Amie des juifs : épisode • 3/2 du podcast Docteur Adélaïde Hautval, résister jusqu'au bout

Adélaïde Hautval - Archive familiale
Adélaïde Hautval - Archive familiale
Adélaïde Hautval - Archive familiale
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Le docteur Adélaïde Hautval reçoit, parmi les premières, en 1965, le titre de Juste parmi les Nations.

Adélaïde Hautval est née le 1er janvier 1906 dans le village du Hohwald, en Alsace annexée par l’Allemagne impériale. Elle est la dernière des sept enfants du pasteur Philippe Haas. Dès sa naissance, tous ses proches l’appellent « Haïdi », diminutif qui lui restera toute sa vie. Ayant commencé sa scolarité dans une école alors allemande, elle est parfaitement bilingue. Elle étudie la médecine à Strasbourg et se spécialise en psychiatrie infantile. Elle crée un établissement pour « enfants nerveux » avec son frère Emmanuel.

1er épisode : Docteur Adélaïde Hautval, « amie des Juifs ».

Au début de la guerre, elle part dans le sud-ouest de la France puis, lors d’un voyage privé, en mai 1942, elle est arrêtée et emprisonnée sur la ligne de démarcation, à Vierzon, pour franchissement illégal de cette ligne qui sépare la France en deux zones, une dite libre, une occupée. Elle a 36 ans. 

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Carte de déportée résistante d'Adélaïde Hautval
Carte de déportée résistante d'Adélaïde Hautval
- Archive Familiale

Dans sa cellule, elle se solidarise avec une femme juive incarcérée, affligée de l’étoile jaune. Scandalisée par ce marquage, elle s’en fabrique une en papier. En représailles, les Autorités allemandes la déclarent « Amie des Juifs » et l’internent dans les « camps pour Juifs » de Pithiviers puis Beaune-la-Rolande, avant de la déporter à Auschwitz-Birkenau puis à Ravensbrück.

Dans les camps de la mort, elle conserve sa droiture morale et son exigence absolue du respect de la personne humaine. Elle refuse de participer aux expériences pseudo-médicales destinées à « améliorer » la population « aryenne » et anéantir les autres. Avec courage et obstination, elle n’a de cesse de tenter de sauver de nombreuses femmes promises à la chambre à gaz. Sa force de caractère impressionne. Vous avez dit « héroïne » ? Jamais, elle n’en aura le sentiment !

« La psychologie des camps de concentration ! Nul qui n’y a passé ne peut s’en représenter la sombre et inquiétante complexité. Un torrent qui charrie de la boue, des remous irrésistibles, des plantes qui essayent de se retenir mais qui sont entraînées malgré elles et, çà et là, seulement quelques rochers fermes qui représentent la sécurité, le soutien ». Adélaïde Hautval

Après quelques témoignages parus dès son retour des camps, Adélaïde Hautval se tait comme beaucoup de ceux qui ont vécu l’innommable, l’enfer abject.

Elle devient finalement médecin scolaire et s’installe à Groslay, Val d’Oise, où l’un de ses plaisirs favoris reste le piano.

Objets et documents personnels d'Adélaïde Hautval. Souvenirs conservés par la famille
Objets et documents personnels d'Adélaïde Hautval. Souvenirs conservés par la famille
© Radio France - Anna Szmuc

En 1965, suite à un témoignage remarquable et remarqué lors d’un procès à Londres, Adélaïde Hautval reçoit, parmi les premières, le titre de Juste parmi les Nations. Le 12 octobre 1988, à 82 ans, elle met fin à ses jours en constatant  les premiers signes invalidants et irréversibles d’une longue maladie dégénérative. 

Extrait de l'émission "Littérature pour tous" du 12 mai 1991. Anise Postel-Vinay présente le témoignage du docteur Adélaïde Hautval, "Médecine et crimes contre l'humanité".

2 min

Intervenants : 

Hélène, Frédéric et Théodore Hautval, nièce et neveux d’Adélaïde Hautval ; Christophe Keller, ami de la famille Hautval ; Mylaine Weill, déportée à Birkenau ; Maryvonne Braunschweig, professeur et historienne.

Textes d’Adélaïde Hautval lus par Gabrielle Forest

Un documentaire de Dominique Prusak, réalisé par Anna Szmuc. Prises de son, Yvan Turk et Marie Lepeintre. Mixage, Jean-Michel Bernot. Archives INA : Sabine Dahuron et Christelle Rousseau. Documentation et recherche internet, Annelise Signoret. Collaboration : Lily Cornaert.

Bibliographie : 

- Livres de Maryvonne Braunschweig et Georges Hauptmann, Docteur Adélaïde Hautval, dite « Haïdi », 1906 – 1988, 2016 et Robert WAITZ (1900-1978), médecin résistant dans les camps d’Auschwitz III (Buna-Monowitz) et Buchenwald, 2011, Editions du Cercle d'étude de la Déportation et de la Shoah, Maison des Associations, 8 rue du général Renault, 75011, Paris.

- Médecine et crimes contre l'humanité. Le refus d'un médecin, déporté à Auschwitz, de participer aux expériences médicales, Dr Adélaïde Hautval, Editions du Félin, 2006.

- Rester Humain ! Leçons d'Auschwitz et de Ravensbrück, Adélaïde Hautval, Editions Ampelos, août 2018. 

- Le procès des médecins de Nuremberg, Bruno Halioua, Editions Eres, 2017. 

-Vidéos d'une conférence organisée par l'Association des Amis de Jorge Semprun le 7 juin 2017 à Tousson, en Seine et Marne, avec Maryvonne Braunschweig autour de son ouvrage consacré à Adélaïde Hautval:

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Biographie proposée par le Cercle d’étude de la déportation et de la Shoah.

Portrait d’Adélaïde Hautval signé Lucien Lazare, auteur de nombreux ouvrages sur les Justes,  publié sur le site du judaïsme d’Alsace et de Lorraine.

Adélaïde Hautval, une Juste parmi les nations, biographie proposée par le site des anonymes, justes et persécutés durant la période nazie, ajpn.org.

Remise de la médaille de Juste des Nations à Adélaïde Hautval le 17avril 1966 : documents consultables sur le site du judaïsme d’Alsace et de Lorraine.

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