Toto Bissainthe, la voix haïtienne d'une exilée révoltée : épisode • 6/6 du podcast Les voix féminines engagées de la musique traditionnelle

Toto Bissainthe sur la pochette de son album sorti au 1996 - RNB RECORDS
Toto Bissainthe sur la pochette de son album sorti au 1996 - RNB RECORDS
Toto Bissainthe sur la pochette de son album sorti au 1996 - RNB RECORDS
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La chanteuse haïtienne Toto Bissainthe a passé une grande partie exilée de son île natale, tout en gardant un lien très fort avec son peuple, ses souffrances et ses traditions, notamment le culte vaudou. A travers son parcours de comédienne et ses chansons, elle porte le message d'un pays opprimé.

Sur les photos elle apparaît avec un visage très doux, un regard profond, sérieux et déterminé. Et quand on l’entend, sa voix est exactement à son image. Il y a une forme de douceur, de beauté, mais aussi de force, de puissance, de conviction. Elle est une des grandes voix d’Haïti et elle s’appelle Toto Bissainthe. 

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Cette chanteuse a passé sa vie à écrire, jouer et chanter les souffrances de son île natale, sans être sur place. Sa famille est contrainte à l’exil. Toto Bissainthe quitte Haïti très jeune puis atterrit à Paris en 1953 pour se lancer une carrière de comédienne. 

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De la comédienne à la chanteuse

Quelques années après, elle cofonde la première compagnie théâtrale africaine de Paris. Cette troupe se fait appeler les Griots, en référence aux bardes dans certaines régions d’Afrique qui mêlent poésie, déclamation, musique et récits historiques. Mais Toto Bissainthe ressent assez vite l’envie d’écrire ses propres textes, de porter son message pour le peuple haïtien et pour sa culture. Cette envie va passer par la chanson, même si elle garde encore son amour pour le texte, la voix parlée que l'on retrouve sur certains titres. 

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Son premier album sort en 1977. Toutes les musiques qu’elle interprète sont inspirées des chants d’esclave, eux même tirés du culte vaudou haïtien. Dans le livret, les revendications sont explicites : “Nous ne chantons pas le ‘phénomène vaudou’. Nous ne nous complaisons pas dans la beauté des chants, nous travaillons dans un autre sens, vers une authenticité”. 

Le culte vaudou au cœur de sa musique

Pour Toto Bissainthe, chanter des musiques inspirées du culte vaudou, c’est faire entendre la voix des enfermés, de tous les esclaves exilés, des esclaves d’ethnies différentes qui vont se retrouver autour d’une culture commune qui voulait transformer le monde. Voilà ce qu’elle chante dans ce disque. 

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“Pourquoi ne pouvons-nous connaître la liberté ?” Voici le cri déchirant sublimé par la voix, l’accompagnement, la mélodie dans cette chanson, sûrement l’une des plus connues de Toto Bissainthe.

La chanteuse retourne en Haïti après 30 ans d’exil, à la fin de la dictature. Entre temps, elle crée les “Chants populaires d’Haïti”, un ensemble qui vise à porter la musique traditionnelle de son île natale en la réinventant. Elle fait appel à d’autres voix sur certains titres, beaucoup de voix féminines comme celles de Mariann Mathéus ou Marie-Claude Benoit. 

Voix contestataire 

Toto Bissainthe est aussi à l’origine d’un spectacle contestataire appelé Supermarket où elle rejoue des scènes imaginées dans un régime dictatorial. Elle arrive à faire jouer son spectacle à Haïti un peu avant d’y retourner définitivement. Mais son retour lui fait un choc. La fin de la dictature ne rime pas forcément avec la fin des problèmes. Elle assiste, impuissante, aux difficultés politiques, sociales, économiques que traverse alors l’île et qu’elle a si longtemps chanté dans sa musique. 

On peut imaginer à quel point les paroles de son titre ‘Deuil’ résonne toujours en elle, 20 ans après les avoir interprétées : “Je crie le deuil d’Haïti”. Toto Bissainthe s'est éteinte le 4 juin 1994. 

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27 min

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