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La famille royale britannique épinglée pour ses pratiques discriminatoires et racistes

Des documents exhumés par le «Guardian» révèlent non seulement que le palais de Buckingham a interdit aux minorités ethniques d’occuper des fonctions officielles, mais aussi que la famille royale est exemptée des lois portant sur la discrimination raciale et sexuelle

La reine Elizabeth II photographiée, le 11 octobre 2019, à Morden, au sud-ouest de Londres.  — © Jack Hill/AFP
La reine Elizabeth II photographiée, le 11 octobre 2019, à Morden, au sud-ouest de Londres.  — © Jack Hill/AFP

Le palais de Buckingham a interdit aux minorités ethniques d’occuper des fonctions officielles. C’est ce que révèle l’enquête du Guardian publiée ce mercredi 2 juin, jour de l’annonce de la date du jubilé de platine de la reine Elisabeth II. Grâce à des documents d’archives, le journal britannique détaille cette pratique discriminatoire et raciste et expose un autre fait majeur: la cour royale britannique est exemptée des lois portant sur la discrimination raciale et sexuelle. Leur publication relance les débats historique et contemporain sur le racisme au sein de cette monarchie.

Domestiques, oui

Au cours de leurs investigations sur le «Queen consent» («consentement de la reine» en français), une procédure parlementaire qui permet à la famille royale d’influencer discrètement le contenus des lois britanniques, les journalistes du Guardian sont tombés sur une série de documents embarrassants.

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L’un de ces documents découverts aux Archives nationales et daté de 1968 indique que le directeur financier de la reine a stipulé aux fonctionnaires que «ce n’était pas la pratique – de la maison – de nommer des immigrants de couleur ou des étrangers» à des postes de bureau ou supérieurs. Le journal britannique précise qu’ils étaient autorisés à travailler comme domestiques.

«La date à laquelle cette pratique a pris fin n’est pas claire», précise le journal britannique. Le palais de Buckingham a refusé de répondre aux questions des journalistes, mais a indiqué que d’après leurs archives des personnes issues de minorités ethniques étaient employées dans les années 1990. Avant, il n’y avait pas de registre sur les origines raciales de ses employés.

L’exception

Un autre document met en lumière la négociation de clauses controversées, qui exemptent la famille royale des lois portant sur la discrimination raciale et sexuelle. Celles-ci sont toujours en vigueur. Elle ont débuté dans les années 1970, lorsque des politiciens ont élaboré une série de lois sur l’égalité raciale et sexuelle. Les archives précisent comment les responsables gouvernementaux se sont entendus avec les conseillers d’Elizabeth II sur la formulation de ces lois.

La reine est donc restée personnellement exemptée de ces lois pendant plus de quatre décennies. Cette situation «a empêché les femmes ou les personnes issues de minorités ethniques travaillant pour sa maison de porter plainte devant les tribunaux si elles estiment avoir été victimes de discrimination», souligne The Guardian. Le palais reconnaît l’existence de cette exemption, mais assure disposer d’une procédure distincte pour entendre les plaintes. «Le palais n’a pas répondu à la question de savoir en quoi consiste cette procédure», complète le journal.

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Le racisme au sein de la monarchie britannique est un sujet brûlant. «Une grande partie de l’histoire de la famille est inextricablement liée à celle de l’empire britannique, qui a soumis les peuples du monde entier», rappelle le média. Plusieurs membres de la famille royale ont été critiqués pour avoir tenu des propos racistes. Et en mars dernier, le premier membre métis de la famille, Meghan Markle a déclaré lors de l’émission Oprah with Meghan and Harry qu’un membre de cette famille s’était inquiété de la couleur de peau qu’aurait son enfant.