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Philippe Vardon, l'ancien sympathisant néonazi qui conseille Thierry Mariani

Tête pensante de la campagne du RN en Paca, Philippe Vardon a fait ses classes chez les ultranationalistes identitaires. Le candidat Thierry Mariani assume.

Robin D'Angelo , Mis à jour le
Philippe Vardon, ancienne figure de l'extrême droite radicale.
Philippe Vardon, ancienne figure de l'extrême droite radicale. © AFP

Sur le devant de la scène, le visage présentable de Thierry Mariani, tête de liste du Rassemblement national (RN) pour les régionales en Provence-Alpes-Côte d'Azur. En coulisses, son directeur de campagne, Philippe Vardon, ancienne figure de l'extrême droite radicale. Le premier, fort de sa longue carrière au RPR, puis à l'UMP et chez Les Républicains (LR), et de son expérience de ministre des Transports de Nicolas Sarkozy, drague l'électorat de la droite classique. Le second, rompu à l'activisme ultra et chantre du "combat culturel", organise sa stratégie. L'attelage est porté par les derniers sondages, donnant Mariani vainqueur en cas de triangulaire.

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À en croire les intentions de vote actuelles, seul un retrait de la gauche, entraînant un duel au second tour, semble pouvoir permettre au candidat LR, Renaud Muselier, de l'emporter. Ces derniers jours, l'équipe des Républicains a donc redoublé d'attaques contre ce binôme pour "montrer le vrai visage du RN". "La liste RN, ici, c'est l'alliance des crânes rasés et des sous-doués", s'est exclamé Renaud Muselier lors de son ­premier meeting de campagne à Marseille au début de la semaine, avant de désigner Philippe Vardon comme "l'identitaire membre d'un groupe amateur de saluts nazis".

Un passé sulfureux

Ce dernier, en position éligible sur la liste RN, a en effet navigué dans la mouvance néonazie au tournant des années 2000. Un reportage le montre à un concert, âgé de 15 ans (*), en train de chanter les paroles du morceau Nous sommes la Zyklon Army du groupe Evil Skins, au milieu d'une assemblée de néonazis au crâne rasé. "Je me suis engagé en politique très jeune, avec toutes les maladresses que cela signifie quand on fait quelque chose avec du cœur, de la passion et parfois de la bêtise", se justifie Vardon, aujourd'hui quadragénaire.

Cependant son parcours ne se limite pas à ce concert. Il a été militant du groupuscule nationaliste blanc Unité radicale jusqu'à sa dissolution en 2002, au lendemain de la tentative d'assassinat contre Jacques Chirac par l'un de ses membres, Maxime Brunerie. En 2008, Vardon a été condamné pour "reconstitution de ligue dissoute" et incitation à la haine raciale, après avoir fait renaître le mouvement sous le nom de Jeunesses identitaires. Celui-ci perdurera malgré tout, via un réseau d'associations régionalistes, jusqu'à la naissance de Génération identitaire en 2012, Philippe Vardon se gardant cette fois d'apparaître dans les statuts officiels, mais jouant le rôle de tête pensante.

L'objectif de ce groupuscule – ­dissous en mars 2021 par décret ministériel – est la promotion de "la remigration", un néologisme créé pour définir ce qui s'apparente à du nettoyage ethnique. "Il faut envisager (…) qu’une grande partie des immigrés ou descendants d’immigrés retrouvent leur patrie, c’est-à-dire la terre de leurs pères, déclarait ainsi Vardon en août 2014, quelques mois après avoir pris sa carte du Rassemblement bleu marine (**). Il ne s'agit pas uniquement de stopper l'immigration, mais bien de mettre en place politiquement les conditions d'un grand retour qui est la seule possibilité d'enrayer le Grand Remplacement." Pour diffuser leurs idées, les identitaires prônent l'entrisme au sein des partis politiques, notamment au RN, où ils semblent accueillis avec bienveillance. "Ce sont nos trotskistes à nous", ose un dirigeant du parti de Marine Le Pen.

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Il conseillait Marion Maréchal-Le Pen

En 2015, Philippe Vardon conseillait déjà Marion Maréchal-Le Pen, candidate aux régionales en Paca. Deux ans plus tard, il est soupçonné d'avoir donné un coup de pouce aux législatives à Éric Ciotti en se retirant de la circonscription du député LR – un arrangement que tous les deux contestent. Puis il a intégré l'équipe de Marine Le Pen pour la présidentielle de 2017 avant de diriger la campagne du RN aux européennes. En 2020, il s'est présenté à la mairie de Nice, obtenant le meilleur score jamais réalisé par le RN dans la ville, avec 21,39 % des voix.

"Nous observons une banalisation de la radicalité", s'inquiète-t-on dans l'entourage de Renaud Muselier. Interrogé sur France Bleu au sujet des engagements de jeunesse de Vardon, Thierry Mariani a déclaré qu'il trouvait cela "plus sympathique que des gens qui s'abrutissent sur leurs tablettes sans intérêt", en rappelant aussi que Vardon partage la fonction de directeur de campagne avec le Varois Frédéric Boccaletti. Or ce dernier a été condamné en 2000 à un an de prison, dont six mois ferme, pour "violences en réunion avec arme" après une altercation avec cinq jeunes hommes, traités de "sales nègres". En 2008, il se faisait encore remarquer en organisant une réunion publique avec le ­négationniste Éric Delcroix.

(*) Dans une précédente version de cet article, il était écrit 17 ans et non 15.
(**) Dans une précédente version, nous avions écrit FN et non Rassemblement bleu marine.

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