre ou les variations des caractéristiques sexuelles dans les programmes scolaires, sept rendaient ces enseignements facultatifs contre seulement 19 obligatoires. 

Fournir un environnement d'apprentissage sûr constitue une étape cruciale pour réaliser l'inclusion des apprenants LGBTQI. Cela a été reconnu dans l'engagement pris par 56 pays en 2016 dans le cadre de l'Appel ministériel à l'action sous les auspices de l'UNESCO pour une éducation inclusive et équitable pour tous les apprenants dans un environnement préservé de la discrimination et de la violence.

Conformément à cet Appel à l'action, le rapport contient des recommandations à l'intention des décideurs politiques pour assurer l'inclusion de tous les apprenants. La criminalisation ou la pathologisation de l'orientation sexuelle, de l'identité de genre, de l'expression de genre et des variations des caractéristiques sexuelles, ainsi que le déni de l'égalité des droits des apprenants LGBTQI, doivent cesser pour lutter contre les menaces et l’intimidation à leur encontre.

L'UNESCO et l’IGLYO appellent également les gouvernements et les écoles à généraliser l'enseignement de l'éducation aux droits humains et d'autres matières, y compris l'histoire et les études sociales, pour introduire les personnes LGBTQI, leur histoire et leur expérience dans les programmes d'enseignement.

Des efforts doivent être soutenus par la formation et en accordant un plus grand pouvoir d’action et de décision aux enseignants afin que ces derniers puissent dispenser des programmes inclusifs afin qu’ils transmettent leurs connaissances tout en faisant face aux incidents et aux menaces de manière efficace.