À l’occasion de la Journée de l’environnement, ce 5 juin, l’ONU lance la Décennie pour la restauration des écosystèmes. Un objectif qui demande des moyens. Quelques jours auparavant, un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) alertait l’insuffisance des financements destinés aux solutions fondées sur la nature. Les investissements devraient tripler d’ici 2030, et les auteurs appellent le secteur privé à multiplier les efforts, alors que plus de 80 % des financements sont actuellement issus du secteur public.

Depuis le début de la civilisation, le monde a perdu la moitié de ses forêts et de ses récifs coralliens, 70 % de ses zones humides et endigué les deux tiers des principaux fleuves du monde. Pour la journée de l’environnement le 5 juin, l’ONU lance la Décennie pour la restauration des écosystèmes. Mais en matière de financement, le monde est à la traîne. À tel point que le 27 mai, les Nations-Unies tiraient la sonnette d’alarme : les investissements sont aujourd’hui insuffisants pour atteindre les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique, la dégradation des sols, et la protection de la biodiversité. Le financement de solutions fondées sur la nature, comme l’agriculture régénérative, la préservation et la restauration des forêts, des mangroves ou des tourbières, devraient au moins tripler d’ici 2030 et quadrupler d’ici 2050, selon l’étude produite par le PNUE, le Forum économique mondial et l’initiative “Économie de la dégradation des terres“. 
Cette accélération équivaut à investissement annuel de 536 milliards de dollars par an jusqu’à 2050 – soit l’équivalent du montant du plan d’aide des États-Unis aux PME dans le cadre de la pandémie – contre 133 milliards aujourd’hui. Une somme minimum pour permettre de préserver la sécurité alimentaire et l’accès à l’eau potable. “Le rapport est un signal d’alarme pour les gouvernements, les institutions financières et les entreprises“, alerte la directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen. La préservation et la conservation de la nature ne représentent actuellement que 2,5 % des dépenses des plans de relance post Covid-19, selon un précédent rapport du PNUE. 
Un investissement primordial
Alors que selon les auteurs le volume total des financements accordés à la nature est “considérablement inférieur” à celui destiné au climat, les écosystèmes n’en sont pas moins au cœur de l’économie. “Plus de la moitié du PIB mondial total dépend partiellement ou fortement de la nature. L’agriculture, l’alimentation et les boissons, ainsi que la construction, sont les plus grands secteurs dépendant de la nature, or ils génèrent 8000 milliards de dollars de valeur ajoutée brute”, souligne le rapport. 
Et le temps presse. “La perte de biodiversité coûte déjà à l’économie mondiale 10 % de sa production chaque année, a déclaré la directrice exécutive du PNUE. Si nous ne finançons pas suffisamment les solutions fondées sur la nature, nous aurons une incidence sur la capacité des pays à progresser dans d’autres domaines essentiels tels que l’éducation, la santé et l’emploi. Si nous ne sauvons pas la nature maintenant, nous ne serons pas en mesure de parvenir à un développement durable.”
Encourager le suivi
La répartition des financements est encore très inégale. Les fonds publics représentent 86 % d’entre eux, soit 115 milliards de dollars par an. Plus d’un tiers est investi par les gouvernements nationaux dans la protection de la biodiversité et des paysages et deux tiers dans la restauration des forêts et des tourbières, l’agriculture régénérative ou la conservation de l’eau.
Si une augmentation du financement public permettrait de se rapprocher des objectifs, le rapport souligne la nécessité d’intensifier les investissements du côté du secteur privé, qui ne représente que 14 % du total. Les fonds privés se tournent notamment vers les marchés de la compensation carbone, les chaînes d’approvisionnement agricoles et forestières durables ou le financement d’ONG ou fondations liés la conservation.
Mais ces données sont encore difficiles à chiffrer : elles sont insuffisantes et de mauvaises qualités. Les auteurs appellent à une amélioration de la labellisation et du suivi des flux d’investissement.
Pauline Fricot, @PaulineFricot

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