Flippant

En Libye, un drone aurait «abattu une cible humaine» sans en recevoir l’ordre

Un rapport de l’ONU indique qu’un drone aurait automatiquement et à distance «abattu une cible humaine» lors d’un affrontement l’année dernière entre les troupes gouvernementales et l’Armée nationale libyenne.
par LIBERATION
publié le 31 mai 2021 à 11h26

Fantasme ou cauchemar dystopique bien connu des fans de science-fiction ? Selon un rapport du groupe d’experts de l’ONU sur la Libye datant du 8 mars 2021, repéré par la revue scientifique britannique, the New Scientist, un drone armé aurait «abattu une cible humaine» sans en recevoir l’ordre l’an dernier en Libye, pays en proie à des affrontements réguliers entre les forces gouvernementales et des factions rebelles.

Lors d’une attaque en mars 2020 sur les troupes du maréchal Khalifa Haftar, un chef militaire rebelle à la tête de l’Armée nationale libyenne bouté hors de Tripoli, un drone de type Kargu-2 aurait ainsi attaqué un humain à distance, sans jamais n’avoir reçu d’ordre spécifique, explique le rapport. Alors que les forces du commandant Haftar battaient en retraite, le drone aurait automatiquement engagé plusieurs cibles dont des véhicules transportant du matériel de combat ainsi que des militaires, dont un soldat finalement abattu par le robot.

La toute première attaque autonome sur un humain

Le modèle Kargu-2 est un drone de type quadrirotor, qui possède quatre rotors (hélices) pour voler, de fabrication turque. Il est notamment utilisé pour des opérations antiterroristes. Selon le New York Post, alors que le Kargu-2 peut être dirigé au moment d’engager des cibles, il était utilisé en mars 2020 en mode automatique «très efficace» ne nécessitant pas de contrôle humain. «Le système d’arme mortelle automatique était programmé pour attaquer des cibles sans avoir besoin de connexion entre l’opérateur et les munitions», précise le rapport présenté au Conseil de sécurité de l’ONU.

L’incident a de quoi alarmer les experts, qui redoutent la perte de contrôle et de le manque de régulation pour encadrer l’utilisation de «robots tueurs». Il s’agirait ici de la toute première attaque de drone sur un humain sans instruction, explique Zak Kelleborn, consultant spécialiste des systèmes sans équipage. Celui-ci s’interroge : «A quel point ce système de ciblage est-il efficace ? A quelle fréquence se trompe-t-il de cible ?» De son côté, Jack Watling, chercheur en opérations militaires au Royal United Services Institute (RUSI), affirme dans les colonnes du New Scientist que cet incident démontre «l’urgent et important» besoin de débats autour de la régulation des armes autonomes.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus