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Riposte

Plainte après un «appel au meurtre» : la diversion de Mélenchon

Dans la tourmente après ses propos faisant le lien entre présidentielle et terrorisme, le leader de LFI dénonce la vidéo nauséabonde d’un youtubeur d’extrême-droite intitulée «comment tirer sur un gauchiste».
par LIBERATION et AFP
publié le 7 juin 2021 à 19h03

Mis en cause pour ses propos tenus dimanche, jugés «complotistes», Mélenchon allume un contre-feu. Le leader de La France insoumise et candidat à la présidentielle a pris la parole lundi après-midi, l’air grave et bouleversé, pour dénoncer la publication dimanche, par un youtubeur à succès, d’une vidéo nauséabonde d’un youtubeur d’extrême-droite mettant en scène une attaque armée fictive contre un électeur de LFI. Drapeau tricolore en arrière-plan, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé des images illustrant «un appel au meurtre» et a annoncé porter plainte.

Affaire dans l’affaire

Mais voilà : depuis dimanche, le député de la quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône est au cœur d’une polémique après avoir déclaré, lors de l’émission Questions politiques de France Inter, France Info et le Monde, qu’il y aurait «un grave incident ou un meurtre», lors de «la dernière semaine de la campagne présidentielle». Cette sortie dominicale du candidat de La France insoumise à la présidentielle s’inscrit dans une stratégie de la conflictualité destinée à faire de lui le seul candidat «antisystème». Ils ont déclenché une vague d’indignation chez les politiques de tous bords, les familles des victimes de terrorisme et dans une partie de l’opinion publique. Rien de mieux dans ces cas-là pour faire diversion que de créer une affaire de l’affaire, suivant l’adage de Charles Pasqua. La diffusion, quelques heures après d’une vidéo extrêmement violente mise en ligne par le youtubeur Papacito est tombée à point nommé.

Suivi par près de 100 000 personnes, Papacito déclare : «Il y a 6 % de gens qui votent pour le parti de Jean-Luc Mélenchon dans ce pays, peut-être qu’ils seront démunis s’il se passe quelque chose de pas prévu dans les années prochaines.» «Qu’est-ce qu’on peut faire pour ces gens-là ironise-t-il ensuite, affublé d’un treillis militaire. Il explique alors qu’il souhaite «voir si le matériel du mec qui vote Mélenchon lui permet de résister à une attaque terroriste potentielle sur le territoire», avant de tirer, accompagné d’un ami, avec des armes à feu, sur le mannequin représentant l’électeur LFI, ensuite lardé de coups de couteau.

«Nous avons signalé à Youtube ces images et je m’étonne qu’elles continuent à circuler», a souligné Jean-Luc Mélenchon, précisant qu’il avait également signalé cette vidéo à la plateforme policière Pharos qui lutte contre les contenus haineux en ligne. Celle-ci «n’a pour l’instant pas réagi», a-t-il taclé.

«Ambiance morbide et violente»

Des extraits de cette séquence ont été abondamment relayés et dénoncés sur les réseaux sociaux par les insoumis, lundi midi, avant un communiqué puis l’intervention de Jean-Luc Mélenchon. Il a également annoncé diffuser un appel à signatures en ligne pour une plainte collective.

«Une ambiance morbide et violente est entretenue contre les insoumis et contre moi nommément», écrit le président des députés LFI. «J’appelle les organisateurs de campagnes flétrissantes – militants politiques et médias – à mesurer leurs responsabilités dans ce contexte», ajoute Jean-Luc Mélenchon, faisant référence à l’indignation de nombreux responsables politiques après ses propos de dimanche. Lors de sa conférence de presse, le leader des insoumis a également appelé tous ceux étant «soulevés de dégoût et d’effroi», «comme nous», de «le faire savoir», estimant qu’il s’agissait «de la meilleure protection» pour les militants et sympathisants politiques, «indistinctement visés» par cet «appel au meurtre». Dans l’après-midi, Libération a pu constater que l’original de la vidéo de Papacito n’était plus visible sur sa chaîne YouTube.


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