Passer au contenu

"Dépêche-toi esclave" : un livreur Uber Eats victime du racisme d'une cliente à Laval

Par

Un livreur d'Uber Eats à Laval a été victime de racisme vendredi 14 mai. Alors que Yaya apportait une commande à une cliente, il a reçu un message très violent : "Dépêche-toi esclave", lui a-t-elle envoyé. Le livreur, originaire de Guinée-Conakry, est encore sous le choc, il a porté plainte.

Vendredi 14 mai, vers 20h, Yaya, un livreur d'Uber Eats a reçu un message raciste d'une cliente, qui attendait sa commande. Vendredi 14 mai, vers 20h, Yaya, un livreur d'Uber Eats a reçu un message raciste d'une cliente, qui attendait sa commande.
Vendredi 14 mai, vers 20h, Yaya, un livreur d'Uber Eats a reçu un message raciste d'une cliente, qui attendait sa commande. © Radio France - Maïwenn Bordron

Yaya est encore sous le choc. Il y a près d'une semaine, ce livreur, qui travaille pour la plateforme Uber Eats à Laval, a reçu un message très violent et raciste de la part d'une cliente. Le vendredi 14 mai vers 20 heures, Yaya s'apprête à lui apporter sa commande KFC quand il reçoit sur l'application : "Dépêche-toi esclave". Le livreur de 34 ans est "blessé moralement", il a porté plainte pour "injure non publique en raison de l'origine" au commissariat de Laval.

"Elle sait que je suis de peau noire"

Yaya est originaire de Guinée-Conakry, il est arrivé en France en 2009 et c'est la première fois qu'il est victime de racisme. Le livreur de 34 ans travaille pour la plateforme Uber Eats depuis 7 mois à Laval et il n'avait jamais eu de problèmes. Il sort son smartphone et montre son profil sur Uber Eats où il est noté par ses clients : 98 % de satisfaction pour 2.796 commandes livrées.

Yaya affiche fièrement son profil sur la plateforme Uber Eats : il n'a jamais eu de problèmes avec ses clients.
Yaya affiche fièrement son profil sur la plateforme Uber Eats : il n'a jamais eu de problèmes avec ses clients. © Radio France - Maïwenn Bordron

Selon lui, la cliente a su que sa peau était noire, car sa photo s'affiche sur son profil Uber Eats : les clients y ont accès. "Une fois qu'on a accepté une commande, _le client voit notre photo directement sur l'écran__. Nous, on voit seulement son nom et son numéro de téléphone : on ne voit pas son visage_", précise le livreur d'Uber Eats.

Yaya est en route vers le domicile de la cliente, quand il reçoit ce message choquant. Il décide alors de prendre sur lui et de ne pas livrer la commande. "Je ne pouvais pas lui remettre sa commande parce que ces insultes, c'est insupportable. Une fois arrivé là-bas, on peut se bagarrer", explique Yaya. Le livreur appelle directement la plateforme Uber Eats ce soir-là qui annule la commande de la cliente. "_On est dans un pays de droits, je ne pouvais pas faire justice moi-même__"_, souligne-t-il.

Comme elle a vu ma photo sur son écran, elle sait que je suis de peau noire et m'a traité de la sorte.          
Yaya, livreur Uber Eats

Il est tard ce vendredi soir lorsque Yaya est victime de racisme. Il attend alors le samedi matin pour aller porter plainte au commissariat de Laval. Il dépose une plainte pour "injure non publique en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion". Près d'une semaine après les faits, la colère de Yaya ne passe pas, ni le choc. "Je n'arrive pas à dormir comme il faut, j'imagine tout le temps (les mots de la cliente)", soupire-t-il. Le livreur a décidé de dénoncer le racisme dont il a été victime pour que ça ne se reproduise pas, car demain, ses collègues, également sous le choc, pourraient être victimes de tels propos.

Yaya a porté plainte au commissariat de Laval le lendemain matin après les faits.
Yaya a porté plainte au commissariat de Laval le lendemain matin après les faits. © Radio France - Maïwenn Bordron

Uber Eats précise de son côté que le nécessaire sera fait pour suspendre le compte de la cliente. La plateforme indique également qu'elle accompagne ses livreurs dans leurs démarches pour porter plainte. "Nous coopérons également avec les forces de l’ordre compétentes lorsqu'un partage d’informations est requis", affirme Uber Eats. "Nous réitérons avec force qu’Uber Eats ne saurait tolérer aucune discrimination envers les livreurs, restaurants et les clients, que cela soit en raison de leur origine, de leur religion, de leur handicap, de leur orientation ou identité sexuelle, de leur situation familiale, de leur âge ou tout autre facteur de discrimination", peut-on lire dans un communiqué.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

undefined