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160 millions d’enfants dans le monde travaillent et la tendance est à la hausse, avertit l'ONU

Des enfants travaillent dans une mine au Sud-Kivu, en République démocratique du Congo.
© UNICEF Patrick Brown
Des enfants travaillent dans une mine au Sud-Kivu, en République démocratique du Congo.

160 millions d’enfants dans le monde travaillent et la tendance est à la hausse, avertit l'ONU

Droits de l'homme

Le nombre d’enfants victimes du travail des enfants s’élève à 160 millions dans le monde et neuf millions d’autres sont en danger en raison des effets de la Covid-19, selon un nouveau rapport conjoint de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).

Le rapport Travail des enfants : estimations mondiales 2020, tendances et le chemin à suivre - publié à la veille de la Journée mondiale contre le travail des enfants le 12 juin – prévient que les progrès enregistrés pour mettre fin au travail des enfants sont au point mort pour la première fois en 20 ans.

L’étude enregistre une augmentation de 8,4 millions d’enfants au cours des quatre dernières années, inversant la précédente tendance à la baisse qui avait vu le travail des enfants reculer de 94 millions entre 2000 et 2016.  

Des enfants plus jeunes et des travaux plus dangereux

Le rapport note une hausse significative du nombre d’enfants âgés de 5 à 11 ans astreints au travail des enfants, qui représentent désormais un peu plus de la moitié du chiffre mondial total. 

Le nombre d’enfants âgés de 5 à 17 ans qui effectuent des travaux dangereux – définis comme un travail susceptible de nuire à leur santé, leur sécurité ou leur développement moral – a augmenté de 6,5 millions depuis 2016 pour atteindre 79 millions.

« Les nouvelles estimations sont un signal d’alarme. Nous ne pouvons pas rester sans rien faire quand une nouvelle génération d’enfants est mise en péril », a déclaré le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder.

Selon M. Ryder, le moment est venu de renouveler notre engagement et notre énergie pour passer ce cap et briser le cycle de la pauvreté et du travail des enfants.

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« Une protection sociale inclusive permet aux familles de maintenir leurs enfants à l’école même en cas de difficultés économiques », a fait valoir le Directeur général de l’OIT, appelant à accroître les investissements dans le développement rural et le travail décent dans l’agriculture en ce moment charnière. 

La Covid met les progrès en péril

En Afrique subsaharienne, la croissance démographique, les crises récurrentes, l’extrême pauvreté et des mesures de protection sociale inadaptées ont abouti à ce que 16,6 millions d’enfants supplémentaires soient astreints au travail des enfants au cours des quatre dernières années.

Même dans les régions qui ont connu des avancées depuis 2016, comme l’Asie et Pacifique et l’Amérique latine et Caraïbes, la Covid-19 met ces progrès en péril.

Le rapport prévient qu’à l’échelle mondiale neuf millions d’enfants supplémentaires risquent d’être poussés vers le travail d’ici à la fin de 2022 en raison de la pandémie. Un modèle de simulation montre que ce chiffre pourrait atteindre 46 millions s’ils n’ont pas accès à une couverture de protection sociale indispensable.

« Nous perdons du terrain dans la lutte contre le travail des enfants et l’année qui vient de s’écouler n’a pas rendu ce combat plus facile », a déclaré la Directrice générale de l’UNICEF, Henrietta Fore. 

Les chocs économiques supplémentaires et les fermetures d’école liés à la Covid-19 signifient que les enfants déjà astreints au travail des enfants risquent de travailler davantage ou dans des conditions dégradées, tandis que beaucoup d’autres pourraient être contraints aux pires formes de travail des enfants en raison des pertes d’emplois et de revenus au sein des familles vulnérables.

« Maintenant que nous sommes bien engagés dans une seconde année de confinement global, de fermetures d’école, de perturbations économiques et de réduction des budgets nationaux, les familles sont réduites à des choix déchirants » a affirmé la Directrice générale de l’UNICEF. 

Mme Fore a exhorté les gouvernements et les banques internationales de développement « à investir en priorité dans des programmes qui sortent les enfants de la vie active et les remettent à l’école, et dans des programmes de protection sociale qui peuvent aider les familles à éviter de faire ce choix en premier lieu ».

Autres conclusions importantes du rapport :

•    Le secteur de l’agriculture représente 70% des enfants astreints au travail des enfants (112 millions), puis viennent le secteur des services, avec 20% (31,4 millions) et l’industrie avec 10% (16,5 millions).
•    Près de 28% des enfants âgés de 5 à 11 ans et 35% des enfants âgés de 12 à 14 ans astreints au travail des enfants ne sont pas scolarisés.
•    Le travail des enfants est plus répandu chez les garçons que chez les
filles, quelle que soit la tranche d’âge. Si l’on prend en compte les tâches ménagères effectuées pendant 21 heures ou plus par semaine, l’écart entre les sexes se réduit.
•    La prévalence du travail des enfants dans les zones rurales (14%) est près de trois fois supérieure à celle des zones urbaines (5%).
•    Les enfants astreints au travail des enfants risquent de subir des dommages physiques et mentaux. Le travail des enfants compromet leur éducation, restreint leurs droits et limite leurs perspectives d’avenir, et entraîne des cercles vicieux de pauvreté et de travail des enfants d’une génération à l’autre.
Pour inverser la tendance à la hausse du travail des enfants, l’OIT et l’UNICEF préconisent notamment une protection sociale convenable pour tous, y compris des allocations familiales universelles, une hausse des dépenses consacrées à une éducation gratuite et de qualité et le retour de tous les enfants à l’école et la promotion d’un travail décent pour les adultes, pour que les familles n’aient plus besoin de recourir au travail des enfants pour générer un revenu familial.