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De l'Ehpad au camping-car, une centenaire a vécu ses dernières années en voyage avec sa petite-fille

Dominique et Fiona ont voyagé à bord d'un camping-car décoré d'un panneau «101 ans, mémé part en vadrouille». (Photo d'illustration)
Dominique et Fiona ont voyagé à bord d'un camping-car décoré d'un panneau «101 ans, mémé part en vadrouille». (Photo d'illustration) Frédéric Massard / stock.adobe.com

Ensemble, elles ont parcouru le sud de la France, l'Espagne et le Portugal pendant trois ans avant que Dominique ne s'éteigne, à l'âge de 103 ans.

Les médecins prédisaient à Dominique, centenaire, une mort «imminente». Un diagnostic qui n'a pas découragé Fiona Lauriol, sa petite-fille, qui décide en 2017 de la sortir de l'Ehpad où elle résidait depuis un an en région parisienne pour l'emmener chez elle à La Faute-sur-Mer, en Vendée, puis dans une série de voyages en Europe durant trois ans.

«Je ne me voyais pas la laisser mourir, seule, loin de tout le monde» raconte Fiona Lauriol au Figaro. En Vendée, un médecin affirmait, devant la centenaire, qu'elle ne vivrait pas plus de quelques jours. Mais Dominique a déjoué les pronostics. «Ça a été très dur au départ, puis on a trouvé notre rythme et au bout de six mois, elle était en meilleure forme et n'avait plus besoin que de deux médicaments pour la tension» relate Fiona Lauriol. Elle profite alors de l'occasion pour proposer à sa grand-mère de partir en voyage en camping-car.

Elles partent à bord de leur véhicule décoré d'un panneau «101 ans, mémé part en vadrouille» pour le sud de la France, accompagnées des parents de Fiona Lauriol qui les suivent dans leur fourgon. Mais une nuit, Dominique se casse le nez, la famille est donc contrainte de rentrer à La Faute-sur-Mer. «Dès le lendemain, elle me dit qu'elle s'est reposée et demande où on repart», raconte Fiona Lauriol qui ne s'attendait pas à cet entrain.

Ensemble, elles vadrouillent sur les routes de l'Espagne, du Portugal et de Saint-Jacques-de-Compostelle, en parcourant 20 à 30 kilomètres par jour. Une opportunité pour elles de mieux se connaître malgré des désaccords passés. «Je n'étais pas proche d'elle avant ce voyage. Le jour de mes 15 ans, elle a voulu me marier avec le petit-fils de sa meilleure amie italienne, elle avait préparé tous les papiers, mais comme j'ai refusé, elle n'a pas voulu me voir pendant plusieurs années» raconte la Vendéenne. Au cours de leur périple, elle redécouvre une femme pleine de vie, capricieuse et qui n'a pas perdu l'objectif de la marier «avec tous ceux qu'on a croisés» raconte sa petite-fille avec humour. Née en 1917 en Italie dans une famille avec peu de ressources, Dominique est aussi marquée par son passé. «Quand on voit sa grand-mère cacher les gâteaux qu'on a plein les placards sous ses vêtements par peur de manquer, ou effrayée un soir d'orage parce que les bruits lui rappellent la guerre, ça met une claque».

Une aire de repos pour lieu de confinement

En mars 2020, quand le premier confinement est déclaré, elles sont de nouveau en train d'arpenter les routes d'Espagne où elles passent l'hiver au chaud. La famille est contrainte de se confiner sur une aire de repos, dans un village au sud de Valence, avec une dizaine d'autres camping-cars. À ce moment-là, Fiona Lauriol ne parle pas de l'épidémie à sa grand-mère, «elle avait connu la grippe espagnole donc je ne voulais pas l'effrayer».

Alors que Dominique est devenue la «mascotte du camp», les Français décident de rentrer en France le 11 mai, après deux mois passés sur l'aire de repos. Dominique a pris goût à ces voyages et envisage dès son retour un énième périple, cette fois-ci en Roumanie. Mais quelques jours plus tard, alors qu'elles sont sur la route, proches de Luçon (Vendée), son état se dégrade. Elle est alors admise à l'hôpital où elle s'est éteinte à l'âge de 103 ans le 29 juin 2020. Fiona Lauriol l'avait promis à sa grand-mère : elle a profité du troisième confinement pour écrire un livre, non édité pour le moment, et immortaliser ainsi les dernières années de Dominique.

À VOIR AUSSI - Ehpad: «L'idéal est de garder ses aînés à la maison» (Émission du 23/02/2019)

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De l'Ehpad au camping-car, une centenaire a vécu ses dernières années en voyage avec sa petite-fille

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85 commentaires
  • noel vieuxchameau

    le

    Je suis d'autant plus admiratif de cette histoire que moi même ait eu l'Honneur d'accompagner à travers l'Europe ma propre mère âgée de 75 ans et ceci pendant 13 ans....à mes frais. Je travaillais en même temps et alors que sa propre fille l'avait abandonnée depuis des décennies.....Ma mère est morte d'un cancer du sein dans le meilleur hôpital de soins palliatifs, un hôtel pratiquement 4 étoîles.....Je suis très fier de ce que j'ai vécu à son contact, alors qu'adolescent je l'appelais Folcoche et je suis très fier de cette femme qui a accompagnée sa propre grand mère en allant la sortir d'un EHPAD......
    Moi même, je préfère quitter mon pays devenu poubelle pour ne pas mourir dans un EHPAD mais en Liberté....et je voyagerai à travers le monde jusqu'à ma mort....
    A bon entendeur pour certains commentaires honteux

  • Jean Michel S.-5dbab0067ec31

    le

    Admiradble. Je suis sur que le banquier reconvertit présidente ne ferait pas la même chose pour Brizitte

  • Jean Michel S.-5dbab0067ec31

    le

    Merci à sa petite fille, sa grand-mère à vraiment profité de ses dernières années, même sans être tout à fait valide, voir des paysages magnifiques est bien mieux que d'être enfermé dans un Ehpad. Maintenant ceux qui critiquent disant que c'est sûrement mémé qui a payé, sont certainement ceux qui abandonnent leurs parents dans un Ehpad et ne la visite qu'une fois par mois

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