A Moscou et Minsk la machine répressive s'emballe, comme un défi à l'Ouest

Alexandre Loukachenko et Vladimir Poutine à Sotchi le 28/05/21 ©AFP - Sergei Ilyin
Alexandre Loukachenko et Vladimir Poutine à Sotchi le 28/05/21 ©AFP - Sergei Ilyin
Alexandre Loukachenko et Vladimir Poutine à Sotchi le 28/05/21 ©AFP - Sergei Ilyin
Publicité

Le concert de critiques et sanctions occidentales après l'arrestation de l'opposant biélorusse Protassevitch semble avoir conforté le président Loukachenko, comme son allié russe, dans sa dérive de répression politique. En Chine, Xi Jinping définit une nouvelle doctrine de propagande internationale.

Retour en Biélorussie, où la vis autoritaire se serre chaque jour un peu plus. 

... Et dans l'étau se trouve la population biélorusse, la jeunesse en particulier qui avait osé l'an dernier contester la réélection du président Alexandre Loukachenko et qui en paye le prix fort : à lire sur le site de la BBC, ce tour de vis du ministère de l'Intérieur qui vient de durcir les conditions exigées pour quitter le pays, ce qui fait que la grande majorité des Biélorusses se retrouve, en théorie temporairement, tout bonnement empêchée de quitter le territoire national. 

Publicité

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Même s'il existe quelques exceptions, pour les hauts fonctionnaires et détenteurs de permis de résidence permanente dans un pays étranger notamment, et que le gouvernement a beau mettre ces mesures sur le compte de la lutte contre le Covid-19... Il reste difficile de ne pas déceler une assignation à résidence pour des millions de Biélorusses, et un message envoyé à tous ceux, et ils sont nombreux d'après la BBC, qui veulent fuir la dictature Loukachenko : il  n'y a plus de salut au-delà des frontières nationales, au cas où cela n'aurait pas été assez clair avec le détournement de l'avion de l'opposant en fuite Roman Protassevitch il y a deux semaines. 

A Minsk donc, la répression se poursuit contre tout ce qui ressemble à une voix contestataire, les réprobations et sanctions occidentales n'y ont rien changé, et les feux de détresse lancés par les opposants emprisonnés deviennent des cris de désespoir : ce mardi, rapporte The New York Times, un homme nommé Stepan Latypov s'est planté un stylo dans la jugulaire, en plein tribunal, pour tenter de mettre fin à ses jours. Il s'agit d'un militant de l'opposition, âgé de 41 ans, arboriste de profession mais incarcéré depuis août dernier car il habitait cet ensemble d'immeubles rebaptisé "la Cour du changement" car devenue l'épicentre de la contestation après la présidentielle.

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Latypov est accusé d'avoir organisé la réalisation d'une fresque murale anti-Loukachenko dans cette cour d'immeubles et d'avoir créé le groupe Telegram où s'organisaient certaines manifestations. D'après le site d'info russe Meduza, avant de s'évanouir dans le box des accusés hier, il a trouvé la force de dénoncer le fait que la police l'ait torturé, plusieurs jours durant avant son procès, qu'on ait tenté de lui soutirer des aveux en menaçant de s'en prendre à sa famille, à ses voisins, et de l'envoyer croupir dans une cellule avec des criminels de sang pour co-détenus. 

Dans le registre de la répression décomplexée, la Russie voisine n'est pas en reste, et il devient difficile de ne pas voir dans les évènements de ces derniers jours un tour de vis, voire même une provocation concertée des deux présidents, le russe Vladimir Poutine et le biélorusse Alexandre Loukachenko qui se sont rencontrés et montrés plus unis que jamais vendredi dernier à Sotchi. Provocation adressée aux sanctions occidentales, Mediazona revient sur l'arrestation lundi soir de l'opposant Andrey Pivovarov, extirpé manu militari de l'avion qui devait l'emmener en Pologne, alors que l'appareil était prêt à décoller sur le tarmac de l'aéroport Pulkovo de Saint-Petersbourg. 

Les similitudes de ce scénario avec celui de l'arrestation du biélorusse Protasevich le mois dernier ne sont pas fortuites, estime la Deutsche Welle allemande, et c'est aussi le sentiment de Tatiana Usmanova, qui travaillait avec Andrey Pivovarov au sein de la fondation Open Russia.  

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

"Après que le monde entier se soit indigné de ce que Loukachenko a fait à Protassevitch, le fait que Poutine agisse quasiment de la même manière envers Andrey, alors que son avion allait décoller, c'est la preuve qu'on a atteint un niveau extrême de folie répressive" affirme la militante à l'agence américaine Reuters.  

Comme pour enfoncer le clou, la presse russe, Novaya Gazeta en tête, rapporte qu'un autre opposant, l'ancien député Dmitry Gudkov, a été arrêté ce mardi, après que son appartement, sa datcha et les domiciles de plusieurs membres de sa famille aient été perquisitionnés ,dans le cadre d'une enquête pour une affaire d'escroquerie locative. 

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Gudkov risque cinq années de prison et crie au procès politique. Ce qui est sûr, conclut la Deutsche Welle, c'est qu'avec au moins deux figures de l'opposition russe interpellées en deux jours, l'atmosphère n'avait pas été aussi irrespirable depuis longtemps à Moscou... et ça ne devrait pas s'arranger d'ici aux élections législatives prévues pour le mois de septembre.

Pendant ce temps la Chine et son président s'interrogent sur la manière de redorer leur image à l'international. 

Xi Jinping sent bien que depuis le début de la séquence coronavirus, quelque chose ne va pas dans ses relations avec le reste du monde : "la Chine est de plus en plus isolée, solitaire", alors elle doit "se faire de nouveaux amis" et pour ce cela, rien de mieux que de mettre en place une nouvelle doctrine de propagande à l'usage des médias étrangers. C'était, raconte The South China Morning Post, tout l'objet d'une réunion du Politburo chinois, ce lundi, où Xi Jinping a appelé clairement à "construire un discours sur la Chine qui soit plus compréhensif, plus panoramique". 

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

"Vous devez trouver la bonne  tonalité, humble et confiante, a-t-il dit au Politburo, pour créer l'image d'une Chine qui soit aimable aux yeux de la presse internationale". Et comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, cette bataille de l'information (ou peut-être de la désinformation) menée contre les Etats-Unis et leurs alliés, doit aussi passer par "le renforcement de médias clairement identifiés comme chinois" qui iront eux-mêmes prêcher la bonne parole à l'étranger ; convaincre par exemple (je cite toujours Xi Jinping) "que le Parti communiste chinois oeuvre bien dans tous les domaines au bonheur de son peuple".  

C'est justement la raison d'être d'un journal anglophone comme The Global Times, qui lui aussi s'enthousiasme pour la nouvelle doctrine de Xi Jinping : on y lit que "la Chine est un pays traditionnellement très humble, qui n'ose pas mettre en avant ses réussites", mais qu'elle doit d'après le Président se forcer un peu, dépasser cette humilité pour gagner la place qui lui revient dans le concert médiatique international. On verra si l'on observe les effets de cette nouvelle stratégie de propagande dans une prochaine revue de presse sur la Chine.

L'équipe