Au Week-End des Possibles, Dominique Bourg prône « des quotas de consommation »

Le philosophe Dominique Bourg, à la Fondation GoodPlanet, le samedi 22 mai 2021.

Le philosophe Dominique Bourg, à la Fondation GoodPlanet, le samedi 22 mai 2021. 

Ce spécialiste des questions environnementales était l’un des invités du Week-End des Possibles coorganisé par « l’Obs ». Il a tracé plusieurs pistes à suivre pour changer le système.

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Et si l’on instaurait des « quotas de consommation » à ne pas dépasser ? Ce samedi 22 mai, le philosophe spécialiste des questions environnementales Dominique Bourg est intervenu lors du Week-End des Possibles, un festival organisé par « l’Obs » et la fondation GoodPlanet. Il a avancé ce scénario et nous explique comment il fonctionne.

Vous prônez la désobéissance civile. Est-ce le meilleur moyen pour arriver à faire bouger les choses ?

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La désobéissance civile est un élément essentiel de la démocratie car, souvent, la législation est en retard par rapport aux problèmes. La loi se construit en réagissant à des accidents, alors que cela devrait être le contraire : elle devrait plutôt essayer de les éviter. A l’heure actuelle, pour réagir à l’ensemble des problématiques écologiques, il ne faut pas changer une loi, mais, grosso modo, tout le système. La désobéissance civile permet de titiller la justice, et ce faisant, de faire évoluer les choses. Par exemple, je soutiens les ZAD [zones à défendre].

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Ce sont des accélérateurs de conscience et des laboratoires sociaux. Elles sont importantes, car aujourd’hui, nos élites continuent de penser des projets du siècle dernier, elles n’arrivent pas à sortir de ce schéma. Et c’est donc à la population de faire bouger les choses. Les jeunes sont d’ailleurs les plus mobilisés, ils participent à ce début de basculement culturel.

Le citoyen a donc un coup d’avance à jouer ?

Oui, la Convention citoyenne pour le climat, qui est une sorte de photographie de la société française, a par exemple fait de très bonnes propositions, très loin de ce qu’envisageait le gouvernement. Ce sont des choix qui ne sont pas déconnectés de la réalité.

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Mais on a laissé s’installer un biais : les parlementaires sont trop éloignés du terrain, et sur la thématique environnementale et écologique, ils ont des connaissances extrêmement approximatives. Au contraire, on assiste à une véritable prise de conscience de la part de la population. Et ce ressenti se retrouve dans les sondages, puisque, selon l’Observatoire Société et Consommation, 55 % de la population française juge qu’une société plus sobre est nécessaire.

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Que changer ?

Tout n’est pas foutu. En revanche, qu’on le veuille ou non, nous allons devoir vivre sur une planète plus dégradée et hostile, avec des rendements agricoles inférieurs, des événements plus extrêmes et plus nombreux, un dérèglement du climat. C’est certain qu’il va être plus difficile de vivre sur Terre.

Mais nous pouvons encore agir, d’abord en s’adaptant aux changements climatiques. Pour cela, il faut organiser une forme de sobriété, stopper la bétonisation, aménager dès maintenant nos villes. Et pour faire mieux localement, nous avons besoin de règles à l’échelle nationale.

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Mais s’adapter ne suffira pas : le deuxième volet concerne une réduction des émissions pour atténuer le changement climatique. La modernité nous a séparés du reste du vivant, qui n’est devenu qu’un capital à détruire. Dans l’agriculture par exemple, on a détruit microbiote des sols, on a voulu s’émanciper du cycle naturel de l’azote, des procédés naturels de reproduction, du travail humain… Il faut désormais raisonner de manière systémique pour rendre compatibles la protection du climat et celle du vivant.

Je propose en outre de mettre en place des quotas de consommation, car c’est la production d’objets et d’infrastructures qui détruisent l’habitabilité de la terre. Il faut passer d’un imaginaire du maximum à la recherche d’un optimum. Et les quotas permettraient d’indiquer, pour chaque bien, la part de destruction à l’habitabilité de la planète à laquelle il contribue. Par exemple, une tomate importée coûterait beaucoup de points. Au contraire, l’achat de tomates issues de la permaculture pourrait en faire gagner, parce que cette production contribue à restaurer des écosystèmes. Un système de quotas contribuerait à modifier nos modes de vie et tout le système productif serait obligé de s’adapter ; puisqu’un certain nombre de biens ne se vendraient plus.

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Propos recueillis par Margaux Otter

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