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Amiral Pierre Vandier : En Indo-Pacifique, « nous affrontons une logique d’étouffement »

Le chef d’état-major de la marine française s’inquiète du déploiement militaire de la Chine dans la région.

Propos recueillis par  et

Publié le 10 juin 2021 à 11h30

Temps de Lecture 8 min.

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Le chef d’état-major de la marine française, Pierre Vandier, à gauche, avec son homoloque britannique, Tony Radakin, à Toulon, le 3 juin 2021.

La marine française a effectué en 2021 des déploiements significatifs dans l’Indo-Pacifique, où s’observe une montée en puissance de la Chine. Son chef d’état-major, l’amiral Pierre Vandier, a répondu aux questions du Monde, mardi 8 juin, pour en dresser le bilan.

L’armée chinoise a récemment multiplié les démonstrations militaires en Indo-Pacifique : elle a massé 200 bateaux devant l’îlot Whitsun revendiqué par les Philippines, cartographié les fonds de l’océan Indien avec des drones, envoyé vingt chasseurs J-20 dans la zone de défense aérienne de Taïwan… Comment analysez-vous ces comportements ?

Nous avons beaucoup d’éléments qui montrent un changement de posture. Nos bateaux sont systématiquement suivis, parfois contraints de manœuvrer face à des navires chinois pour éviter une collision, au mépris des règles de la liberté de navigation que nous défendons. Certaines de nos escales dans des pays de la région où nous avions des habitudes de passage sont annulées au dernier moment, sans explications claires.

Une pression « sanctuarisante » s’étend au-delà de la première chaîne d’îles en mer de Chine [la ligne dite des « neuf traits » considérée par la Chine comme sa frontière immédiate]. Cette chaîne a été poldérisée, des porte-avions fixes sanctuarisent l’espace, et viennent en quelque sorte fissurer la compréhension du droit international qui était partagée par tous. Au-delà, des logiques de contrainte s’exercent sur certains pays, ici pour ne pas forer, là pour ne pas accueillir de navires étrangers… Le développement militaire chinois répond évidemment à une volonté politique, et le livre blanc de la défense chinoise en a exposé les objectifs stratégiques. Le durcissement atteint une nouvelle phase, il était prédictible.

Vous voyez donc plus une logique de bastion que de perturbation des flux maritimes ?

L’approche est essentiellement territoriale au départ, et commerciale. Nous sommes face à une puissance qui a tourné le dos à la mer pendant cinq siècles mais qui, devenue une puissance commerciale mondiale, va devoir se « maritimiser ». Nous devons trouver les moyens de discuter avec une puissance qui occupe son espace et s’essaie au rapport de forces. Nous affrontons une logique d’étouffement. L’approche est multidomaines, elle utilise des leviers financiers, économiques, diplomatiques, militaires, et peut exercer sa pression par la guerre hybride, le cyber ou de nombreux autres moyens.

On vient d’apprendre que la marine chinoise va équiper son porte-avions d’un nouvel avion dédié, le FC-31. Est-ce le signe de cette maritimisation et une menace ?

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