Récit : La folle histoire du fauteuil érotique d’Édouard VII

En 1890, le futur roi d'Angleterre commande un siège des voluptés à l'ébéniste Louis Soubrier. Un accessoire qui reste un emblème du Paris de la Belle Époque...
La folle histoire du fauteuil rotique dÉdouard VII
Capture d'écran

Il reste connu dans les livres d’Histoire pour son titre de roi et d’empereur des Indes. Mais bien avant son accession au trône d’Angleterre en 1901, Édouard VII traînait derrière lui une réputation de séducteur. Sa propension à donner cours à sa libido, et sa fréquentation régulière des maisons closes parisiennes, ont valu au fils de la reine Victoria le surnom de « Dirty Bertie ». Et le meilleur testament de cette époque reste un drôle d’objet, dont la maison d’antiquités M.S. Rau à la Nouvelle-Orléans - laquelle compte Oprah Winfrey ou Nicolas Cage comme clients - vend pour 68 000 dollars une réplique : son fameux fauteuil d’amour.

Caché sous le pseudonyme du baron Renfrew, Édouard VII avait notamment pris ses quartiers au Chabanais, bordel mythique du Paris de la Belle Époque. Situé dans le IIe arrondissement de la capitale, celui-ci était composé de suites aux décors extravagants : orientale, vénitienne, mauresque, etc. En 1890, il commande à l'ébéniste Louis Soubrier - artisan du Faubourg Saint-Honoré spécialisé dans la reproduction de meubles romains et d’Ancien Régime - un accessoire coquin pour agrémenter ses parties fines dans la chambre hindoue : un siège de volupté au tissu japonisant. Dans un style Louis XVI, l’objet incurvé aux faux airs de fauteuil gynécologique dispose de deux étages, d’assises matelassées, ainsi que de multiples étriers ou accoudoirs. De quoi permettre à l’homme de 49 ans, au gabarit imposant et la santé vacillante, de multiplier sans difficulté les positions et les partenaires. Il fait aussi installer dans la pièce en question une baignoire de cuivre rouge en forme de cygne qu’il aime remplir de champagne.

En 1901, Édouard VII abandonne un trône pour un autre. Laissé au Chabanais, le fauteuil d’amour est cedé en 1951 - cinq ans après la fermeture du lupanar - pour 32.000 francs à Alain Vian, frère de Boris Vian, avant d’être revendu en 1992 par l’hôtel Drouot à la famille Soubrier, selon Slate. L'une des trois répliques est exposée au musée de l'érotisme à Prague.