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Cultes ! 10 œuvres qui ont du chien

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Publié le , mis à jour le
Animal domestique depuis plus de 20 000 ans, le chien est le compagnon de vie de l’homme. De Pompéi à Jeff Koons, les artistes l’ont abondamment représenté et exploré avec lui de nouvelles esthétiques : tantôt chasseur affûté, tantôt adorable chiot, le toutou a de l’allure ! La preuve par dix.
Chien en laisse
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Chien en laisse, 1er siècle

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La plus antique

On pourrait croire l’expression récente : il n’en est rien. Courante au seuil des demeures romaines, l’inscription Cave canem (« Attention au chien ») avait pour but de décourager les intrus… Exactement comme aujourd’hui ! Cette mosaïque figure un chien tenu en laisse, la langue pendue. Conservé au musée archéologique de Naples après sa découverte sur le site de Pompéi, l’objet est exemplaire des représentations qui accompagnaient parfois le Cave canem préventif. Et qui s’est révélé totalement inutile face à la lave en fusion, venue ensevelir Pompéi en l’an 79.

Mosaïque • Coll. Museo Archeologico Nazionale, Naples • © Bridgeman Images

Jacopo Bassano, Deux chiens de chasse attachés à une souche
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Jacopo Bassano, Deux chiens de chasse attachés à une souche, vers 1548-1550

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La plus maniériste

L’origine du nom du Louvre suscite bien des hypothèses ; l’une d’entre elles fait le lien avec le mot latin « Lupara », qui signifierait qu’un jour, le site du musée aurait été une terre de loups… Rien d’étonnant donc à y retrouver, des siècles plus tard dans ses collections, deux chiens de chasse, cousins domestiqués du redoutable prédateur. Peint par l’Italien Jacopo Bassano (1510–1592) dans le deuxième quart du XVIe siècle, ce tableau est imprégné de l’esprit de son commanditaire, un certain Antonio Zantani, dont la maison d’édition avait pour marque un canidé, censé représenter l’honneur. Ici, le peintre fait le portrait de ses deux chiens dans un style maniériste qui apporte mouvement et tension à l’ensemble. Leur pelage est rendu avec dextérité, on tendrait presque les doigts pour le caresser… Tintoret, admiratif, reprendra celui du premier plan dans son Lavement des pieds (c. 1547).

Huile sur toile • 61 x 80 cm • Coll. musée du Louvre, Paris • © Bridgeman Images

Berthe Morisot, Julie Manet et Laërte
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Berthe Morisot, Julie Manet et Laërte, 1893

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La plus complice

Fille des peintres Berthe Morisot (1841–1895) et Eugène Manet, frère d’Édouard, Julie Manet ne pouvait que devenir artiste… Peintre à son tour, épouse d’Ernest Rouart, elle est restée célèbre pour avoir tenu un journal qui raconte avec verve la vie artistique de son époque. Elle pose ici à l’âge de quinze ans pour sa mère, accompagnée de sa levrette Laërte. Celle-ci lui a été offerte par l’écrivain Stéphane Mallarmé, son tuteur, et porte le nom d’un personnage shakespearien de la pièce Hamlet. Dans son journal, Julie raconte avec humour : « Laërte est très mal élevé, il met ses pattes sur toutes les tables et demande à manger à tout le monde, il reçoit beaucoup de compliments, on le trouve très joli, il a l’air très distingué au milieu de la société de l’auberge. »

Huile sur toile • 73 x 80 cm • Coll. musée Marmottan Monet, Paris • © Bridgeman Images

Franz Marc, Chien couché dans la neige
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Franz Marc, Chien couché dans la neige, vers 1911

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La plus rêveuse

Comme il a l’air doux et calme, le chien au poil jaune que peint l’Allemand Franz Marc (1880–1916) autour de 1911. Allongé dans la neige, l’animal endormi est emblématique de l’œuvre du peintre expressionniste : Marc s’est toute sa vie passionné pour les sujets animaliers, à qui il attribuait plus de qualités qu’aux êtres humains. Le minimalisme de la composition, la pureté des couleurs et la vivacité des traits traduisent également le glissement qu’opère petit à petit le peintre vers une pratique de plus en plus abstraite. Un chef-d’œuvre, dont l’harmonie se niche dans la courbe dorsale alanguie du chien aussi jaune qu’un poussin.

Huile sur toile • 63 x 105 cm • Coll. Städel Museum, Francfort • © Photo Fine Art Images / Bridgeman Images

Giacomo Balla, Dynamisme d’un chien en laisse
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Giacomo Balla, Dynamisme d’un chien en laisse, 1912

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La plus futuriste

« Le chien a son sourire dans sa queue. » Avec ce bon mot, Victor Hugo résume bien la joie qu’expriment les toutous à travers les battements vifs de leur queue agitée. En 1912, Giacomo Balla (1871–1958) en fournit l’illustration parfaite. Il participe cette année-là à la première exposition des Futuristes italiens, passionnés par la représentation de la vitesse ; lui aussi s’intéresse au mouvement, qu’il divise avec éloquence dans cette composition culte. Sous une longue jupe noire, les pieds sont multipliés et répondent aux pattes et à la queue du chien, eux-mêmes pris dans un balancement rapide. L’effet cinétique est parfaitement réussi – on croirait entendre le grattement des griffes sur le bitume et le jappement de l’animal noir !

Huile sur toile • 95,6 x 115,6 cm • Coll. Allbright Knox Art gallery, Buffalo • © Adagp, Paris / Photo Bridgeman Images

Lucian Freud, Eli
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Lucian Freud, Eli, 2002

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La plus intimiste

Lucian Freud (1922–2011) aime peindre ses modèles au lit. Cela lui permet d’adopter un point de vue surplombant, d’assouplir les chairs, d’insuffler une forte impression d’intimité, voire de moiteur, à ses intérieurs aux draps froissés. Il aime aussi peindre Eli, son fidèle lévrier, qui revient souvent dans ses toiles et dessins. Cette œuvre de 2002 montre Eli couché, les yeux mi-clos, à côté d’une paire de pieds – sans doute celle du peintre. Le point de vue est domestique, saisi dans toute la langueur d’une sieste à deux.

Huile sur toile • 71,1 x 60,9 cm • Coll. particulière • © The Lucian Freud Archive / Bridgeman Images

Pablo Picasso, Le Chien Dalmate
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Pablo Picasso, Le Chien Dalmate, 1959

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La plus enfantine

En 1959, Pablo Picasso (1881–1973) quitte régulièrement sa villa la Californie, à Cannes, pour séjourner au château de Vauvenargues, plus isolé et entouré d’un grand parc. En mars de cette même année, il peint à plusieurs reprises son dalmatien, nommé Perro (« chien » en Espagnol). Sur fond vert, sur fond violet, devant un grand buffet aux lignes architecturales qui évoque l’extravagante décoration baroque du château de Vauvenargues, le chien joue de contrastes, lui dont le pelage blanc est sobrement ponctué de taches noires. Sa forme est sommaire, enfantine, et défie la sophistication de ce nouvel environnement.

Huile sur toile • 162 x 130 cm • Coll. particulière • © Succession Picasso / Photo Christie's Images / Bridgeman Images

William Wegman, Fay Ray in Custom Boots
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William Wegman, Fay Ray in Custom Boots, 1989

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La plus incongrue

C’est à cause d’un chien nommé Man Ray, qui ne cessait d’entrer impulsivement dans le cadre de ses photographies, que William Wegman (né en 1943) a eu l’idée de tirer le portrait de braques de Weimar. Il en a fait sa spécialité – et s’est ainsi accordé une renommée mondiale. Dans son objectif, les grands chiens à l’allure débonnaire prennent des postures insolites : déguisés en hommes, sagement assis sur un fauteuil ou coiffés d’une perruque, ils disent un peu du ridicule des êtres humains, ornés et précieux. Ici, les santiags richement décorées, enfilées à l’envers, sont tout aussi incongrues que ce derrière poilu offert au regard…

C-print • 61,6 x 50,2 cm • Coll. Museum of Fine Arts, Houston • © Museum of Fine Arts, Houston / Gift of Texas Monthly and the artist / Bridgeman Images

Jeff Koons, Puppy
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Jeff Koons, Puppy, 1992

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La plus fleurie

Présenté en 1992 au château de Waldeck en Allemagne et installé depuis 1997 à l’entrée du musée Guggenheim de Bilbao, le Puppy de Jeff Koons (né en 1955) est haut de 12 mètres et couvert de fleurs irriguées par un système interne. Ce chiot géant et joyeux, pimpant, est une œuvre sans zone d’ombre, et témoigne du goût de l’artiste pour les formes naïves, enfantines et kitsch. Les fleurs, réparties par taches de couleur sur la surface de l’œuvre, sont éclatantes et forment un parfait bouquet, qui évolue au fil des mois et donne à voir le passage des saisons.

Techniques mixtes • © Jeff Koons / akg-images / Bildarchiv Monheim

Tursic & Mille, Bichon pensif
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Tursic & Mille, Bichon pensif, 2020

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La plus mélancolique

Ida Tursic et Wilfried Mille (nés en 1974) travaillent en duo depuis le début des années 2000, et cultivent une fascination pour les images qui peuplent le monde. Sucrés, sexy, bizarres, obscènes, mais surtout plus pop que jamais, leurs motifs sont empruntés à toutes sortes de sources (Internet, médias divers…) et se déclinent sur des supports sculpturaux, qui les métamorphosent pour les transformer en objets. Ce Bichon pensif (2020), monté sur un socle tâché de couleurs, pourrait être un décor de théâtre ou de fête foraine ; profondément mélancolique et étrangement inadapté, ce petit chien à la mine triste est bien seul avec son brushing parfait…

Huile sur bois • 181 x 122 x 58,5 cm • © Tursic & Mille / Courtesy Galerie Almine Rech, Paris / Photo Alessandro Wang

Retrouvez dans l’Encyclo : Pablo Picasso

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