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Macron au Rwanda : pas d'excuses, mais la recherche du pardon

Adrien Gaboulaud , Mis à jour le

Dans un discours très attendu prononcé jeudi au Mémorial du génocide, à Kigali, le président français n'a pas présenté les excuses de la France, comme certains l'espéraient. Il a cependant affirmé vouloir «regarder l'Histoire en face».

Emmanuel Macron face à des portraits de victimes du génocide rwandais, jeudi, au Mémorial du génocide, à Kigali.
Emmanuel Macron face à des portraits de victimes du génocide rwandais, jeudi, au Mémorial du génocide, à Kigali. © LUDOVIC MARIN / AFP
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Emmanuel Macron durant sa visite du mémorial.
Emmanuel Macron durant sa visite du mémorial. © LUDOVIC MARIN / AFP
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Emmanuel Macron prononce un discours dans lequel il reconnaît la responsabilité «accablante» de la France dans le génocide rwandais, jeudi au Mémorial du génocide.
Emmanuel Macron prononce un discours dans lequel il reconnaît la responsabilité «accablante» de la France dans le génocide rwandais, jeudi au Mémorial du génocide. © LUDOVIC MARIN / AFP
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Emmanuel Macron et le président rwandais Paul Kagame, jeudi, à l'arrivée du Français au palais présidentiel.
Emmanuel Macron et le président rwandais Paul Kagame, jeudi, à l'arrivée du Français au palais présidentiel. © LUDOVIC MARIN / AFP
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Emmanuel Macron face à des portraits de victimes du génocide rwandais, jeudi, au Mémorial du génocide, à Kigali.
Emmanuel Macron face à des portraits de victimes du génocide rwandais, jeudi, au Mémorial du génocide, à Kigali. © LUDOVIC MARIN / AFP
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Emmanuel Macron durant sa visite du mémorial.
Emmanuel Macron durant sa visite du mémorial. © LUDOVIC MARIN / AFP
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Emmanuel Macron prononce un discours dans lequel il reconnaît la responsabilité «accablante» de la France dans le génocide rwandais, jeudi au Mémorial du génocide.
Emmanuel Macron prononce un discours dans lequel il reconnaît la responsabilité «accablante» de la France dans le génocide rwandais, jeudi au Mémorial du génocide. © LUDOVIC MARIN / AFP
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Emmanuel Macron et le président rwandais Paul Kagame, jeudi, à l'arrivée du Français au palais présidentiel.
Emmanuel Macron et le président rwandais Paul Kagame, jeudi, à l'arrivée du Français au palais présidentiel. © LUDOVIC MARIN / AFP
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Le mot «excuses» n'a pas été prononcé, jeudi, au Mémorial du génocide à Kigali. Dans un discours au ton très solennel d'une petite vingtaine de minutes, Emmanuel Macron a néanmoins affiché sa volonté de prendre la mesure du génocide commis au Rwanda en 1994, en même temps qu'il a qualifié par des mots forts l'attitude de la France face aux meurtres de masse qui ont emporté «plus d’un million d’hommes, de femmes, d’enfants, qui ne sont plus là pour raconter cette interminable éclipse de l’humanité». «Les tueurs qui hantaient les marais, les collines, les églises n’avaient pas le visage de la France. Elle n'a pas été complice. Le sang qui a coulé n’a pas déshonoré ses armes ni les mains de ses soldats. (...) Mais la France a un rôle, une histoire et une responsabilité politique au Rwanda», a déclaré le président français.

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«[La France] a un devoir : celui de regarder l’Histoire en face et de reconnaître la part de souffrance qu’elle a infligée au peuple rwandais en faisant trop longtemps prévaloir le silence sur l’examen de la vérité», a souligné Emmanuel Macron, qui a reçu en mars dernier un rapport pointant les responsabilités de la France dans le génocide . «En ignorant les alertes des plus lucides observateurs, la France endossait alors une responsabilité accablante dans un engrenage qui a abouti au pire, alors même qu’elle cherchait précisément à l’éviter», a ajouté le chef de l'Etat. «La communauté internationale mit près de trois mois, trois interminables mois, avant de réagir. Nous avons tous abandonné des centaines de milliers de victimes à cet infernal huis-clos.» Le président de la République a également regretté l'absence de transparence après le génocide. «Alors que des responsables français avaient eu la lucidité et le courage de qualifier le génocide, la France n’a pas su en tirer les conséquences appropriées», a-t-il déploré.

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"Je viens reconnaître nos responsabilités"

«En me tenant avec humilité et respect à vos côtés ce jour, je viens reconnaître nos responsabilités», a-t-il encore souligné. Emmanuel Macron s'est également engagé à «poursuivre l'œuvre de justice» pour qu'«aucune personne soupçonnée de crime de génocide ne puisse échapper au travail des juges».

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«Seul celui qui a traversé la nuit peut la raconter : ce sont ces paroles qui résonnent en ce lieu», avait déclaré Emmanuel Macron en introduction de son discours. Près de la conclusion, évoquant «l'espoir de sortir de cette nuit et de cheminer à nouveau ensemble», il a ajouté : «Sur ce chemin, seuls ceux qui ont traversé la nuit peuvent peut-être pardonner, nous faire le don, alors de nous pardonner.» Si la France n'a pas présenté d'excuses, elle recherche tout de même le pardon, semble avoir voulu dire le président. «Ce serait une très bonne chose qu'Emmanuel Macron présente des excuses», avait déclaré à l'AFP Freddy Mutanguha, le directeur de l'ONG Aegis Trust, qui gère le mémorial de Kigali. «Mais sa visite et le rapport Duclert sont déjà d'excellents signaux envoyés par la France pour la réconciliation», avait-il indiqué avant l'arrivée du chef de l'Etat français.

En évoquant la «responsabilité accablante» de la France, Emmanuel Macron a prolongé la démarche de Nicolas Sarkozy, qui avait évoqué en 2010 la «grave erreur» et l'«aveuglement» de la France. Il avait alors affiché sa volonté de «tourner une page» dans les relations entre la France et le Rwanda, mais elles sont demeurées complexes. Emmanuel Macron, lui, a formulé jeudi un vœu identique à celui de son prédécesseur. «Bâtissons ensemble de nouveaux lendemains, préparons ici pour nos enfants de prochains souvenirs heureux. C’est le sens de l’hommage que je veux rendre à ceux dont nous garderons la mémoire, qui ont été privés d’avenir et à qui nous devons d’en inventer un», a-t-il déclaré pour conclure son discours.

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