Val-de-Marne: à 101 ans, la résistante Colette Brull-Ulmann est décédée

Cette ancienne pédiatre, installée à Nogent-sur-Marne, est morte à l’âge de 101 ans. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle avait sauvé de nombreux enfants juifs de l’hôpital Rothschild, à Paris. Elle avait témoigné en 2018 dans « Les Enfants du dernier salut ».

Nogent, février 2018. Colette Brull-Ulmann, ancienne résistante, s'était installée à Nogent en 1985. LP/Marion Kremp
Nogent, février 2018. Colette Brull-Ulmann, ancienne résistante, s'était installée à Nogent en 1985. LP/Marion Kremp

    Elle n’a jamais cherché à vanter ses actes de bravoure. Pourtant c’est une grande dame de Nogent qui vient de s’éteindre, à l’âge de 101 ans. La résistante Colette Brull-Ulmann, qui avait sauvé de nombreux enfants juifs, à l’hôpital Rothschild à Paris, est décédée à Bry-sur-Marne, le 22 mai dernier.

    Malgré les hommages qu’elles méritaient, Colette Brull-Ulmann avait tardé à témoigner. Elle retenait davantage la liste des quelques enfants qu’elle n’avait pu sauver de la déportation que celle bien plus longue des petits qui eurent la vie sauve grâce aux risques qu’elle a pris au sein du « réseau de l’hôpital Rothschild » .

    En 2018, elle acceptait finalement de participer à un film consacré à ces soignants qui ont permis de sauver de l’horreur des camps des centaines d’enfants juifs. Puis Colette Brull-Ulmann témoignait dans l’émouvant livre « Les Enfants du dernier salut »,* coécrit avec le journaliste et romancier Jean-Christophe Portes.

    A 97 ans, alors réfugiée dans le calme de son appartement nogentais, elle confiait au Parisien « Ce n’est qu’après la libération qu’on a parlé de réseau. Moi c’est Claire Heymann, une assistante sociale, qui, un jour est venue me voir et m’a demandé si je voulais bien passer des enfants ».

    « Une grande dame »

    En 1942, Colette est étudiante en médecine et entre comme interne à l’hôpital Rothschild, le seul où les juifs ont encore le droit d’exercer. Après la rafle du Vel-d’Hiv’en juillet, il deviendra un hôpital moitié libre, moitié concentrationnaire. « C’est à partir de ce moment, lorsque l’on a su l’horreur indescriptible du sort qu’on leur réservait, qu’on a essayé de garder les enfants ». Jamais, Colette n’a cherché à retrouver les enfants qu’elle a sauvés. Plus tard, elle sera enrôlée par son père, héros de 14, revenu de Drancy et déjà rentré en résistance. La jeune femme d’alors 22 ans appartenait en fait au BCRA (bureau central de renseignement et d’action), le service d’espionnage créé par de Gaulle.

    La Résistante, aux yeux lumineux et au ton toujours vif, s’était installée à Nogent en 1985, après avoir menée sa carrière de pédiatre en Seine-Saint-Denis. «C’est une grande dame » , salue Jacques JP Martin, le maire LR de Nogent. « Une personnalité à la fois attachante et particulièrement influente au plan culturel dans la ville, se remémore celui qui l’avait rencontré à de nombreuses reprises. Je l’ai toujours appréciée pour sa lucidité et son envie de ne pas tomber dans les affres du grand âge. Elle faisait partie des personnalités importantes de la vallée de la Marne. »

    * « Les Enfants du dernier salut », de Colette Brull-Ullmann avec Jean-Christophe Portes. City Editions.