“En mer, pas de taxis” : le SOS de la Méditerranée avec Roberto Saviano et Sophie Beau

L’écrivain et journaliste Roberto Saviano, le 1er décembre 2019 pendant une manifestation à Milan, Italie. ©AFP - Mauro Ujetto / NurPhoto
L’écrivain et journaliste Roberto Saviano, le 1er décembre 2019 pendant une manifestation à Milan, Italie. ©AFP - Mauro Ujetto / NurPhoto
L’écrivain et journaliste Roberto Saviano, le 1er décembre 2019 pendant une manifestation à Milan, Italie. ©AFP - Mauro Ujetto / NurPhoto
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En 2017, Luigi Di Maio qualifie de “taxis de mer” les navires des ONG qui sauvent les migrants en Méditerranée. Avec “En mer, pas de taxis” (Gallimard), l'écrivain Roberto Saviano réagit à ce désastre humain et dénonce la propagande sur l’immigration. Il est accompagné de Sophie Beau, co-fondatrice de SOS Méditerranée

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Depuis Gomorra (2006) qui lui a valu une reconnaissance internationale, l’écrivain italien Roberto Saviano vit sous protection policière. Mafia, trafic de cocaïne et aujourd’hui trafic humain en Méditerranée, il poursuit depuis des années l’injustice sous toutes ses latitudes, au niveau politique comme philosophique. 

Le monde d'après
4 min

Aujourd’hui, défendre les migrants qui se noient dans la Méditerranée constitue pour Roberto Saviano un acte de révolte. Il dévoile dans son dernier livre “ En mer, pas de taxis” (Gallimard) des photographies de canots gonflables, de la détresse sur les visages et des corps qui flottent à la surface de l’eau : ce ne sont pas des photos d’actualité ou des clichés militants mais un message que nous devons entendre. 

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Appeler les associations qui sauvent les migrants dans la Méditerranée des taxis de mer est d’une brutalité inouïe… Ce sont des ambulances.

En 1997, Jacques Derrida écrit “De l’hospitalité” qui consacre le devoir d’accueil comme racine de notre humanité. Alors, anesthésiés par les catastrophes qui se succèdent, serions-nous devenus moins humains ? Nous nous sommes, jour après jour, privés de la compréhension des choses, en considérant ces populations pleines d’espoir comme des envahisseurs, et en oubliant que nous sommes nous-mêmes une population vieillissante, à l’image d’un EHPAD confronté à un jardin d’enfants. 

De la propagande véhiculée sur l’immigration naît la peur, qui profite aux mouvements populistes qui fleurissent partout en Europe. Les passeurs, quant à eux, utilisent le migrant comme distributeur automatique et font la traite des êtres humains comme ils font ailleurs du trafic de drogue. Quand les migrants arrivent en Libye, ils ne peuvent plus faire machine arrière. 

L’Europe permet que les migrants soient gardés dans des camps de concentration détenus par des criminels notoires.

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L’association européenne de sauvetage en mer SOS Méditerranée, co-fondée en 2015 par Sophie Beau, est née de la défaillance des Etats. En cinq ans, elle a permis de sauver la vie de plus de 32.000 personnes. Pourtant, aujourd’hui, la criminalisation des ONG humanitaires par certains responsables politiques qui les accusent de favoriser l’immigration en assurant la sécurité des migrants lors de la traversée, met de plus en plus en difficulté les bateaux de sauvetage. 

Selon Sophie Beau, un déplacement du problème s’opère : on ne cible plus les maux, à savoir le drame humain qui se joue en mer, mais ceux qui le portent à la vue de tous : les ONG constituent la cible idéale. Les attaques répétées à leur encontre visent à empêcher les manifestations de solidarité, alors que SOS Méditerranée n’existe que grâce à l’empathie des gens et à leurs dons. 

Nous sommes des témoins gênants dans un monde où on ne veut pas savoir ce qu’il se passe en Méditerranée.”

Traduction : Hélène Joguet.

Musiques : 

  • Liberato, Nove maggio
  • Pino Daniele, Napul'è
  • Youssoupha, Astronaute

Archives : 

  • Archive Ina du 29 décembre 1997 (au micro d’Alain Veinstein) : Jacques Derrida à l’occasion de la sortie de son livre De l’hospitalité
  • Reportage du 21 mai 2021 (journaliste Maryse Burgot France Télévision) : Luna Reyes, jeune femme bénévole de la Croix Rouge

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