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Des arts d’Afrique à Magritte : 6 expositions pour renouer avec les musées à Paris ce weekend

Des arts d’Afrique à Magritte : 6 expositions pour renouer avec les musées à Paris ce weekend
René Magritte, La liberté des cultes, 1946, huile sur toile © Photothèque R. Magritte / Adagp Images

Les musées ayant enfin rouvert, il est temps de regagner les salles de nos musées préférées, ou d'en découvrir de nouvelles. De Magritte à Napoléon en passant par l'art africain, Connaissance des Arts vous propose 6 expositions à visiter absolument.

Vous êtes perdu face à la profusion d’expositions qui ont rouvert, en même temps que les musées ont été déconfinés ? Connaissance des Arts est là pour vous aiguiller ! La rédaction vous a préparé une sélection de 6 expositions incontournables pour occuper le long week-end qui s’annonce. Entre deux verres en terrasse ou même de bon matin, laissez-vous voyager entre la Suisse et l’Afrique, et entre l’Empire napoléonien et l’Antiquité, au gré de ces expositions inédites qui n’attendent plus que vous !

La Suisse tout en couleur

Mal connue en France, la Modernité a fleuri aussi en Suisse à la fin du XIXe siècle. Avec Félix Vallotton bien sûr, qui vécut longtemps et souvent dans notre pays, ou Ferdinand Hodler. Le Grand Palais a consacré une vaste rétrospective au premier en 2014, le second fit l’objet d’une exposition en 2007 au musée d’Orsay. Cependant, qui connaît Cuno Amiet, Ernest Bieler, Max Buri ? Ou Giovanni Giacometti, le père d’Alberto et de Diego, ou encore son cousin Augusto Giacometti, grand coloriste ? C’est pour montrer ce que fut dans sa totalité la scène picturale suisse à ce tournant de siècle – moment charnière pour ce pays qui n’existe en tant qu’État fédéral qu’à partir de 1848 – que le musée d’Orsay propose aujourd’hui un panorama de ces talents divers, postimpressionnistes, expressionnistes ou fauves et même presque abstraits comme Augusto Giacometti. Une sélection de quelque soixante-dix œuvres provenant essentiellement de collections publiques et privées suisses. Ces peintres se caractérisent par une forte puissance expressive et une recherche coloriste incessante et toujours lumineuse. Bien sûr ils affectionnent la nature, les paysages aux lignes d’horizon à la fois subtiles et grandioses…Tous sont allés se perfectionner dans les pays limitrophes, en Allemagne, en Italie ou en France comme Vallotton mais aussi Cuno Amiet qui, après avoir étudié à Munich puis avec Fernand Hodler, s’en alla vivre un an à Pont-Aven. Des artistes curieux de l’Europe.

« Modernités suisses (1890-1914) », musée d’Orsay, Paris, jusqu’au 25 juillet

Félix Vallotton, Coucher de soleil, ciel orange, 1910, huile sur toile, 54 x 73 cm, Suisse, Winterthur, Kunst Museum Winterthur © SIK-ISEA, Zurich

Félix Vallotton, Coucher de soleil, ciel orange, 1910, huile sur toile, 54 x 73 cm, Suisse, Winterthur, Kunst Museum Winterthur © SIK-ISEA, Zurich

Trésor iconographique napoléonien

« Un bon croquis vaut mieux qu’un long discours ». On prête à Napoléon cette maxime percutante. Elle semble faite sur mesure pour les milliers de dessins, plans et cartes qui font des archives de la secrétairerie d’État, cette administration clef du Consulat et de l’Empire, un véritable trésor iconographique », écrit Aude Rœlly, responsable du département de l’Exécutif et du Législatif des Archives nationales, en introduction du catalogue de l’exposition « Dessiner pour Napoléon » (éd. Michel Lafon) dont elle est la commissaire scientifique avec le directeur de la Fondation Napoléon Thierry Lentz. Restaurés et numérisés par les ateliers des Archives nationales grâce à une souscription publique et au soutien de la Fondation Napoléon et de Chaumet, jadis joaillier de l’impératrice Joséphine, ces trois cent soixante-dix documents dessinés au crayon, au lavis, aquarellés ou à l’encre de Chine servaient à la prise de décision de l’empereur et étaient parfois annotés de sa main. Ils témoignent de l’aménagement du territoire (cartes des villes nouvelles Napoléonville/Pontivy et Napoléon/La Roche-sur-Yon), du développement des techniques et de l’industrie (dont les projets d’invention d’un sous-marin par Robert Fulton ou d’une « gondole aérostatique » par Meusnier de La Place), jusqu’aux projets d’uniformes destinés aux garde-drapeaux et porte-étendards dessinés par le « premier peintre » de l’Empire Jacques-Louis David.

« Dessiner pour Napoléon. Trésors de la Secrétairerie impériale », Hôtel de Soubise, musée des Archives nationales, Paris, jusqu’au 19 juillet

Projet de machine aérostatique présenté à l’Académie des sciences par Jean-Baptiste Meusnier de La Place (1754-1793) © Archives nationales

Projet de machine aérostatique présenté à l’Académie des sciences par Jean-Baptiste Meusnier de La Place (1754-1793) © Archives nationales

Les arts d’Afrique réactivés

En 1984, le Museum of Modern Art de New York inaugurait l’exposition « Primitivism » qui cherchait à établir des ressemblances formelles entre les œuvres d’ « art tribal » et celles des avant-gardes, considérant ces arts du seul point de vue occidental en leur déniant une signification propre. L’exposition « Ex Africa » veut en finir avec ce récit, en montrant que les arts anciens africains demeurent actifs dans la création actuelle, à travers cent cinquante installations, peintures, sculptures, photographies, dessins et vidéos d’artistes contemporains de toutes générations et origines. Une première section « Pop » présente des œuvres témoignant de l’omniprésence des références africaines dans l’art et leur transformation en produits de consommation (Bertrand Lavier, Hervé Di Rosa, Franck Scurti). Une seconde section dite des « Métamorphoses » montre comment ces formes africaines figées reprennent vie en accueillant du « vivant » (Romuald Hazoumé, Kader Attia, Nazanin Pouyandeh), avant d’évoquer dans une section « Activations » comment les éléments plastiques issus de l’art africain sont chargés de significations nouvelles par les artistes à la lumière des grands enjeux actuels : du drame des réfugiés à la surexploitation des ressources (Pascale Marthine Tayou, Alun Be, Myriam Mihindou…).

« Ex Africa. Présences africaines dans l’art d’aujourd’hui », musée du Quai Branly-Jacques Chirac, Paris, jusqu’au 11 juillet

Alun Be, Édification (série de 9 photographies), 90 x 130 cm, Collection Alun Be © Photograph by © Alun Be / Courtesy of LouiSimone Guirandou Gallery

Alun Be, Édification (série de 9 photographies), 90 x 130 cm, Collection Alun Be © Photograph by © Alun Be / Courtesy of LouiSimone Guirandou Gallery

L’antique partout à Rambouillet

Remise en lumière par la découverte d’Herculanum, l’Antiquité fit l’objet dans la seconde moitié du XVIIIe siècle d’un irrésistible retour en force. Balayant le naturalisme rococo, celui-ci donna vie à une nouvelle grammaire décorative exigeant des artistes des connaissances combinées à un délicat mariage de motifs d’échelles et d’esprits divers. Conjuguée avec l’exaltation, propre aux Lumières, de la sensibilité, cette révolution néoclassique ouvrit en peinture la porte au « sublime » et, dans le bâti, à l’« architecture parlante ». Le domaine de Rambouillet, abritant, dans le château, la salle de bains pompéienne (1807) réalisée pour Napoléon Ier et, dans le parc, l’admirable laiterie (1786-1787) offerte par Louis XVI à Marie-Antoinette, se devait d’explorer ce fécond moment artistique. Les pièces inédites et en mains privées – tels un dessin de Percier figurant l’atelier d’Isabey et une vue de Rome coloriée de plus de quatre mètres, véritable ancêtre des « panoramas » –, côtoient des productions décoratives prestigieuses entre toutes. L’exposition éclaire en outre les rapports entre Jean-Démosthène Dugourc, François-Joseph Bellanger et Pierre Cietty, maîtres représentatifs de ce moment heureux où le plaisir esthétique se trouvait décuplé par les résonances culturelles qu’il sous-tendait.

« Vivre à l’antique au château de Rambouillet », château de Rambouillet et, dans le parc, laiterie et chaumière des coquillages, jusqu’au 9 août

Domaine de Rambouillet, Laiterie de la reine, salle de fraicheur © Colombe Clier - CMN

Domaine de Rambouillet, Laiterie de la reine, salle de fraicheur © Colombe Clier – CMN

Magritte, côté soleil à L’Orangerie

Magritte eut sa période « Renoir », eh oui, comme Cézanne eut sa période « couillarde ». C’est une parenthèse gaie peu connue, mais importante, dans une œuvre globalement plus austère, d’une ironie pince-sans-rire un brin sardonique. Magritte s’était imposé comme un des principaux peintres surréalistes, peignant des images parfaitement réalistes mais basées sur d’improbables et désarmantes associations, comme si elles obéissaient à une logique inconnue, et cela dans une technique « neutre », impeccablement banale. Et voilà que, durant la Seconde Guerre, il se met à peindre des toiles, certes  fondées sur le même principe d’associations aberrantes, mais dans un style cette fois-ci hyper-pictural, d’un impressionnisme outrageux, et en « Technicolor » : du Renoir à la puissance dix ! C’était du « surréalisme en plein soleil », dit-il, plaidant pour un art optimiste et de plaisir. Dans le contexte historique sinistre et calamiteux des années de guerre, de telles œuvres revêtent une absurdité retentissante et prennent un relief extraordinaire. André Breton, pourtant, n’apprécia pas cette incartade du peintre surréaliste du côté de la joie de vivre, et Magritte finit par renoncer à ses « renoirdises », dont la série se conclut par les œuvres loufoques de la période « Vache ». À savourer…

« Magritte. La période Renoir », musée de l’Orangerie, Paris, jusqu’au 19 juillet

René Magritte, La préméditation, 1943, huile sur toile, 55 x 46 © Photothèque R. Magritte / Adagp Images, Paris, 2018

René Magritte, La préméditation, 1943, huile sur toile, 55 x 46 © Photothèque R. Magritte / Adagp Images, Paris, 2018

Pignon-Ernest, l’homme de la rue

« Au début il y a un lieu, un lieu de vie sur lequel je souhaite travailler. J’essaie d’en comprendre, d’en saisir tout ce qui se voit : l’espace, la lumière, les couleurs, et dans le même mouvement tout ce qui ne se voit pas, ne se voit plus : l’histoire, les souvenirs enfouis, la charge symbolique », explique Ernest Pignon-Ernest (né à Nice en 1942). Dans sa démarche, le dessin n’est jamais une fin en soi. Il ne prend son sens qu’en interaction avec l’endroit pour lequel il a été pensé, et qu’il vient habiter de façon éphémère. Depuis les années 1970, l’artiste intervient dans l’espace public, en collant ses dessins sérigraphiés sur les murs de Paris, d’Alger, d’Anvers, de Rome, de Naples… Habitées de personnages en grandeur réelle, ses œuvres agissent en écho à des événements passés (la Commune de Paris), à des problématiques politiques ou sociales (l’Apartheid, le Sida, les migrants…). Elles rendent aussi hommage à de grandes figures de la littérature comme Arthur Rimbaud, Jean Genet ou Pier Paolo Pasolini, et multiplient les références à l’histoire de l’art, des sculptures du Bernin aux toiles du Caravage. Conçue en collaboration avec la galerie Lelong & Co, qui prête la quasi-totalité des œuvres, cette exposition est d’une richesse exceptionnelle. Deux cents dessins préparatoires, sérigraphies et photographies prises in situ composent une saisissante rétrospective.

« Ernest Pignon-Ernest. Papiers de murs », Atelier Grognard, Rueil-Malmaison, jusqu’au 13 juin

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