L’ultradroite – « l’extrême droite violente » pour les policiers – a massivement investi Internet et l’ensemble des plates-formes numériques, relève une note du 18 mai de la sous-direction antiterroriste (SDAT), que Le Monde a pu consulter. Ces groupuscules, souvent rivaux et composés d’à peine une dizaine de personnes, forment une nébuleuse difficile à identifier, qui « utilise Internet dans une logique de contre-hégémonie culturelle », notamment par l’intermédiaire de YouTube ou des jeux vidéo, pour recruter des sympathisants.
Leur nombre reste à peu près stable : les services de renseignement estimaient en 2004 que l’ultradroite comptait entre 2 500 et 3 500 personnes, des skinheads, identitaires, aux néonazis et aux hooligans. Le Service central du renseignement territorial (SCRT) évaluait en 2020 leur noyau à 1 000 personnes, et 2 000 sympathisants – dix fois moins qu’en Allemagne. Mais ces groupes « ont adopté une nouvelle stratégie organisationnelle en contournant leur dissolution par la constitution de réseaux locaux », indique la SDAT, particulièrement sur Internet.
Financement « low cost »
Ainsi, la plate-forme Pharos, qui vise à repérer les comportements illicites en ligne, a ouvert, en décembre 2018, une procédure contre le créateur d’une cagnotte Leetchi qui visait à financer un tueur à gages pour éliminer Emmanuel Macron. Ces groupuscules, à l’heure actuelle, « ne semblent pas faire appel à des montages financiers, ni à l’utilisation de cryptomonnaies », relève la note, mais une affaire de la SDAT en 2017 pour association de malfaiteurs terroriste « laissait entrevoir que la tête de réseau souhaitait acquérir des bitcoins pour financer sa structure ». Pour l’heure, les policiers estiment que le financement de ces groupes peut être qualifié de « low cost », mais « de nouveaux leviers pourraient leur permettre des actions de plus grande envergure ».
L’influence de l’ultradroite se fait, en revanche, réellement sentir « sur une galaxie de sites, de blogs, de groupes actifs sur des forums, de comptes ou de chaînes alimentés sur les différents réseaux sociaux ». Les policiers considèrent que ces groupuscules « utilisent de façon extrêmement agile l’ensemble de ces nouveaux territoires » pour y diffuser leurs idées et recruter. Certains « constituent des sites incontournables de la nébuleuse d’ultradroite », comme Egalité et réconciliation d’Alain Soral, Fdesouche (Français de souche), fondé en 2005 par Pierre Sautarel, ou VKontakte, un réseau social russe.
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