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La plateforme CA-SYS du domaine d'Epoisses à Bretenière est une ferme expérimentale de 130 hectares et 50 parcelles. Ici on conçoiot des systèmes agricoles sans pesticides utilisant la diversité sauvage et cultivée comme moyen de production afin d'évaluer par l'expérience leur faisabilité et leurs performances. Un engin agricole ayant fait du binage sur une parcelle rentre à la ferme. Bretenières le 31-03-2021 - Photographie  Arnaud Finistre
ARNAUD FINISTRE POUR « LE MONDE »

A Dijon, la ferme expérimentale qui anticipe un futur sans pesticides

Par  (Dijon, envoyé spécial)
Publié le 23 mai 2021 à 00h37, modifié le 28 mai 2021 à 18h46

Temps de Lecture 6 min.

Sur la plate-forme CA-SYS, Antoine, technicien de recherche, s’aide d’un filet pour réaliser un comptage des auxiliaires et ravageurs de cultures à un instant T. Ferme du domaine d’Epoisses, à Bretenière, le 31 mars 2021.

Armé d’un filet rond fixé au bout d’un bâton, Antoine s’avance au milieu du champ de colza et balance en rythme sa grande épuisette de gauche à droite, au ras des plants encore verts. Contrairement aux apparences, le technicien de recherche de 25 ans ne part pas à la chasse aux papillons, mais tente d’attraper des méligèthes pour les compter. Ces insectes ravageurs mangent les boutons de colza avant qu’ils n’éclosent. Lors de notre visite sur place, fin mars, leurs fleurs jaunes n’avaient pas encore recouvert le paysage bourguignon, mais la menace planait déjà sur la parcelle, non traitée à l’insecticide.

La scène serait inhabituelle dans une exploitation agricole classique, mais fait partie du quotidien du domaine d’Epoisses, situé au sud de Dijon. Cette ferme expérimentale appartenant à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) est la première du genre à n’utiliser aucun pesticide. Sur ses 132 hectares, une vingtaine de scientifiques y analysent en continu une variété de systèmes agroécologiques, avec de multiples combinaisons de rotations de cultures, de cohabitation d’espèces animales et végétales, et mesurent leurs résultats en termes de rendements, de rentabilité économique et de biodiversité.

Défi écologique et enjeu politique

Stéphane Cordeau (en blanc), chercheur de l’Inrae, anime une formation de terrain sur la maîtrise des adventices dans les grandes cultures bio. Bretenière, le 31 mars 2021.
En faisant un comptage des méligèthes (insectes ravageurs) ayant colonisés une plante, les chercheurs peuvent déterminer la pression de ceux-ci sur les cultures. Bretenière, le 31 mars 2021.

Lancée en 2018, cette plate-forme de recherche a pour nom « CA-SYS ». Une référence au cassis, spécialité locale, mais surtout l’acronyme anglais de « système agroécologique coconstruit ». L’expérience, menée sur dix ans, a pour but d’éprouver le remplacement de produits phytosanitaires par une amélioration de la biodiversité animale et végétale en même temps que la préservation de la rentabilité. Un défi écologique et un enjeu politique, alors qu’Emmanuel Macron a renoncé à sa promesse de sortir du glyphosate avant 2021 et que les plans Ecophyto successifs n’ont pas rempli leur objectif de réduction des pesticides.

« L’idée n’est pas de démontrer qu’on doit se passer de phytos, mais d’anticiper ce qu’on pourrait faire si les phytos sont interdits », précise Stéphane Cordeau, l’un des animateurs de la plate-forme. Avec d’autres scientifiques et agriculteurs, l’ingénieur agronome a imaginé dès 2013 cette expérience qui se veut participative. Ce jour de printemps, le chercheur accueille à deux pas du domaine, dans les locaux de la chambre d’agriculture de Côte-d’Or, une demi-douzaine d’agriculteurs de la région venus se former et échanger sur leurs bonnes pratiques. Chardon, datura ou vulpin des champs sont au cœur des discussions. Ces adventices, ou « mauvaises herbes », peuvent pulluler en l’absence de traitement par herbicide et empêcher le développement des cultures en leur faisant de l’ombre ou en captant l’eau et l’azote contenus dans le sol.

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