Une curieuse négociation sociale est en train de s’achever à la Mairie de Paris. Réunion plénière mardi 18 mai, à l’Hôtel de ville, manifestation intersyndicale jeudi, appels à débrayer une heure par jour durant toute la semaine : les signes extérieurs sont ceux des tractations classiques entre un employeur décidé à revoir l’organisation du travail et des syndicats qui montrent leurs muscles pour défendre les acquis sociaux. Sauf qu’en l’occurrence les élus de Paris et les syndicats semblent d’accord sur l’essentiel. Leur objectif commun est, en quelque sorte, d’arriver à augmenter le temps de travail… sans augmenter le temps de travail.
Tout est parti de la loi du 6 août 2019 sur la transformation de la fonction publique. Son principe est simple : le temps de travail effectif des fonctionnaires territoriaux doit être identique à celui de la fonction publique d’Etat, l’équivalent de trente-cinq heures par semaine. Une question d’égalité, pointée de longue date par la Cour des comptes. Dans certaines collectivités où les agents travaillent moins de trente-cinq heures, ce principe a du mal à passer. En particulier à Paris où, au fil des négociations avec Jacques Chirac, puis Bertrand Delanoë, le personnel de la ville a obtenu d’importants congés.
« Non, on ne se la coule pas douce »
Pour les quelque 55 000 agents de la ville, le temps de travail de référence se limite aujourd’hui à 1 552 heures annuelles, au lieu des 1 607 heures classiques. « Et, dans de nombreux cas particuliers, ce temps est plus fortement réduit encore », avaient relevé les soutiens d’Emmanuel Macron durant la campagne des municipales. A l’époque, les macronistes militaient pour une remise en ordre de ce dispositif « dérogatoire et extrêmement coûteux », qui se combine avec un absentéisme parfois élevé. En 2017, la chambre régionale de la Cour des comptes avait estimé à 74 millions d’euros par an le coût de ce fort allégement du temps de travail.
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